La prison de La Santé vidée… pour mieux enfermer

La prison de la Santé vient d’être vidée de ses 920 prisonniers… une bonne nouvelle ? Pour sûr non, car les détenus, ils ne les ont bien sûr pas libérés, mais transférés dans d’autres maisons d’arrêt, principalement Fresnes (94) et Fleury-Mérogis (91), d’autres dans le tout nouveau centre pénitentiaire d’Orléans-Saran par exemple, bien souvent plus loin de leurs proches.

Mais les gestionnaires du monde carcéral comptent remplir de nouveau cette dernière taule parisienne après une réhabilitation de ses bâtiments : les architectes parlent de « rupture avec l’aspect actuel très oppressant »… comme si des murs plus nets et moins humides pourraient faire que les prisonniers se sentent « moins enfermés » ?! Il est sûr que des murs plus que pourris, des douches cassées, le froid et autres joyeusetés des vieilles prisons ne font que rajouter à l’humiliation mise en place pour mater les personnes enfermées et les faire revenir plus docilement dans ce qu’ils définissent comme le droit chemin. Mais n’allez pas croire que les constructeurs et rénovateurs de prisons ont pour but le confort des prisonniers… sinon pourquoi enfermer ainsi des individus comme on enferme tout aussi sournoisement les animaux d’élevage ? Il est clair que le but du système carcéral n’est pas d’enfermer pour enfermer, pour éloigner plus ou moins momentanément certaines personnes du reste de la société : cet enfermement a pour but de remodeler (ou juste venir à bout de) la personnalité des détenus, de les dompter, les « convaincre » par l’humiliation et la peur de se soumettre aux règles de l’ordre social, comme le montre bien l’attention toujours croissante à la « réinsertion » : car évidemment, ce que veulent juges et politiciens, ce n’est pas libérer des « fauves » aigris et hargneux décidés à venger leur souffrance, mais des moutons résignés et obéissants, à qui on a appris que la vie c’était celle qu’on « gagne » au turbin, métro-boulot-dodo.

C’est donc pour rendre les prisons à la fois plus acceptables aux yeux de tous, principalement des défenseurs des « droits de l’homme » (comme si l’enfermement dans une cage dorée permettait de conserver toute sa dignité !), mais aussi plus efficaces pour façonner des moutons et non des fauves, que l’on rénove les prisons, certainement pas pour le bien des prisonniers.

Le projet de réhabilitation de la Santé compte parmi ses maîtres-mots l’« amélioration des conditions de travail pour le personnel pénitentiaire » : sachant que plus de sécurité pour les matons, ça veut dire, pour eux, plus de tours de clé, plus de surveillance, donc encore plus de restrictions pour les encagés. Car comme pour tous les défenseurs de ce monde de merde, leur sécurité, c’est notre plaie.

En bref, les travaux dureront normalement jusqu’en 2018. D’ici-là, seul le centre de semi-liberté (entre taf et taule, toujours enfermés) comprenant une centaine de places et déjà récemment rénové restera « ouvert ». La gestion du projet en Partenariat Public-Privé et la recherche d’entreprises prêtes à mener les travaux a été à la charge de l’APIJ (Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice). Et les détails des travaux n’ont pas encore été dévoilés, on a seulement pu entendre parler d’une capacité finale de 800 places (dont 100 en semi-liberté) avec davantage de cellules individuelles, et plus globalement d’une « modernisation des conditions de détention » et du « développement de dispositifs de réinsertion active des détenus ». Quant aux entreprises du bâtiment, architectes et banques collabos de ce projet, leurs noms ont été rendus publics par l’APIJ [voir encadré].

Et pour couronner le tout, les rénovateurs devront veiller à préserver « la symbolique particulière et la valeur patrimoniale de cet établissement »… la symbolique d’une prison… d’autant plus d’une vieille prison, que l’on se souvienne à quel point est tenace cette obsession d’enfermer les récalcitrants… pour nous rappeler qu’il est toujours plus que temps d’en finir avec cette torture ?

Entreprises de construction ou de rénovation, tous ceux qui travaillent à la machine à enfermer sont complices du système carcéral, ne les laissons pas en paix !

Tout le monde dehors !

PS : Et pour bien se foutre de la gueule du monde et montrer une façade de transparence aux curieux qui oseront s’y aventurer de leur plein gré, le personnel pénitentiaire fera visiter la prison de la Santé au public pendant les travaux lors des journées du patrimoine, en septembre prochain !

Constructeurs (et mandataires) :
GTM Bâtiment, du groupe Vinci, des constructeurs de taules chevronnés (CP de Draguignan, rénovation des Baumettes à Marseille, CP de la Polynésie, à Tahiti, CRA du Mesnil-Amelot)

(Futurs) gérants :
Gepsa (du groupe GdF-Suez ; cf. Lucioles n° 9)

Architectes :

PIERRE VURPAS & ASSOCIÉS ARCHITECTES
29-31 rue Saint Georges 6
9005 Lyon
Tél. 04 72 40 95 55
agence@vurpas-architectes.com
http://vurpas-architectes.com

Ils ont aussi dessiné le Palais de Justice de Lons-les-Saunier, les EPM (prisons pour mineurs) de Quiévrechain, Meyzieu et Chauconin.

A.I.A. Architectes
23, Rue de Cronstadt, 75015 Paris
Tél : 01 53 68 93 00
(et autres adresses un peu partout en France)
http://www.a-i-a.fr/

Banque de financement :

Barclays Bank, qui finance aussi la construction (toujours en PPP) des prison de Beauvais, Valence (Drôme), Lutterbach (Haut-Rhin) et Riom (Puy-de-Dôme) [cf. Lucioles n° 9]

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Frapper là où ça fait mal

sncf

Au petit matin du mercredi 23 juillet, un incendie s’est déclenché dans une installation de la SNCF (un poste d’aiguillage), à Vitry-sur-Seine (94). Pas si étonnant que ça : si on lit les faits divers sur les torchons locaux on trouve souvent des épisodes de ce genre. Accident technique, manque d’attention de la part du personnel, chaleur (?)… Ou bien malveillance. L’acte de quelqu’un qui voulait peut-être juste s’amuser, ou bien qui voulait peut-être défouler sa juste rage contre un rouage de ce monde – et pas des moindres, dans ce cas précis ! Donc, un acte fait « à chaud », sans beaucoup de préméditation, peut-être sans trop se demander ce qu’était ce bâtiment ? Où bien l’alternative qui pourrait le plus inquiéter la SNCF et les flics : celui ou celle qui tenait le briquet savait très bien de quoi il s’agissait et connaissait les possibles conséquences ?

Enfin, tout ce qu’on sait sur cet incendie et son origine nous est dit par les journaux – donc les flics. Et, bien sûr, ils n’aiment pas du tout que quelqu’un s’intéresse trop à leurs affaires.
Parce qu’un poste d’aiguillage, c’est une cabine où il y a les dispositifs qui règlent la circulation sur un secteur du chemin de fer. La remise en sécurité du poste de Vitry a nécessité l’interruption de l’électricité sur les caténaires d’alimentation aussi. Tous les trains et RER au départ ou à l’arrivée de Gare d’Austerlitz (qui est directement en amont de Vitry) ont donc été supprimés mercredi 23 et pendant une partie du jeudi 24.
À Ville d’Avray (92), fin février 2013, un fait similaire avait été encore plus « efficace » (bien que sur une ligne moins importante). Là aussi, un incendie (accidentel, si on veut croire la SNCF) avait détruit « les installations électriques et informatiques commandant les feux de signalisation, les aiguillages et les systèmes de sécurité » [Le Parisien]. Pendant plusieurs semaines aucun train n’a circulé sur la ligne U et une partie de la L du Transilien.
Mais il n’y pas que les postes d’aiguillage… De gros problèmes de circulation, notamment des TGV, sont survenus dans la région de Chambéry, début mars 2012. À différents endroits (en pleine nature), des câbles longeant les rails avaient été brûlés (ce sabotage avait été effectué en solidarité avec des opposants à une nouvelle ligne TGV emprisonnés en Italie). Qui a bonne mémoire se souviendra aussi de la pagaille qu’il y a eu à Gare du Nord suite à un « petit feu » dans le boîtier d’une installation de signalisation début mai 2008. Pendant quelques heures, environ 300 trains, des RER jusqu’aux TGV à destination de l’Europe du Nord, avaient été bloqués.

Ce qui pourrait être intéressant de retenir de ces petits faits divers, c’est que toute structure matérielle – le réseau du chemin de fer, par exemple – a des points faibles. Le même type d’événement (un accident, un sabotage) peut produire des séquelles plus ou moins importantes, selon l’endroit où il se produit. Tout réseau présente des points précis, des nœuds, qui, mis hors services, pourraient engendrer de grosses conséquences sur l’ensemble, peut-être (pourquoi pas ?) jusqu’à atteindre une espèce d’« effet domino ».
Les réseaux qui font marcher ce monde (ceux qui transportent des personnes, des marchandises, de l’énergie, des informations…) s’étendent un peu partout sous nos pieds, sur nos têtes, à côté de chez nous, dans plein de boîtiers à tous les coins de rue, souvent loin des yeux indiscrets des flics et des caméras.

À toutes celles et ceux qui savent regarder…

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Lucioles n°17 – mai 2014

17

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70 000 coups de poignard !

Bientôt 70 000 personnes retenues en otages par l’État dans ses infâmes geôles. Comme une nouvelle parmi d’autres dans la cascade d’horreur qu’on nous déverse au quotidien, afin de mieux nous écraser sous le poids de la réalité, chiffrée et statistiquée. Et voilà qu’on pourrait s’embarquer indéfiniment avec l’ennemi dans une danse macabre des chiffres, en faire le décompte pour bien montrer combien la « population carcérale » a littéralement explosé lors des cinquante dernières années. S’attarder sur les moindres aspects de cette réalité : quel pourcentage de surpopulation, combien dormant sur des matelas à même le sol, plus ou moins de « suicides » derrière les murs d’une année à l’autre, comparer avec d’autres pays voisins, etc…

Si ce fait nous prend aux tripes, car nous ne sommes décidément pas des autruches enfonçant leur cou sous terre pour ne rien voir autour, nous n’allons pas ici donner place aux divers « arguments » qui ont cours chaque fois que la démocratie fait ses comptes et se demande comment faire mieux la prochaine fois. Comprendre : comment enfermer mieux, comment mieux dresser, comment mieux « remettre sur le Droit chemin », comment mieux « réinsérer », comment mieux empêcher la récidive, comment « améliorer » les conditions de détention, comment mieux mater ceux et celles qui continuent de garder la rébellion vissée au corps. Comment faire en sorte que la prison continue de faire peur à tous ceux qui se croient libres dehors.

Réforme pénale ou pas, il est une vérité qui ne changera pas, qui n’est pas réformable d’ailleurs : les puissants et les riches haïssent les pauvres et les insoumis, ils ne les aiment qu’au boulot, serviles, morts ou derrière des barreaux plutôt que courant dans les rues. Car c’est bien l’unique sens des dernières évolutions en la matière, si jamais elles se concrétisent : tenus à la cheville par une laisse électronique ou enfermés entre quatre murs, suivis de près par le service d’insertion et de probation ou par le brutal maton, pointage au comico ou zonzon, enfermés dehors, enfermés dedans. Leur projet n’est pas de vider les prisons, bien sûr, mais de les garder bien pleines d’une part, et d’autre part étendre toujours plus la chaîne du contrôle « hors les murs », à de plus en plus de personnes définies comme indésirables ou nuisibles à la bonne marche de cette société. La prison ne concerne pas les seuls détenus, aussi vrai que le pouvoir ne veut pas uniquement garder la main sur ces derniers, mais sur l’ensemble des individus jugés à risque.

D’où la militarisation de certains quartiers tumultueux, la prolifération des caméras de surveillance, la multiplication des contrôles dans la rue et les transports, l’architecture et l’urbanisme toujours plus adaptés aux besoins de la police et des riches, la mise en place des Zones de Sécurité Prioritaires (ZSP) se traduisant par la présence de brigades de choc (type BST) assistées par d’autres troupes para-policières (pensons aux Correspondants de Nuit ou aux dispositifs type « Voisins vigilants »).

D’où l’obligation de médication en extérieur en appoint à la camisole psychiatrique pour de plus en plus de monde. D’où le maintien également, en période d’austérité, des budgets de trois ministères qui sont autant de piliers du pouvoir : l’Éducation, la Justice et la Police.

D’où des projets parlant très clairement comme le futur palais de Justice et siège de la police judiciaire parisienne (Porte de Clichy, dans le XVIIème), ou encore la future antenne de la police scientifique, couplée à un nouveau commissariat, à Saint-Denis (93).

Pour l’État, la question ne se pose pas dans les termes « prison ou liberté surveillée », ni dans le dilemme « 30 000 places de prison supplémentaires ou mesures alternatives » mais dans la formule « plus de prisons et plus de liberté surveillée ». En ce sens, le bracelet électronique et l’assignation à domicile avec travail obligatoire sont bien le maximum que leur humanisme de bourgeois démocrates peut contenir, et comme pour le reste de leurs projets pour nous, comme pour tous les faux choix qu’ils nous offrent, nous crachons dessus.

Et quelque chose nous dit qu’en ce domaine nous ne sommes pas seuls…Le fait que leurs taules mêmes modernisées n’en finissent pas, pour de nombreux détenus et révoltés à l’extérieur, d’être tenues pour ce qu’elles sont : des infamies à détruire sans rien attendre. Les multiples mutineries, saccages, évasions (réussies ou avortées) et actes de résistance face aux matons qui ont eu lieu ces derniers mois parlent clairement dans ce sens.

Quelque chose nous dit qu’à l’heure où ce monde dans son intégralité devient de plus en plus intolérable aux yeux et aux cœurs de millions d’entre nous, il n’y a pas de raison que la prison, qui n’est que le gris reflet de la société, reste à l’abri quand la poudrière explose.
Qu’à l’heure où il n’y a plus rien à demander au pouvoir, surtout pas une cage repeinte ou une chaîne plus longue, il ne reste qu’à trancher.

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Brèves – mai 2014

Une belle belle !
Il en avait marre de l’atelier JCDecaux où les détenus de la prison de Villepinte sont obligés de fabriquer des pièces détachées de Velib’ (sur ces vautours-là cf. Lucioles n.16). Il ne voulait pas attendre 2016 pour sortir. Il en avait marre de la prison, tout court. Il a saisi son occasion : il s’est caché dans une camionnette qui sortait de l’atelier de la taule et s’est fait la belle, le matin du 2 avril. Manque de bol, les condés l’ont rattrapé le soir même. Try again, man !

Vélib’ ? Psssshhhiiiiit !
D’après un communiqué, les pneus de 453 Vélib’ ont été crevés dans la nuit du 14 au 15 avril dernier, dans les Xe, XIe et XIIe arrondissements de Paris, ainsi qu’à Montreuil. Une manière de faire payer ces exploiteurs de prisonniers (voir brève ci-dessus…) de JCDecaux, qui font aussi travailler de force les mineurs accusés de dégradation ou de vol de ses vélos.

Anti-élection !
A Mantes-la-Ville, dans les Yvelines, à cause des jeux de pouvoir entre deux listes de gauche, c’est le FN qui a emporté la mairie aux dernières élections. Cela a énervé pas mal de monde et…la nuit suivant les élections deux voitures de la mairie partent en fumée, provoquant aussi des ravages à la façade de la bibliothèque municipale.
Mais le FN est juste l’épouvantail qui cache le fait que tout pouvoir est haïssable. C’est ce qu’ont dû se dire aussi les anonymes qui ont défoncé les vitres des permanences PS des Lilas et de la rue de la Cour-des-Noues (Paris XXe), ainsi que de l’UMP de Montreuil, la nuit du 25 au 26 mars… Et bien sûr, « Voter jamais, se révolter toujours », comme disait l’un des nombreux et beaux tags qui sont apparus sur les murs des bureaux de vote de Bagnolet (93) la nuit précédant le premier tour de la mascarade !

Visit beautiful Grigny…
Comme toute la région parisienne, Grigny doit être « rénovée », c’est-à-dire qu’il faut faire des travaux pour y attirer les classes moyennes et chasser les pauvres, afin que des investisseurs immobiliers puissent en tirer encore plus de pognon. Mais… tiens ! Le feu est venu dire son mot le vendredi 28 mars, en emportant cinq pelleteuses et quelques engins qui devaient servir à « réhabiliter » le quartier de la Grand Borne ! Réhabilitez-vous vous-mêmes !

Composte le contrôleur….
À vouloir racketter les pauvres à longueur de journée, en plus pour le compte des vautours de Véolia (par ailleurs bénéficiaire de l’industrie nucléaire), il arrive parfois que la monnaie de la pièce vous revienne en pleine face. C’est ce qui est arrivé à ce misérable contrôleur qui voulait rançonner les personnes de passage en gare de Lieussaint-Moissy (Seine-et-Marne) le 23 avril. Et les lucides voyageurs l’ont payé comme il se doit : en coups sonnants et trébuchants. Peut-être que le séjour à l’hôpital aidera celui-ci à se décider de changer de métier.

Vincennes brûle toujours
Le 14 avril, suite au tabassage d’une personne enfermée au centre de rétention par les flics, d’autres retenus entassent matelas et draps dans une cellule et allument le tout. Il faudra l’intervention des pompiers et d’une cinquantaine de flics en renfort pour stopper la révolte. Le soir suivant, des personnes solidaires se pointent à l’extérieur du centre en tirant pétards et feux d’artifice et aux cris de « Liberté » ! En février dernier, une mutinerie avait déjà éclaté dans le centre.

Une belle prise !
Le 28 avril, on apprenait que le parking de la direction de la police nationale dans le XIIe arrondissement, censée être un des bâtiments les mieux surveillés du pays, avait été visité. Une dizaine de voitures banalisées de la police se font défoncer leurs vitres, et dedans, les audacieux cambrioleurs trouvent quelques gyrophares et des systèmes de radios cryptées qu’ils embarquent en guise de butin.

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Dialogue inutile avec un idiot du Front de Gauche

Distribution de tracts hebdomadaire du Front de Gauche (le parti aurait pu être n’importe lequel), rue de Belleville, dimanche 23 mars au matin, premier tour des élections municipales et dernière tentative de pédagogie.

– Ben alors camarade, prends donc un tract !
Dit-il, avec un sourire béant recouvert d’une moustache toute stalinienne, les bras grands ouverts en signe d’hospitalité, comme si on avait récolté le muguet ensemble l’été dernier.
– Non, comme d’habitude, et nous ne sommes pas camarades.
– Mais si allez… On veut la même chose au fond, on a les mêmes intérêts.
– Tu veux prendre le pouvoir et moi je veux le détruire, tu veux prendre le contrôle de l’État et je ne rêve que de son démantèlement, tu veux l’ordre, la police et la loi et je veux la liberté et l’anarchie, alors comment veux-tu que nous ayons les mêmes intérêts ?
– C’est pour ça que tu arraches et recouvres nos affiches avec tes copain/ines ?
Demande-t-il en fronçant les sourcils.
– Pas seulement, c’est aussi parce qu’elles sont moches.

Par erreur, le militant (militaire raté) rigole comme si on se chambrait entre faux-ennemis. Incapable qu’il est de réfléchir réellement ses idées nauséabondes et de se projeter dans l’instant où il tentera de pointer son fusil dans ma direction comme ses sombres pairs l’ont fait en Espagne ou en Russie.

– Et comment tu veux qu’on fasse sans État ? Ce serait la loi de la jungle !
– Est-ce pire que la loi des codes pénaux ?
– Allez arrête de rêver va ! Moi je paye mes impôts et je sais pourquoi je le fais.
Se référant au thème de son rouleau de PQ A4.
– Alors, pourquoi donc ?
– Parce que c’est grâce à nos impôts que sont financés les services publics et que le seront les réformes de l’État qu’on veut mener avec le Front de Gauche.
Dit-il en brandissant son tract financé par les millions d’euros de subventions de l’État, versées à tour de rôle par tous les pouvoirs successifs.
– Et vous êtes au pouvoir ?
– Non, pas encore !
– Mais tu payes tes impôts ?
– Ben oui.
– Du coup tu finances les réformes de Hollande ?
– Je…
– Et ça fait combien de temps que tu payes tes impôts ?
– Ça fait 30 ans !
– Du coup, tu as financé les reformes de Mitterrand, Chirac et Sarkozy… Félicitations ! Au final vous êtes vraiment tous des copains ! C’est rassurant de savoir qu’au moins vous êtes moins malins qu’au temps des bouchers de Moscou et des guillotineurs de Paris que vous admirez tant.

– De toute façon on peut pas discuter avec vous !
– C’est exactement ça. Maintenant tu sais pourquoi il ne sera plus nécessaire de me tendre ta propagande tous les dimanches matins et pourquoi nous n’avons jamais été, nous ne sommes pas et nous ne serons jamais camarades.

Chacun dans sa direction, nettement opposée.

Mort au dialogue, vive la révolte !

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Je hais les flics, c’est grave docteur ?

On est nombreux/ses à connaître par expérience la Garde à vue (GAV). Les chtars te choppent et t’enferment dans les sales cellules d’un comico. On y dort au sol, si on a de la chance sur des petits matelas crasseux, entassés comme des sardines, on y mange la merde produite par Bocage Restauration et on attend.

Décidée par un Officier de Police Judiciaire (OPJ), la GAV peut durer jusqu’à 24 heures, renouvelables une fois. On y sort parfois pour être emmené au dépôt du tribunal (en comparution immédiate), parfois en taule (en détention préventive). Très souvent, on sort tout simplement avec une convocation ou sans rien du tout. En effet, les flics utilisent la GAV à leur totale discrétion, comme une arme pratique pour emmerder les pauvres et les insoumis.

La GAV « différée » est censée être une « garantie » (leurs fameuses garanties…) pour les personnes qui, à cause de leur état psychophysique, ne peuvent pas être auditionnées tout de suite. Un exemple courant est celui de quelqu’un qui se fait embarquer ivre. Il passe en cellule de dégrisement, puis, quand les flics jugent qu’il n’est plus bourré, ils lui notifient ses droits (l’appel à un proche, le médecin, l’avocat) et, surtout, l’interrogent (à noter que le décompte des 24h commence toujours au moment de l’interpellation). Mais apparemment les OPJ des comicos parisiens essayent d’utiliser la GAV différée pour « troubles du comportement » comme moyen de pression sur ceux et celles qui ne collaborent pas de plein gré.

Le mieux reste de ne rien déclarer aux flics. Par principe pour refuser toute collaboration avec eux et d’un côté technique pour la raison pratique de ne pas leur faciliter le travail. On voit parfois des gens se mettre à plat ventre devant les keufs, en espérant faussement s’en sortir mieux. En réalité, tout ce que l’on dit peut leur servir pour nous enfoncer dans la merde ou quelqu’un d’autre. Leurs questions sont autant de pièges qui déboucheront sur des chantages. Pareil pour l’attitude du « flic gentil » : notre reconnaissance de cette gentillesse supposée, du fait qu’ils ne font que leur « travail », justifie ce travail, justifie l’oppression. Le silence est une bonne défense et un comportement digne. On ne parle pas avec l’ennemi. On est dans leurs cellules, ils ont la force, mais ils n’auront jamais notre collaboration, aussi petite qu’elle puisse être. Et même si les flics nous menacent, ils ne peuvent pas nous inculper à cause de notre silence : leur loi dit qu’on a le droit de se taire.

Mais il peut arriver que l’OPJ devant lequel on garde le silence utilise le prétexte que ça serait un comportement « anormal » et nous envoie faire un examen psychiatrique. On est donc emmené à l’Hôtel Dieu, à l’étage réservé à la police. Encore des cellules (propres, celles-ci, mais des cellules quand même) et des médecins qui travaillent coude à coude avec les keufs. Ils te font l’examen des urines, ils te soignent les coups reçus pendant l’interpellation ou au poste, parfois certifient à l’OPJ que t’es un fou furieux (et donc à enfermer !)… Et te donnent des cachetons pour te rendre plus malléable…

Ça arrive, bien sûr, d’être anxieux et éprouvé quand on est arrêté et qu’on a passé des heures dans une cellule. Mais voilà que pour la Justice, fatigue et frayeur, tout à fait humains et compréhensibles (et dont ils sont la cause), ou le refus de parler à ses ennemis en uniforme, deviennent « anormaux », des armes contre nous. Et on peut bien imaginer que le résultat d’un examen psychiatrique confirmant des « troubles » (chose fort possible, vu la situation) puisse être un moyen supplémentaire dans leurs mains. Un moyen utilisable à notre encontre dans un éventuel procès ou pour justifier tout un tas d’emmerdements sur le long terme, jusqu’à peut-être une hospitalisation d’office en HP.

L’examen psychiatrique sur des gardés à vue semble se banaliser. Selon un témoignage, ça a été effectué au moins sur deux détenus du comico du XIXe samedi 16 novembre 2013 (examen apparemment effectué par les keufs eux-mêmes !), puis sur un détenu de ce même comico et un venant de celui du Xe, dimanche 17 (examens effectués par le psychiatre Luigi Grosso). Encore mi-décembre, lors d’un contrôle de la BST sur des anarchistes à Belleville, la première flic venue menace l’un d’eux de l’envoyer « chez le psy » parce qu’il refuse de répondre aux questions.

Que ces petites notes, loin d’apeurer, servent à rendre chacun/e plus fort face à la police, en connaissant leurs sales méthodes. Tout en sachant que, quand on est dans leurs mains, le silence est la meilleure défense. Et mieux vaut cracher une dent qu’un blaze !

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IRIS

Le Plan de Vidéoprotection pour Paris (PVPP), lancé début 2011, est pleinement opérationnel depuis janvier 2013. Dans les rues de la capitale, il y a 1105 caméras de plus qui nous guettent. Les chtars ont la possibilité d’accéder à l’ensemble de ce réseau de vidéosurveillance à partir d’un centre de supervision de la Préfecture et depuis chaque commissariat d’arrondissement ils peuvent voir en direct, ou visionner après-coup, les vidéos de« leur » arrondissement (ces images sont conservées au moins 30 jours). Ces caméras sont des petits dômes noirs, pour la plupart perchés sur des poteaux marron foncé. Le réseau du PVPP est très performant, mais il ne faut pas oublier que la vidéosurveillance, ce n’est pas nouveau. Avec les caméras de la circulation, celles de la RATP, de la SNCF et de certains centres commerciaux (comme le Forum des Halles), ça fait 40.000 caméras directement dans les mains des keufs.

Pourtant, la technologie a ses limites. Les caméras de surveillance peuvent voir et enregistrer beaucoup de choses (jamais « tout » !), mais il reste du travail aux flics pour « trier », pour chercher sur ces images les « délits » et leurs auteur… Et en plus (et tant mieux !), les caméras et autres dispositifs sécuritaires sont souvent l’objet de dégradations, notamment dans les quartiers populaires, où leur rôle de contrôle est plus évident.
Pourtant, à écouter la propagande des journaleux, ce nouveau dispositif « marcherait ». Début 2013, les caméras du PVPP auraient déjà été utilisées dans 7.500 affaires et elles auraient permis aux flics de chopper 1500 personnes « filmées » en flag’, surtout pour des vols ou des agressions.

L’entreprise qui a installé et entretient le réseau PVPP (les caméras, les 480 km de fibre optique installés dans les égouts et les logiciels d’exploitation) s’appelle Iris. Derrière ce joli nom de fleur se cache le regroupement entre Cofely Ineo (du groupe GdF-Suez), qui en détient les deux tiers, et Citelium (filiale de Dalkia, appartenant à son tour à EDF et Véolia). Le loyer qu’Iris reçoit de la part de la Préfecture (dans le cadre d’un Partenariat public-privé), est de 15 millions d’euros par an, sur dix-sept ans.

La vidéosurveillance, publique et privée, est un bon exemple de comment la paranoïa sécuritaire, la guerre que les puissants nous mènent, permet à certaines entreprises de faire des affaires en or. En gros, toujours plus de caméras (et autres dispositifs de contrôle : portiques, tourniquets, cartes à puces, etc., sans oublier flics et vigiles) ça veut dire toujours moins de liberté, mais aussi toujours plus de fric dans les poches de quelques sociétés spécialisées dans la gestion de ce monde-prison.

Dans tout ça, il y a comme un brin d’humour noir. Comme on l’a dit, si on regarde à l’intérieur de la série des poupées russes des entreprises, on voit qu’Iris est, à travers Cofely Ineo, une filiale de GdF-Suez (oui, toujours ceux des bagnoles blanches garées à tous les coins de rue…). Tout comme Gepsa, qui gère presque 40 prisons dans tout l’Hexagone [Cf. GEPSAccage ! dans Lucioles n°9]. Eh oui, l’argent ne connaît pas de frontières, ni de barreaux ! Et ceux qui nous font vivre en sursis, dehors, sont bien les mêmes qui nous enferment. Aujourd’hui il s’engraissent, mais un jour il faudra bien qu’ils payent… et cher !

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Lucioles n°16 – mars 2014

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Non vraiment, t’aimes les flics ?!!

Tous les jours, on les voit, nichés en civil au coin d’une rue, ou en force sur les boulevards, parfois planqués dans leur bagnole ou à l’abri dans leurs commissariats. Des fois on les aperçoit en train de courir après un vendeur à la sauvette, un voleur de pains au chocolat, une prostituée ou un fraudeur. Ils sont fiers de nous montrer leur force, de nous insulter, de nous menacer, de nous harceler, de nous embarquer. Ils sont fiers de leur puissance corporatiste qui leur permet de toujours s’en sortir, et de jouer avec les lois qu’ils nous imposent à coups de matraque. Si leur petit monde est à part, avec leur propre langage, leurs poses de machos, leur déhanchement de kékés, leur mentalité d’esclaves, leur travail est envahissant pour tous. C’est eux contre le reste du monde, hormis les riches qu’ils sont là pour protéger, et les citoyens-flics qui leur mâchent une partie du travail. Toujours épaulés par la justice, ils savent que sans eux elle ne serait rien, et les juges le savent bien aussi, au chaud dans leurs bureaux cossus, entre deux livraisons quotidiennes de bétail humain par les gros bras. Les politiciens et la bourgeoisie qu’ils représentent veulent nous civiliser à coups de carottes, et c’est la police qui tient le bâton pour les réfractaires.

Mais la plus vicieuse et au final la plus efficace des polices, c’est celle qui ne porte pas d’uniforme. Du concierge qui leur raconte ce qu’il voit à l’indic rémunéré. Du citoyen qui se fait un devoir de filmer ou de les appeler dès qu’il est témoin d’une fissure dans sa petite normalité au commerçant qui installe des caméras dans son magasin, jusqu’à séquestrer lui-même les voleurs. De la télévision qui nous diffuse en permanence sa propagande de paix sociale au psychiatre qui endort la rage à coups de médocs. Du travail qui nous garde en place et occupés à survivre plutôt qu’à vivre au professeur qui nous apprend à baisser les yeux face à l’autorité. De la politique qui nous fait croire que voter change quelque chose à cette merde au stade qui nous permet de hurler après un ballon pour se retenir de gueuler sur son patron. Du patriotisme qui nous maintient dans l’illusion d’un rang serré et uni par un intérêt commun derrière un drapeau aux militaires qui nous parlent de voyage, d’aventure et de camaraderie alors qu’il ne s’agit que d’être un assassin au nom de ce même drapeau ensanglanté. Du curé qui nous fait avaler ses hosties périmées et des vieilles promesses de paradis après la mort, au dealer qui nous vend de la mort avant même d’avoir vécu. Tous n’ont pas besoin du salaire du flic pour faire ce sale travail d’intégration sociale au prix de la désintégration de la liberté individuelle et de notre singularité. L’uniforme a beau ne pas être sur toutes les épaules, c’est la même uniformité que nous sommes tous sommés d’endosser. Tous citoyens, tous flics.
Rien ne sert de se débarrasser des flics, de la justice et des prisons si c’est pour laisser la société intacte, c’est pourquoi il nous faut donc saper les fondements moraux comme les structures physiques de ce monde de domination, en commençant par exemple par apprendre à gérer nos conflits nous-mêmes plutôt que d’appeler le 17, le syndicat, le patron ou le grand frère. Mais pour cela, il faudrait déjà faire péter tous les murs qui cloisonnent nos imaginaires et nos rêves, si tant est que nous soyons encore capables de rêver après tant de siècles de servitude, d’abrutissement et de rapports aliénés.
Les flics sont donc des merdes, tout comme cette société, et le bon sens indique à tous de ne pas aimer la merde. Ce sera eux ou notre liberté.
Dont acte.

Pour un monde sans flics et sans autorité Pour l’insurrection
Des sauvages.


Chronologie de résistance à l’occupation policière en région parisienne

Aubervilliers (93), 30 octobre
Vers 21h30, un « homme cagoulé et ganté » (d’après le témoignage des keufs) lance deux cocktails Molotov contre les grilles du parking du commissariat. Ces engins n’ont pas explosé, mais malgré cet échec la démarche a dû faire comprendre l’intention aux condés…
Paris XXe, 6 novembre
Un utilitaire de la Croix Rouge est cramé rue des Montiboeufs, pour la responsabilité de ces humanitaires qui co-gèrent avec l’Etat les prisons pour étrangers.
Corbeil (91), 15 novembre
Des policiers municipaux qui venaient chercher des voitures mal stationnées se font tirer dessus à la carabine à plomb dans le quartier des Tarterêts. L’un a son uniforme troué, mais aucune blessure, car ils se sont bien vite réfugiés dans leur voiture de patrouille.
Corbeil (91), 18 novembre
Toujours dans la ZSP des Tarterêts, deux engins d’un chantier de rénovation urbaine sont incendiés (dégâts estimés à 150 000€ !), et les flics dépêchés sur place tombent dans un guet-apens : des poubelles sont incendiées sur la route pour les bloquer et ils se font caillasser et attaquer courageusement par une quarantaine de personnes masquées. Mais seul un policier a été légèrement blessé.
La Courneuve (93), 20 novembre
Les flics tambourinent aux portes à 6h du matin à la recherche d’un suspect, lorsqu’un voisin de 68 ans en blesse un au visage par des tirs de grenaille, avant d’être interpellé.
Paris XXe, 9 décembre
Dans la nuit, une camionnette Vinci part en fumée rue Haxo. Cette entreprise gigantesque construit (entre autres merdes) des prisons et des centres de rétention.
Sartrouville (78), 22 décembre
Un policier municipal employé du centre opérationnel du réseau de vidéosurveillance se fait coincer dans la rue et rouer de coups par huit personnes, dont deux ont malheureusement été interpellées.
Kremlin-Bicêtre (94), 31 décembre
La nuit du nouvel an, les keufs veulent interpeller deux jeunes qui auraient exhibé un pistolet. Ceux-ci se rebellent et c’est avec difficulté que les bleus les embarquent. Mais une fois que les deux sont enfin emmenés au comico, voilà un beau geste de solidarité : une dizaine d’autres personnes arrivent et s’en prennent à l’hôtel de police, exigeant leur libération. Ils brisent des vitres (arrivant à endommager un ordi à l’intérieur d’un bureau !) et se cassent rapidement.
Paris XIIe, 6 janvier
Les nombreuses vitres blindées d’un commissariat rue du Rendez-Vous sont défoncées et, d’après un communiqué, c’est l’existence même des flics et leur sale travail qui était visé. Le distributeur de la banque d’en face a aussi essuyé des coups au passage.
Paris XXe, 7 janvier
Durant la nuit, un utilitaire de la Mairie de Paris est incendié pour sa responsabilité dans le flicage ambiant.
Chelles (77), 30 janvier
Cinq personnes s’embrouillent avec un chauffeur de bus puis frappent un policier qui n’était pas en service mais tentait d’aider le chauffeur. Malheureusement, quelques jours après, cinq jeunes sont interpellés pour cette affaire.
Neuilly-sur-Marne (93), 24 janvier
Un contrôle de police dégénère vers 17h et des jeunes du quartier des Fauvettes viennent affronter les flics, qui appellent des renforts (au total une centaine d’agents et même un hélicoptère !). Ce n’est qu’à 20h que le « calme » est rétabli.
Les Lilas (93), 29 janvier
Le commissariat qui se trouve rue George Pompidou derrière la mairie a ses fenêtres et sa porte vitrée défoncées, un communiqué revendiquant l’attaque se termine par « Attaquons les gardiens du zoo humain ! ».
Paris XXe, 3 février
Le local qui abrite le Points d’accès au droit (P.A.D) et d’autres services de la mairie du XXe ardt dans la cité Champagne a lui aussi ses vitres brisées, car sans justice, pas de police, et vice versa.
Paris XIXe, 6 février
Une camionnette d’installation de la fibre optique remplie de matériel électrique a été entièrement calcinée rue des Alouettes. Elle appartenait à Orange, cette entreprise qui exploite les prisonniers.
Paris XIXe, 11 février
Durant la nuit rue Carducci, un utilitaire de l’entreprise SPIE (Société Parisienne pour l’Industrie Électrique) est complètement parti en fumée. Cette entreprise est engagée à la fois dans l’industrie nucléaire, dans l’installation de la vidéosurveillance à Paris et dans le domaine de la fibre optique.
Les Ulis (91), 13 février
Dans la soirée, une dizaine de personnes attaquent le commissariat à coups de pierres (touchant aussi une voiture) puis tirent des feux d’artifice. D’après les flics locaux, ce comico avait déjà été la cible d’attaques en novembre 2012 puis en janvier 2013.

t'aimeslesflics   chrono

[Tract trouvé dans les rues de Paris, février 2014.]

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Brèves – mars 2014

●Feu aux collabos●
La nuit du 6 février, une camionnette d’installation de la fibre optique remplie de matériel électrique a été entièrement calcinée rue des Alouettes (XIXe). Elle appartenait à Orange, cette entreprise qui exploite les prisonniers. Le 11 février rue Carducci (XIXe), c’est au tour d’un utilitaire de l’entreprise SPIE (Société Parisienne pour l’Industrie Électrique). Cette entreprise est engagée à la fois dans l’industrie nucléaire, dans l’installation de la vidéosurveillance à Paris, et également dans le domaine de la fibre optique. Et de deux !
D’ailleurs, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a récemment rendu public le nombre de voitures brûlées en France en 2013, qui est de 34 441. Et il faut en plus prendre en compte que ce chiffre ne recense que le nombre de procédures ouvertes par la police et la gendarmerie, les pompiers comptabilisant eux toujours plus d’interventions.

• Sabotons la machine à expulser •
La Croix Rouge participe activement à l’enfermement et à l’expulsion des sans-papiers, en France et dans d’autres pays, par exemple par sa présence dans les Centres de rétention. C’est pour cela, et au passage pour saluer les révoltés du CRA de Vincennes et les personnes venues leur apporter de la solidarité [cf. article ci-contre], que les vitres de la Croix Rouge, rue Elisa Lemonnier (12e ardt.), se sont fait péter la nuit du 18 mars. Toujours en solidarité, dans la nuit du 19 au 20 janvier, trois Maisons de la Justice et du Droit ont eu leurs vitres défoncées : celle de la rue des Boucheries à Saint-Denis (93), celle rue du Buisson Saint-Louis (Paris Xe) et celle rue Bernard et Mazoye à Aubervilliers (93). Un tag « nique la justice » a été laissé sur celle de Paris. Sabotons la justice et sa machine à expulser, encore et toujours !

• Que brûlent les églises, que vive la Commune ! •
La Basilique du Sacre Cœur est le symbole de la répression féroce des insurgés de 1871, mise en œuvre par la toute nouvelle 3ème République.
Pour l’anniversaire de la Commune, le 18 mars, quelques anonymes ont eu la bonne idée de rappeler cela, avec des tags sur l’entrée de la basilique, aujourd’hui machine à sous attrape-touristes. Mais une église est toujours une église et la seule bonne église est celle qui brûle, comme ça a été écrit : « Feu aux chapelles » et « Ni Dieu, ni Maître, Ni Etat ». Et c’est si drôle de voir toute la classe politique s’en indigner !

●Tous à pied !●
Fin février, les deux candidats UDI et PS à la mairie de Viry-Châtillon (91) étaient ex-æquo… à pied. Un ou plusieurs inconnus ont eu la bonne idée de crever les pneus de leurs bagnoles. Comme dire qu’on aime pas les politicards…

●ACAB●
À partir du lundi 24 février, des émeutes ont éclaté trois nuits durant au Clos Saint-Lazare à Stains (93). Trois nuits de flics gazés, ciblés par des jets de bouteilles et autres projectiles, des feux de poubelles ; puis trois nuits de provocations policières, d’occupation massive du quartier par les bleus, de tirs de flashball. Le bilan serait d’au moins trois personnes interpellées, un homme âgé tabassé par les keufs, et deux flics blessés.
Le 13 février, le commissariat des Ulis, connu et reconnu depuis des années comme une cible de choix par les enragés du coin, a été attaqué à coups de pierres par une dizaine de personnes qui ont ensuite tiré des feux d’artifice. Le 10 mars au soir, il s’est mangé une nouvelle salve de feux d’artifice au cours d’une attaque éclair, qui n’a malheureusement causé aucun dégât sur l’odieuse structure du pouvoir. Ce n’est que partie remise…
Dans la nuit du 18 au 29 février à Élancourt (78), un individu a jeté un cocktail molotov sur une voiture de police garée devant le comico. Malheureusement, les dégâts sont restés minimes car les flics ont vite déboulé pour éteindre le feu. Un homme a été arrêté à 1h du matin sur la base des images des caméras de surveillance. Le 15 mars à Grigny, c’est une voiture de la BAC de Juvisy (91) qui se prend un cocktail et des pierres, et cette fois-ci personne n’a été interpellé malgré le déploiement immédiat de CRS dans le quartier.

●Ravages chez les fachos●
La nuit du 27 au 28 février, le local (appelé la Cambuse) du groupe néo-fasciste Mouvement Action Sociale et de la radio Méridien Zéro est entièrement parti en fumée. Du matériel de la radio a probablement été volé. Dans un communiqué, ces fachos dénoncent un climat hostile envers eux, avec de nombreuses dégradations de leurs locaux… espérons que ça continue pour faire taire une bonne fois pour toute ces idiots utiles de l’ordre et du pouvoir !

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Que s’est-il passé à Belleville le 1er mars ?

Samedi 1er mars 2014 s’est tenu un rassemblement appelé à 15h au métro Belleville contre l’occupation policière de nos vies. Avant le rassemblement, des commerçants avaient été mis en garde par la mairie que des « casseurs » seraient présents dans le quartier, certains ont donc fermé leurs stores plus tôt que prévu, d’autres se sont payés des vigiles pour l’occasion. On apprenait quelques jours plus tôt dans la presse qu’un faux communiqué de la mairie de Paris annonçait un état de siège (voir ici). Aussi, depuis plusieurs heures, le quartier était quadrillé comme jamais : des dizaines et des dizaines de cars et bus de CRS et gendarmes mobiles, des voitures de flics, une cité assiégée, des flics sur les toits, une caméra boule installée pour l’occasion sur le toit du siège de la CFDT (donc avec sa collaboration), la station de métro Belleville fermée, plusieurs dizaines de civils, plusieurs dizaines de RG, des journalistes (présents à Belleville depuis jeudi pour certains), etc.

Juste avant le rassemblement, CRS et civils contrôlaient et fouillaient les sacs de tout ce qui ressemblait à un « anarcho-autonome » aux alentours du métro Belleville, décourageant ainsi les moins enthousiastes et autres touristes militants qui furent nombreux à rebrousser chemin ou à se terrer dans des bars du quartier. Un dispositif habituellement réservé aux contre-sommets qui a certainement réussi à en dissuader beaucoup, et qui répondait probablement à la volonté d’empêcher à tout prix (en l’occurrence, l’addition du 1er mars doit être salée !) une nouvelle humiliation après la manifestation émeutière de Nantes une semaine plus tôt.

Malgré tout cela, le rassemblement a bien eu lieu, avec entre 100 et 150 personnes (avec pas mal de gens du quartier). Plusieurs banderoles ont été posées : « Brisons leur paix (A) Guerre sociale », « Nous on aime pas la police, on veut juste vivre libres (A) », « Le travail est la pire des polices, détruisons les deux ». Des affiches sont collées, et des milliers de tracts (« Non vraiment, t’aimes les flics ?!! ») et de bulletins (Lucioles n°15) sont distribués avec pas mal de retours enthousiastes, une petite dizaine de fumigènes sont craqués sous les cris de « flics porcs assassins », « à bas l’État les flics et les patrons », « pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons », « ZSP, BST, tous les flics sont à jarter », « à Belleville comme ailleurs, police dégage » et « feu feu feu à toutes les prisons », « feu feu feu aux centres de rétention ».

À notre connaissance, rien de plus que des contrôles d’identité, avant, pendant et après le rassemblement, et aucune arrestation ou garde à vue, contrairement aux prédictions et aux critiques de quelques frileux énergumènes, accusant ce rassemblement d’envoyer les gens au casse-pipe.

Ce rassemblement avait été annoncé depuis la mi-janvier, autour de 5000 affiches (voir ici) avaient été collées un peu partout dans le Nord-Est de Paris et en banlieue, des milliers de tracts, de bulletins et d’affiches anti flics-justice-prison diverses et variées ont massivement tourné dans les rues, à tel point qu’il était impossible pour quiconque dans le quartier d’ignorer cette rage, des tags aussi appelaient à la manif, ainsi qu’une dizaine de banderoles posées un peu partout dans le quartier et ailleurs. Depuis plusieurs mois, on avait aussi pu constater de nombreuses attaques ciblées contre la police et la justice : commissariats, véhicules de la mairie, entreprises collabos de l’enfermement, de la justice et du contrôle (voir une chronologie ici). Cela montre combien la haine du trio police-justice-prison est répandue (et que pas mal de gens n’attendent pas, pour les attaquer).
Mais cette journée et toute sa préparation ne sortent pas de nulle part, puisqu’elles s’inscrivent dans un parcours engagé depuis plusieurs années de diffusion des idées et pratiques anarchistes dans le Nord-Est parisien. Il ne s’agissait donc que d’un moment parmi d’autres dans une dynamique d’agitation anarchiste qui continue renforcée.

Cette idée de rassemblement public avait commencé à être imaginée depuis que le harcèlement des flics contre les activités anarchistes dans la rue était devenu beaucoup plus oppressant depuis la fin de l’été dernier, tentant (en vain) d’empêcher la diffusion de nos idées. Cela s’est manifesté notamment par une forte surveillance de l’État sur les compagnon/nes participant à cette agitation, par une vingtaine de contrôles lors de diffusions ou de collages d’affiches, dont certains aboutissant à des garde-à-vues, mais aussi par toute une série de coups de pression de la part des Correspondants de Nuit (qui par ailleurs ont porté plainte pour diffamation contre un tract, pour laquelle des convocations et des perquisitions ont eu lieu), rapidement épaulés par les bulldogs enragés de la BST, tentant d’instaurer une guerre privée entre eux et nous. Une guerre privée qui n’est qu’une toute petite partie de la guerre aux pauvres et aux indésirables que ces merdes sont payés pour réaliser : chasse aux prostituées et aux vendeurs à la sauvette, rafles de sans-papiers, guerre aux marchés sauvages, expulsions de logements, et l’accompagnement à coup de matraques, de taule et d’artistes de la boboïsation des quartiers sous la houlette de la mairie.
Quelques semaines avant le 1er mars, avait lieu une révolte au CRA de Vincennes pour laquelle étaient incarcérés deux retenus, et deux compagnons venus exprimer leur solidarité lors d’un parloir sauvage avec feu d’artifice. Et même si les deux compagnons sont sortis quelques jours avant la manif, ces énièmes arrestations n’ont fait que donner plus de détermination à tous.

Nous savons bien que ce que craignent les flics, bien plus que quelques anarchistes, c’est la rencontre entre ces anarchistes, leurs idées et leurs pratiques, et une rage diffuse et sociale contre le pouvoir et sa domination.

Aujourd’hui, nous avons réussi à sortir de la lassitude de cette guéguerre privée en relevant la tête et les yeux pour parler sans peur de la guerre sociale. Et nous sommes satisfaits de voir qu’ils ont peur, car c’est de leur insécurité que pourra se bâtir notre liberté.

Pour un monde sans flics, sans fric et sans autorité.
Pour la révolution.

(ACAB)

2 mars 2014,
Des anarchistes de Belleville.

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Version distribuée à Belleville à télécharger en PDF :

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Révolte à Vincennes – Dedans et dehors

carte_besbar14 février 2014. Au centre de rétention de Vincennes une révolte a éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi. Ces enfoirés de flics ont débarqué à 4 heures du mat’ pour expulser l’un des enfermés. Les accès aux chambres ont été barricadés, les caméras obstruées et des extincteurs, des portes, des meubles ont été balancés sur les flics. La réponse de ces derniers ne s’est pas faite attendre et 23 camions débarquent pour mater la mutinerie. Pas de flics blessés mais 13800 euros de dégâts TTC. Du coup, 48h de GAV pour deux révoltés présents qui se reconnaissent sur la vidéo d’une caméra mal obstruée. Au poste, les flics sont agressifs et les montent l’un contre l’autre pour qu’ils s’accusent mutuellement dans leur déclaration. Déferrés à Paris, ils prennent deux mois de taule pour avoir jeté une porte et l’un d’entre eux prend deux mois de sursis supplémentaires pour refus ADN…

Le soir même un feu d’artifice a salué la rage des détenus de la prison pour étrangers. Les flics s’étaient préparés et les renseignements généraux avaient demandé à la brigade cynophile de faire des rondes et à quelques effectifs de se disposer à différents endroits autour du centre. Cinq personnes sont interpellé-e-s peu après dans le bois de Vincennes en voiture. S’en suit une comparution devant le juge et deux mandats de dépôt ! Les trois autres sont sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact et de quitter l’île de France.

Les chefs d’inculpation sont attroupement armé et masqué, refus empreintes, photos et ADN. Le juge a reporté le procès au 24 mars au motif de doutes sur l’identité des accusé-e-s qui avaient refusé de donner leurs empreintes. Durant la garde à vue, rien à déclarer. Des noms fantaisistes sont donnés aux flics, mais certain-e-s ont des papiers qui traînent dans leurs affaires. Deux d’entre elleux, qui ont changé de nom au moment de l’audience en plus de déclarer plusieurs domiciles, sont incarceré-e-s à Fleury Merogis au prétexte de manque de garanties de représentation. Ils sont sortis mardi 25 février, après dix jours d’enfermement suite à une audience de remise en liberté.

Au lendemain de l’incarcération, un rassemblement de solidarité s’est tenu à Barbès, des tracts racontant l’histoire et appelant à la solidarité ont été distribués et deux banderoles accrochées : « Sabotons la machine à expulser. Liberté pour toutes et tous » et « Feu aux centres de rétention. Détruisons toutes les prisons ».

Plus tôt dans la journée, les flics avaient une nouvelle fois raflé des sans papiers dans ce même quartier, arrêtant plus de 60 personnes.

Ils enferment pour faire peur à tou-te-s les révolté-e-s, faire taire la solidarité et isoler les un-e-s des autres. Ils fichent pour optimiser leur pouvoir sur nos vies, et condamnent parce que l’on se rebelle contre l’autorité et que l’on ne se soumet pas sans broncher à leurs sbires.

Les frontières sont partout, au centre de rétention, dans la rue, dans les transports, dans les murs des prisons comme derrière les murs du tribunal, jusque dans les têtes. Des dispositifs concrets de contrôle et de répression existent, des institutions, des entreprises, des larbins, font fonctionner la machine à expulser. S’y attaquer, mettre un grain de sable dans les rouages c’est arracher des espaces de liberté et infliger quelques dégâts à ces collabos. Entraver l’action des flics lors d’une expulsion, comme refuser de donner ses empreintes et son ADN, participe à saboter la bonne marche de la répression.

Solidarité complice avec les révolté-e-s, chacun-e selon ses envies, contre toute autorité !
Pour la liberté vive la révolte des deux côtés du mur !
Liberté pour tou-te-s avec ou sans papiers !

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Capitalisme vert et bagne…

 

Le Velib’… une juteuse opération économique teinte en vert écolo. Trop de pollution ? Trop de circulation ? Le géant de la publicité JCDecaux, en collaboration avec la Mairie de Paris, nous sert le vélo-liberté ! « Liberté » qui signifie argent pour son richissime patron (le onzième homme le plus nanti de France). « Liberté », pour les bobos écologistes, d’aller consommer leurs « produits culturels » tout en faisant une bonne action anti-CO2. Liberté d’être fiché dans ses déplacements. Liberté, encore, toujours, d’être un rouage de la machine domination-production-consommation.

Un jouet à bobos, bien sûr. Pour emprunter les vélos « en libre service » il faut payer et quand tu mets ta carte bleue dans la borne, en plus du ticket… ils te bloquent 150€ comme dépôt de garantie. Autant dire que si t’as pas de carte bleue ou de thune dessus (parce que pauvre, interdit bancaire et/ou sans papiers), laisse tomber… ou vole le vélo ! Et amuse-toi avec !

Mais pas besoin d’inciter ici à voler ou à dégrader les Velib’. Les patrons eux-mêmes se plaignent du fait que les pauvres n’apprécient guère leurs attentions écolos. En effet, le Nord-Est parisien (notamment les 18e, 19e, et 20e ardt., Pantin, Aubervilliers et Bagnolet) voit de nombreuses et constantes dégradations de vélos et de stations.

Le réseau Velib’, mis en service en 2007, compte un parc de 24 000 vélos. En 2012, 9000 avaient déjà été dégradés ou volés (un journal a même publié la photo d’un Velib’ arrivé à Bamako !). Au total, entre 2007 et début 2014, ce sont 15 millions d’euros de dégâts. Et la Mairie de Paris en bave aussi : selon le contrat du service, elle participe aux frais. D’où l’attention accrue des flics : les deux dernières années les interpellations (pour vol, recel ou vandalisme) se sont multipliées, aussi avec l’emploi des caméras de surveillance de la Préfecture.

Pour prévenir le vandalisme, qu’ils disent être dû surtout aux jeunes, JCDecaux et les bureaucrates de la Mairie ont aussi fait pas mal de pub’ (eh, c’est leur spécialité aux deux !) dans des écoles. Tiens, ça ne marche pas ! Alors on passe au bagne. JCDecaux, la Mairie, la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et les Procureurs de la République de Paris et de Bobigny ont signé en 2013 deux conventions pour mettre sur pied un système de réparation pénale. Les mineurs qui se font chopper avec un Velib’ chouré, s’ils veulent éviter le tribunal (et s’ils n’ont pas de casier) doivent travailler pour JCDecaux. Pendant deux jours, ils sont sous la surveillance d’un responsable d’atelier, tuteur volontaire (collabo !) ayant reçu une formation pour cela et sous le contrôle de la PJJ. Ces travaux forcés ont lieu dans les atelier de réparation de rue des Reculettes (13e) ou rue du Sergent-Bauchat (12e). 38 jeunes gens ont déjà subi cette punition pendant les vacances scolaires de 2013. Encore de la pub’ pour JCDecaux et son plan « Responsabilité Sociétale et Environnementale ». Un peu de fard social-démocratique et beaucoup de travail en moins pour les tribunaux…

Mais on espère bien que les jeunes bagnards ne seront pas trop prêts à revenir sur la bonne voie !

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Lucioles n°15 – février 2014

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Pour ne plus jamais baisser les yeux

Que ce soit directement ou indirectement, le trio Police-Justice-Prison fait partie de nos vies à tous et toutes. Qui n’a pas goûté de leurs menottes ou de leur procès, qui n’a pas côtoyé la taule ou les centres de rétention de près ou de loin ? Qui n’a pas déjà ressenti leur menace ? Il n’y a pas moyen de nier qu’à la pauvreté s’associe toujours la domination de l’Etat. Dans le Nord-Est et les banlieues Est de Paris comme ailleurs, qui peut ignorer les parades de flics roulant des mécaniques, en civil ou en uniforme, qu’ils se nomment BAC, BST, Correspondants de Nuit ou vigiles des proprios, de la mairie et de la RATP, épiant les faits et gestes de chacun, contrôlant les papiers, avec un regard de défiance, avec la bénédiction et l’appui des juges et des procureurs dont le métier est de nous enfermer ? Il n’y a pas de sous-métier, entend-t-on parfois, mais rien n’est plus faux lorsque des individus choisissent pour gagner leur vie de nous empêcher de vivre la nôtre.

Mais la répression, ce n’est pas que des uniformes et des juges, c’est tout une mentalité que l’on finit par intérioriser de la maternelle au cercueil. Le citoyen, cet auxiliaire de police qui choisit nos maîtres à chaque élection, est bien le premier rempart à la révolte des dominés. Et il ne faut pas se leurrer, la paix sociale est une forme sournoise et violente de la guerre qui est menée au quotidien contre les révoltés, elle est à la fois la forme la plus institutionnalisée et la plus déléguée de la domination du pouvoir. Son but est de nous faire subir la guerre sociale plutôt que de la mener contre le pouvoir et ses sbires. Mais c’est une guerre de chaque instant, dont l’aspect psychologique est certainement le plus redoutable. En créant ses catégories de toutes pièces – honnête citoyen contre racaille, avec papier contre sans, innocent et inséré contre coupable et marginal… – le pouvoir a déjà gagné une bataille importante en réussissant à diviser ceux qui, réunis, pourraient venir à bout de son système de mort par la révolte et l’insurrection.

Nos dernières illusions sont certainement celles qui nous livrent le plus à leur broyeuse, qu’il s’agisse des différents replis (communauté, famille, clan, religion) ou de l’intériorisation de son idéologie, produisant balances, sexistes en tous genres, racistes, défenseurs de la propriété, regards suspicieux, défiance envers tout ce qui sort de leurs normes ou coup de fil au 17 plutôt que de régler ses conflits de façon autonome. C’est croire encore que l’on peut vivre libre en déléguant ses responsabilités à des intermédiaires divers, qu’ils soient flics, politiciens ou chefs religieux, ou en détournant simplement les yeux vers le rêve embrumé d’un ailleurs où l’on pourrait guérir d’ici (came, alcool, prière, télévision…).

Mais dans cette guerre sociale, le contrôle n’est pas un concept abstrait, c’est des noms et des adresses, c’est des milliers de caméras, de flics et de magistrats, c’est des entreprises qui font leur beurre sur notre misère (banques, agence immobilières, contrôleurs, huissiers, grande distribution) ou notre enfermement (constructeurs, architectes, humanitaires, gestionnaires), c’est des subventions et des prestations en échange de notre résignation et donc de notre complicité, qu’elle soit active ou passive. Un peu partout, la paix sociale se fissure lorsque des révoltes éclatent, lorsque que des individus relèvent la tête, retrouvant leur dignité face aux oppresseurs. Passer de la fissure à l’explosion ne dépend que de notre volonté de ne plus baisser les yeux, de ne plus rien attendre d’eux et de combattre ce monde de fric et de flics où la véritable violence réside dans le pouvoir de l’argent et de la matraque.

Voila pourquoi, sur ces quelques bases, nous ressentons le besoin de se retrouver autour du désir commun de permettre à cette rage de s’exprimer publiquement, comme chacun l’entend, comme un moment parmi tant d’autres.

Dans le Nord-est de Paris comme ailleurs,
Pour en finir avec l’occupation policière de nos vi(ll)es

Rassemblement le 1er mars 2014 à 15h au Métro Belleville

4000-d0fba

1500-33b12

[Affiches trouvées sur les murs de Paris, début 2014.]

Pour se procurer des exemplaires de ces deux affiches pour les coller, écrire à baisselesyeux@riseup.net.

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Contre l’occupation policière et Brèves de février 2014

Dimanche 22 décembre à Sartrouville (Yvelines), un policier municipal employé du centre opérationnel du réseau de vidéosurveillance s’est fait coincer dans la rue et rouer de coups par huit personnes, dont deux ont malheureusement été interpellées. Se prenant peut-être pour un bienfaiteur, ça a dû lui remettre les idées en place : « je ne suis qu’un sale flic et cela s’appelle un retour de bâton ». Dans la nuit du 7 au 8 janvier dans le XIXe ardt, un utilitaire de la Mairie de Paris a été incendié pour sa responsabilité dans le flicage ambiant. En effet, qui ne voit pas la pléthore de caméras, les contrôles au faciès, les rafles, le pullulement des brigades, et derrière, la mairie qui les commande, depuis peu sur fond de campagne électorale ? Deux nuits plus tôt, les nombreuses vitres blindées d’un commissariat du XIIe ardt (rue du Rendez-Vous) ont été défoncées, et d’après un communiqué, c’est l’existence même des flics et leur sale travail qui était visé. Le distributeur de la banque d’en face a aussi essuyé des coups au passage.
Au Kremlin-Bicêtre la nuit du Nouvel An, les keufs veulent interpeller deux jeunes qui auraient exhibé un pistolet. Ceux-ci se rebellent et c’est avec difficulté que les bleus les embarquent. Mais une fois que les deux sont enfin emmenés au comico, voilà un beau geste de solidarité : une dizaine d’autres personnes arrivent et s’en prennent à l’hôtel de police, exigeant leur libération. Ils brisent des vitres (arrivant à endommager un ordi à l’intérieur d’un bureau !) et se cassent rapidement.
L’attaque des tuniques bleues serait-elle un nouveau sport dans le Val-de-Marne ?

Quelques exemples le laissent bien espérer. Déjà la nuit du 31 décembre 2012, deux groupes de personnes s’en étaient prises aux comicos de Choisy et de Champigny. Ce dernier avait aussi été attaqué début juillet 2011 et avait essuyé des tirs de mortier le 14 juillet 2013. Et de juin à novembre 2013, trois bouteilles d’acide ont atterri sur le comico de Boissy-Saint-Léger !

Le 29 janvier, aux Lilas (93), le commissariat qui se trouve rue George Pompidou derrière la mairie, a ses fenêtres et sa porte vitrée défoncées, un communiqué revendiquant l’attaque se termine par « Attaquons les gardiens du zoo humain ! ».

Quelques jours plus tard, le 3 février, le local qui abrite le Points d’accès au droit (P.A.D) et d’autres services de la mairie du XXe ardt dans la cité Champagne a lui aussi ses vitres brisées, car sans justice, pas de police, et vice versa.

Faut croire que le trio Police-Justice-Prison ne fera jamais consensus !


• À genoux ? •
Samedi 4 janvier, dans l’église Sainte Odile située dans le XVIIe ardt de Paris, une statue de l’enfant Jésus et de Sainte Thérèse se sont retrouvées brisées par terre. Ceci n’est pas un miracle, mais l’œuvre d’un individu qui dans un même élan a endommagé l’autel, brisé des candélabres et renversé l’eau des baptêmes. Le 13 décembre dans le XVIe ardt, l’Eglise de Notre-Dame de Grâce présentait quant à elle des tags hostiles sur ses murs : « Mort à Dieu, feu aux églises ». Le 29 janvier, des tags sont découverts sur l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, dans le XIXe : « Curé sale poukave, bouffe ta soutane et ta morale… », « La seule église qui illumine est celle qui brûle », « Tous les pouvoirs sont assassins, ni dieu, ni maître ». Delanoë a condamné immédiatement ces « inscriptions injurieuses » et demandé à ce que ses auteurs soient rapidement interpellés (mais rien de tout cela !), campagne électorale oblige, faut bien lécher le cul de ses copains les curetons pendant que son président s’agenouille devant le pape… Les églises sont utilisées depuis des lustres pour garder les morts en paix et les vivants à genoux, alors qu’elles brûlent !

• Catastor !!! •
Dans l’après-midi du 23 décembre, dans la gare de triage du Bourget près de Drancy, un wagon contenant six tonnes de déchets radioactifs a déraillé, sans provoquer de catastrophe cette fois-ci. En effet, 500 trains Castor contenant des matières radioactives traversent chaque année la France, menaçant à chaque fois de catastrophes. Dans un monde où certains ne voient que des matières premières bonnes à exploiter, où la vie se consomme en doses homéopathiques, où un accident nucléaire sera nommé « incident technique », il faut trancher : attendre bien gentiment qu’un petit cancer nous emmène vers une petite mort, ou en finir avec le nucléaire.

• Paf le TAV ! •
Dans la nuit du 7 au 8 janvier, les vitres des boutiques SNCF des 4ème, 13ème et 17ème arrondissements ont reçu de nombreux coups et ont été taguées « La lutte ne s’arrête pas, Liberté » en solidarité avec la lutte contre la construction d’une nouvelle ligne TGV Lyon-Turin (TAV) dans les Alpes italiennes. Contre la grande vitesse, attaquons toujours plus vite !

• Brûle ton énergie ! •
Le matin du 13 décembre, un « incident » matériel a privé d’électricité 150 000 foyers parisiens dans sept arrondissements pendant 20 minutes. L’alimentation d’une ligne très haute tension reliant les postes Cretaine, Tolbiac, Gobelins (dans le 13e) et Erasme (5e) avait été interrompue. L’origine de l’incident n’est pas précisée par la presse, mais RTE signale tout de même que la panne « ne serait pas liée au froid »… acte de malveillance alors ? C’est ce qu’on espère !

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Belleville sous occupation policière

Le 19 décembre dernier à Belleville, un dispositif spectaculaire quadrillait le quartier. Un dispositif qui passerait quasiment inaperçu aux yeux de ceux qui ne savent pas lever les yeux : des flics en civil postés un peu partout, à l’entrée des métros Belleville et Couronnes, à l’entrée des cités et un peu partout sur la rue de Belleville, contrôlant les papiers de tout ce qui de près où de loin ressemble à un/e asiatique. Ainsi, pendant que l’assemblée nationale votait la nouvelle loi pénalisant les clients des prostituées, une rafle dans la rafle visait particulièrement les femmes asiatiques identifiées comme putes par la flicaille. On entendra parler, ici ou là, de dizaines et de dizaines de marcheuses chinoises arrêtées en une semaine à Belleville, dont une trentaine cette fois-ci, probablement pour les expulser.
Les rafles au faciès de ce genre, si elles ont encore de quoi indigner les plus naïfs, n’ont en fait absolument rien de nouveau. En effet, en fin d’année, l’Etat doit remplir ses quotas d’expulsucioles.noblo.fr.ions de sans-papiers, se concentrant un jour sur les faciès maghrébins (comme régulièrement à Barbès), un autre sur les sri lankais (surtout à La Chapelle), profitant aussi de l’augmentation en 2013 des places en centre de rétention. Mais ces dispositifs de rafles ne concernent pas uniquement les sans-papiers, car lorsque l’Etat met en place ce type de dispositif dans les quartiers où nous vivons, l’occupation policière, telle que nous la connaissons déjà si bien dans le Nord-Est parisien, concerne tout le monde, car bien sûr cette militarisation du quotidien sert à réprimer tous les pauvres. Mais pour comprendre l’histoire de cette militarisation de Belleville, il nous faut revenir un peu en arrière.

Beaucoup s’en souviennent tant cette journée marqua un quotidien déjà semé des petites misères habituelles, et nos lecteurs aussi puisque ce journal est aussi né à ce moment-là, pour ne pas dire de ce moment-là. Le 20 juin 2010, avait lieu dans le quartier une manifestation pour la « sécurité », organisée par diverses associations censées représenter la dite « communauté asiatique » pour demander aux autorités le renforcement d’un arsenal répressif pourtant déjà bien présent (plus de flics, de caméras, de sanctions, facilitation des plaintes, prévention, etc.). Durant cette manifestation, de violentes échauffourées ont éclaté entre des centaines de manifestants et la police, harcelée physiquement pendant quelques heures car accusée de mal faire son travail, de ne pas protéger la communauté asiatique de Paris contre les agressions et la délinquance de misère (vols, braquage de recettes de restaurants, etc.) mais aussi des agressions racistes indéniables qui frappent malheureusement les personnes désignées comme asiatiques à Paris.

Face à la détermination des émeutiers, la police (qui commençait à essuyer de nombreux dégats sur ses véhicules et des blessés plus ou moins touchés), par un tour de magie téléguidé par la préfecture, s’engagea dans une stratégie de repli programmé, lâchant un impressionnant nuage de gaz lacrymogènes qui lorsqu’il se dissipera laissera entrevoir le spectacle de sa disparition. La colère des émeutiers se redirigera donc, au bénéfice du pouvoir, contre d’autres pauvres, contre quelques gamins isolés et identifiés par la vindicte populaire comme des « voleurs » à punir, par des critères tels que la tenue vestimentaire et la couleur de peau. Comme si le problème c’était le vol, et pas les flics… Ces quelques gamins, qui étaient là au mauvais moment au mauvais endroit, et qui étaient venus eux aussi saisir l’occasion pour en découdre avec la police, seront lynchés par des meutes de racistes en transe, parce que noirs, parce qu’habillés en survêtement à capuche, sous les yeux médusés des quelques bobos qui n’avaient pas encore fui la zone de guerre (on vient à Belleville comme on va au zoo ou pour aller aux Follies, pas pour se faire gazer, dussent-ils se dire). Où quand une manifestation soi-disant opposée à un racisme spécifique, devient raciste tout court…

Mais pourquoi reparlons-nous de cet épisode inquiétant ? Parce que c’est suite à ce conflit de rue que des politiciens autoproclamés « représentants des asiatiques de Paris » ont obtenu, suite à de nombreuses négociations, le renforcement des dispositifs de flicage de Belleville (création de la BST, arrivée des Correspondants de Nuit, de nouvelles caméras, de nouvelles patrouilles offertes par Guéant « pour répondre au malaise de la communauté chinoise de Belleville », etc). Ce même flicage qui, pour en revenir au 19 décembre dernier, raflait au faciès tout ce qui ressemblait de loin à un/e asiatique pour l’expulser hors de France, hors de là où il vit son quotidien. Chacun peut donc se faire son idée sur ces pseudo-représentants de la dite « communauté asiatique », et sur les intérêts qu’ils servent réellement. Pour être encore plus clairs : en prétendant protéger la dite « communauté asiatique » : avec plus de flics, voici que le retour de bâton se présente violemment, au son des pleurs de celles et ceux qu’ils prétendaient protéger. Car ce sont les mêmes flics que l’on appelle pour régler ses conflits un jour, et qui demain nous raflent, nous enferment et nous tuent. Encore une bonne raison de prendre conscience du fait que les flics ne seront JAMAIS nos amis, mais toujours les bulldogs de la guerre aux pauvres.

Les dits représentants de la « communauté asiatique » se nomment par exemple « association des commerçants de Belleville » (créée suite à la manif) et chacun peut aller leur dire un mot (ou autre). Leur président, la balance Patrick Huang, dont nous vous avions déjà parlé dans notre n°6, est lui le patron du bar-tabac Le Celtic, vous pouvez prendre contact avec lui de la manière qui vous sied, car il vous accueillera avec plaisir au 20, Rue de Belleville. Mais n’oubliez pas que ce chevalier du bien a la plainte facile, probablement même avec ses amis.

La police, elle, compte environ une quarantaine de suicides par an, pas étonnant avec un boulot dégueulasse comme le leur, voila donc une bonne résolution pour une nouvelle année belle et rebelle.

Et sabotons la machine à expulser, encore et toujours.

Approfondir
Pour plus d’informations sur les émeutes sécuritaires et réactionnaires de 2010 à Belleville, voir le recueil de textes : « Retour sur la récente flambée sécuritaire, réactionnaire et raciste à Belleville – Témoignages, textes et analyses collectés, recueillis et diffusés par des anarchistes du quartier pour que ce genre de choses n’arrivent plus et pour que d’autres émergent », disponible sur le site du bulletin, rubrique « Retour à Belleville ».
Pour approfondir la question de l’occupation policière du quartier, nous vous conseillons la lecture de Lucioles n°4, un numéro spécial avec une « Contre-enquête sur les dessous de la militarisation de Belleville », mais aussi l’article « Belleville militarisé » dans le n°3. Tous les numéros du bulletin sont consultables sur le site.

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Quelle vérité, quelle justice ?

Les « bavures » policières… les flics qui rackettent, insultent, tabassent, mutilent, violent, assassinent… Les serviteurs de l’État en parlent comme s’il s’agissait de faits rares et isolés, conséquences de circonstances malheureuses ou, dans le pire des cas, dus à quelques « fruits pourris ». Cela revient à dire que, dans leur ensemble, les forces de l’ordre seraient de preux chevaliers au service du bien. Et de toute façon leur travail serait indispensable pour la société… Il suffit pourtant d’ouvrir un peu les yeux pour se rendre compte que la violence est l’essence même du pouvoir. Une violence qui est souvent cachée ou considérée comme « normale », comme si exploiter, violenter, enfermer, assassiner quelqu’un pouvait être normal.
Trop souvent, face aux violences des flics, les victimes et/ou leurs proches ne condamnent que le comportement policier dans le cas précis qui les concerne. L’existence de l’institution policière et du pouvoir qu’elle sert n’est presque jamais remise en question. Machin se fait buter par les keufs ? Ses proches font des démarches légales, des marches silencieuses, étouffent leur propre colère et essaient de calmer la rage de ceux et celles qui crient vengeance. Ils dénoncent les dérives racistes, fascistes, antidémocratiques de certaines parties des forces de l’ordre. Ils font appel à la loi, cette loi qui existe précisément pour défendre la domination et l’exploitation.

Combien de fois entend-on réclamer « vérité et justice » ? Vérité : que le comportement « criminel » de quelque flic soit reconnu (et, du coup, que le comportement « correct » soit rétabli). Justice : que les responsables soient punis (pour que le système reste le même). Et à qui les réclame-t-on ? A la Justice, celle des tribunaux, bien sûr ! Cette Justice pour laquelle les flics travaillent et qui n’existerait pas sans police. Quelle vérité et quelle justice, donc ? Celles que la Justice, instrument du pouvoir politique, économique et moral, voudra bien nous accorder. Cela revient à cautionner le pouvoir lui-même et ses serviteurs. Il s’agit d’un cercle vicieux d’où on ne sait plus sortir.

Le pouvoir peut parfois trouver utile de châtier (presque toujours de façon symbolique, mais le problème n’est pas là) un comportement de ses gros bras perçu comme excessif. On est en démocratie, ne l’oublions pas ! Et les « doléances » des sujets, si elles ne remettent en cause que des détails du système, pas son ensemble, lui sont utiles. Tout en faisant mine d’être à l’écoute de ses sujets, le pouvoir peut corriger ses failles et ses excès. Cela le renforce : il élimine des frictions dans son fonctionnement.

Tant qu’il y aura de la police, il y aura des violences policières, par erreur ou bien à dessein, quand le pouvoir décide d’avoir recours à cette force que d’habitude il garde de côté. Mais dans des situations ordinaires, les forces de l’ordre sont bien plus efficaces si elles paraissent attentives aux droits des citoyens. Le conte de fées de la démocratie et des droits de l’homme peut ainsi continuer…
Qui croit au flic gentil ? C’est toujours un flic et il fait sont sale boulot mieux (avec moins de résistances et frictions) que le flic brutal. Mais imaginons un instant que ça soit possible une police tout à fait « gentille », « démocratique » et respectueuse de nos supposés « droits ». Qu’est-ce que ça voudrait dire ? Que de l’autre côté la population serait docile et « gentille » elle aussi. Un pouvoir qui se couvre du masque de la démocratie, ce mensonge colossal, trouverait son intérêt dans une police qui ne ferait presque pas, voire pas du tout, usage de la force. Cela signifierait que de l’autre côté il y aurait des sujets qui obéissent sans faute. Le bon chien de berger est doux car les moutons sont bien obéissants… Vouloir une police qui fasse « bien » son travail, revient donc à souhaiter sa propre soumission la plus complète. Il n’y aurait plus besoin de matraque parce que chacun et chacune aurait déjà un flic, le plus puissant de tous, dans sa tête.

Le problème fondamental est ailleurs que dans la violence ponctuelle des bleus. Il est dans l’existence même de la police, dans l’existence même de l’État qu’elle sert, dans l’existence même d’une société fondée sur l’autorité et la servitude. C’est pour ça que nous ne voulons pas de police, même pas la plus démocratique, surtout pas la plus démocratique. Pas seulement parce que les flics sont des assassins. Mais parce que le système qu’ils défendent et imposent, le monde qui a besoin de la police, est lui-même, toujours, mortifère. Parce que nous ne voulons plus d’autorité. Parce que nous voulons être libres.

Et comment elle marcherait la société, sans police ? Cette société-là ne marcherait peut-être pas, ou difficilement sans elle. Mais, nous l’avons dit, le problème de fond est bien ce monde. Et le désir de liberté porte avec lui la semence d’un autre monde, qui poussera sur les ruines de celui-ci.

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Lucioles n°14 – décembre 2013

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La fête, c’est quand leur société se pète la gueule !

Il y a longtemps que les origines religieuses de Noël ne préoccupent plus grand monde (et tant mieux), et pourtant, le rôle de soupape de cette fête lui a conservé une place de choix dans le calendrier : les fêtes de fin d’année, ce sont des moments qui nous donnent l’illusion de pouvoir oublier le quotidien chiant à mourir, en cassant pour quelques jours la routine métro-boulot-dodo, en noyant la monotonie dans du vin chaud et des paquets colorés. Avec la magie de Noël sensée rassembler tout le monde, au-delà des classes et des hostilités, on oubliera presque l’arnaque de nos vies que sont les politiciens et autres gestionnaires de l’ordre et de la misère, on sera content de voir le président nous souhaiter un Joyeux Noël, dans un climat proche d’une « union nationale » sous le drapeau de la consommation. Les guirlandes lumineuses et les sapins dans la rue nous feront oublier pour quelques semaines la laideur de la ville (ou l’accentueront…), les vitrines remplies et les publicités nous feront croire que le bonheur se trouve à portée de porte-monnaie.

Noël n’est que la fête de la consommation, une occasion en or pour cette société de rendre les pauvres encore plus pauvres (mais bon, c’est pour la croissance !). On voudrait nous faire croire qu’un cadeau, plus il est cher, plus il fait plaisir… pour vider les porte-monnaie et remplir les poches de mille gadgets inutiles qui seront déjà démodés dans trois mois, et qui tenteront de nous faire croire qu’avec eux disparaîtront la solitude, l’isolement, la misère affective et relationnelle, l’ennui, en bref le manque de Vie…

On n’a pas besoin de dépenser pour s’amuser, tout ce qu’on offrira ce sera notre haine de la marchandise et de l’exploitation qui nous empêchent de vivre libres.

Pas de vacances pour la rébellion !

PS : pour calmer ta nausée face à toute cette merde, sache que le dernier score pour la nuit du nouvel an 2013 est de 1193 voitures cramées en France, dont 209 en région parisienne… record à battre ! (et attention aux flics en surnombre ce soir-là)

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