Imposer l’ordre moral à coup de marteau – Communiqué de La Discordia

Nous recevons et diffusons en solidarité :

« Non nous ne voulons rattraper personne. Mais nous voulons marcher tout le temps, la nuit et le jour, en compagnie de l’homme, de tous les hommes. Il s’agit de ne pas étirer la caravane, car alors, chaque rang perçoit à peine celui qui le précède, et les hommes qui ne se reconnaissent plus, se rencontrent de moins en moins, se parlent de moins en moins ».
Frantz Fanon, Les damnés de la terre.

Dans la nuit du 21 avril 2016, toutes les vitres de La Discordia ont été détruites à coup de marteau. Un tag a été posé à côté  : « raciste ».

C’est la troisième fois que nos locaux reçoivent ce genre de visites nocturnes :
Communiqué de La Discordia suite à quelques dégradations
Gribouillis gribouillas : Bis repetita placent

Cette fois ci encore, il s’agit de s’en prendre à La Discordia pour avoir vocalisé publiquement un refus révolutionnaire non-négociable des rackets politiques religieux comme racialistes sur l’extrême gauche depuis les attentats de 2015 à Paris. Il s’agit d’interdire une parole, de s’arroger le pouvoir de décider qui peut parler et ce qui doit être dit. Globalement, il s’agit de jeux de pouvoirs mafieux pour imposer une hégémonie politique sur une mouvance déliquescente avec les armes toujours morales de la culpabilité et du ressentiment. Et si jusque-là, tout le monde avait déjà plus ou moins exprimé son soutien suite aux deux « attaques » précédentes, mais de façon plus ou moins informelle, c’est à la solidarité que nous appelons aujourd’hui. Une solidarité publique et visible, dans laquelle chacun pourra mettre de ce qu’il est, plutôt que de se ranger derrière un même son de cloche, comme nos ennemis du jour. Nous n’appelons donc personne à se ranger derrière La Discordia ou ses perspectives anarchistes particulières, mais plutôt à élargir la question, à signifier que ce refus n’appartient pas qu’à quelques uns, mais à tous les révolutionnaires, qu’il est constitutif de toute pensée émancipatrice.

Pourquoi ces attaques ? Parce que La Discordia est un des seuls endroits publics du milieu où sont exprimées et débattues publiquement des positions anti-religieuses et d’un antiracisme conséquent (c’est-à-dire contre toute idée de « race », même issue de la gauche), et sans complaisance avec ceux qui justement, font de la complaisance un rapport total à la politique, les nouveaux démagogues. La grosse participation aux débats traitant de ces thèmes, ainsi que de nombreuses discussions avec des camarades plus ou moins proches, nous disent qu’il y a une perception diffuse que quelque chose de pernicieux est en train de trouver sa place dans le milieu « radical » français. On y croise des défenses de la religion et de la foi, on y voit des formes de séparations sur des critères biologiques et génétiques que personne n’a choisi... Ce que les dictionnaires nomment sans timidité ségrégation. Mais on voit aussi que de plus en plus de camarades s’aperçoivent de ces dangers et prennent position. Malheureusement, trop peu nombreuses sont les prises de position publiques. Cela permet à quelques illuminés de la dernière averse, qui se croient avant-garde de quelque courant identitaire pseudo-subversif, de penser que La Discordia est seule à critiquer l’idée de « race » et à porter le refus de la religion, drôle d’idée. Pour le dire franchement : on s’en prend aussi à nous à cause du silence de trop d’autres sur ces sujets.

Pourquoi cela arrive-t-il en ce moment, alors que nous sommes tous concentrés ailleurs, sur ce qui se passe dans la rue (et pas que) ? Parce que, visiblement, pour ceux qui portent les idées de race et la théophilie, celles-ci sont plus importantes que le conflit contre l’État et le Capital. Encore une fois, aucun autre signe d’attaque n’a été relevé dans le quartier cette nuit là, ni banques ni églises ni permanences politiques, juste une bibliothèque anarchiste.

Comme nous l’avions déjà souligné, c’est par la faiblesse du rapport de force que les révolutionnaires se retrouvent à attaquer l’ennemi avec des moyens comme ceux employés contre La Discordia. Parce qu’au corps à corps avec l’État, personne ne peut gagner (à moins de devenir soi-même un État ou un État en puissance). Employer des pratiques « asymétriques » contre une bibliothèque anarchiste au fonctionnement autonome est bien la plus imbécile et lâche des pratiques. Rappelons également que les révolutionnaires, lorsqu’ils ne sont pas d’accord, prennent des chemins différents, ou bien ils s’expliquent et/ou se critiquent, ils ne se mettent pas anonymement du caca dans la boite au lettre. Mais dans la décomposition actuelle des mouvances « radicales », plus rien n’étonne. Les gens qui font vivre La Discordia sont présents dans les luttes sociales, les assemblées, les moments collectifs, et n’ont jamais masqué leurs idées, au contraire. Aucune opposition ne leur a été offerte. Aucun texte, aucune accusation, pas même une insulte avec un visage et un corps pour les assumer. Cette accusation grave de racisme, qui pour la troisième fois s’exprime sur des murs et depuis un moment dans des commentaires anonymes dans le monde virtuel n’a jamais été assumée par aucun individu, groupe ou collectif dans la vraie vie, ni par la parole ni par l’écrit. La brutalité exercée contre nos locaux n’est donc que le signe d’une faiblesse et d’une lâcheté patente, et d’une absence totale de capacité à argumenter.

Pourtant, l’honnêteté est la distance la plus courte entre deux individus.

Mais comment défendre l’idée de race ou de dieu auprès d’anti-autoritaires, d’autonomes, de communistes, d’anarchistes qui, depuis des siècles, travaillent à se libérer eux-mêmes et le monde de leur joug ? Ou auprès de tout autre courant de pensée fondé sur la critique de dieu, de l’État, et des identités imaginaires. De Marx et Bakounine à Malatesta ou Fanon.
Il s’agit pour ces quelques pathologies politiques sur patte, d’éradiquer cet héritage révolutionnaire qu’ils méconnaissent, qui les dérange profondément, et qu’ils associent fallacieusement à la pseudo « race blanche » (dont ils feraient partie pour l’immense majorité, si toutefois elle existait vraiment). Alors pour contrer cet héritage, il faudrait mobiliser l’islamisme politique, les milieux associatifs communautaires et identitaires sous perfusion étatique, les filières du carriérisme universitaire et autres formes de la réaction bourgeoise et/ou conservatrice. Il s’agit pour eux de rejeter en bloc tout ce qui ressemble de prés ou de loin à une hypothèse universaliste qui remettrait en cause les petites identités en kit préfabriqués, et derrière lesquelles il faudrait que nous abolissions toute singularité et toute altérité. Quitte à s’organiser avec des partisans de feu la « manif pour tous ». La responsabilité collective est l’arme favorite de l’extrême droite et des racistes, mais encore faudrait-il s’intéresser à ses propres « idées » pour s’en rendre compte. Parce que c’est seulement à la séparation des exploités que mènent les logiques identitaires et particularistes.

Nous ne doutons pas de la sincérité de ces énergumènes sous pavillon « anti-raciste », comme nous ne doutons pas de la sincérité de leurs faux-ennemis, qui avec les mêmes mots, les mêmes méthodes, les mêmes concepts et les mêmes aspirations cherchent à atteindre les mêmes buts : la division, l’éclatement des solidarités entre des exploités qu’ils s’acharnent à délimiter, démarquer, diviser et compartimenter dans des frontières étroites, qu’elles soient physiques ou mentales, pour que jamais leurs révoltes ne se rencontrent, ou bien le cas échéant, pour qu’elles se séparent. Au profit, toujours, du pouvoir.
En changeant quelques mots-clés on s’aperçoit aisément que les discours et les valeurs de cette extrême gauche du Capital qui ne cherche qu’à gratter des miettes sont les mêmes que ceux de l’extrême droite, ils sont façonnés par la même absence d’imaginaire émancipateur, ils visent tous, par le biais notamment de la religion, de l’ethno-differentialisme, de l’homophobie ou du virilisme, à l’encasernement normatif et prescriptif de l’identité et de la communauté. C’est le Zarathoustra de Nietzsche qui conseillait : « Veux-tu avoir la vie facile? Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui ».

Casser les vitres d’une bibliothèque anarchiste comme un enfant casse un Rubik’s Cube qu’il ne parvient pas à résoudre, par inconséquence, par défaut d’intelligence et de maturité, et dans ce cas précis, on pourra parler de débilité légère, est bien l’attaque la plus glorieuse de l’année, même pas foutue d’être revendiquée, et donc expliquée, argumentée, assumée politiquement. On préfère racler les fonds de poubelles. Aujourd’hui, les idiots du village alternatif ont encore « frappés ». Leur lâcheté n’égale que leur impuissance chronique à développer la moindre analyse sérieuse pour contrer les perspectives de révolution internationaliste qu’ils craignent en gigotant bruyamment. La lâcheté de ne pas savoir défendre ses idées face à des visages qui peuvent répondre, plutôt que des vitres, qui ne feront que coûter des centaines d’euros à quelques galériens pour qui la lutte est toujours passée avant la subsistance. Était-ce le but ? Attaquer un projet anarchiste au portefeuille ? Pomper des centaines d’euros à des chômeurs et RSAstes déjà en plein dans le viseur de la répression ? Nos ennemis communs raffolent de vos envolées, et vous confirmez que, parfois, les ennemis de nos ennemis sont aussi nos ennemis (en effet, qu’est ce que des révolutionnaires auraient encore en commun avec des philo-religieux qui pensent que l’humanité se divise en « races » ? ).

En tant que révolutionnaires, nous ne pensons pas que la violence soit une arme qui se substitue à la critique et à la parole, mais qui les accompagne habilement, avec une idée claire de qui sont les ennemis, et de quels rapports sociaux ils sont les défenseurs. Des individus qui identifient leurs ennemis de la sorte, et considèrent, en plein mouvement social qui n’arrête pas de commencer, alors que de nombreux camarades et compagnons défilent devant la justice, que l’urgence est à s’acharner sur les vitres de La Discordia, sont a minima, des ennemis absolus de l’intelligence.
L’attaque ne doit pas être employée pour combler la vacuité théorique de quelques hooligans qui ne connaissent que les fonctions reptiliennes de leurs cerveaux.
Maintenant que le roitelet est nu, tout le monde peut apprécier le spectacle racialiste et philo-religieux dans toute sa superbe, la politique du marteau pour masquer la faiblesse et l’entrain déjà mort de cette mode identitaire, passagère et déjà sur le déclin. Il serait temps de réfléchir à cette montée de l’identitarisme dans nos milieux, qu’est-ce qui a permis cela, qui et comment ? A celles et ceux qui, déconstruits parmi les déconstruits, s’échinent à répéter « check your privileges », nous leur répondons, « check your responsabilities ». De même, pour celles et ceux qui sur les « réseaux sociaux » ont parlé de nous casser la gueule, d’attaquer La Discordia au Molotov, et autres bravades virtuelles, un travail est en cours pour régler des additions salées et donner toutes leurs conséquences aux mots qui planent jusque-là sur des écrans sécurisants.

La sécurité des personnes qui, toujours plus, viennent aux débats et aux permanences de La Discordia sera bien sûr assurée de façon adaptée. Tout soutien matériel et physique est le bienvenu, et nous tenons à remercier tous les compagnons et camarades qui nous ont déjà apporté leur soutien, de différentes manières (toujours appréciées), de Paris aux quatre coins du globe, en passant par nos voisins.
Mais c’est surtout à la solidarité dans l’élaboration théorique, le fond de l’affaire, que nous appelons aujourd’hui. Le projet révolutionnaire que nous portons aux cotés de nombreux autres nécessite des prises de position claires et fortes, parfois inconfortables, parfois clivantes, et souvent minoritaires.
Que chacun et chacune, donc, de la manière qui lui semblera la plus appropriée, s’attaque aux idées de races et de Dieu partout où elles se trouvent, pour paraphraser Joseph Déjacque, « par le bras et le cœur, par la parole et la plume, par le poignard et le fusil, par l’ironie et l’imprécation, par le pillage et l’adultère, par l’empoisonnement et l’incendie ». Souvenons-nous qu’une attaque contre des révolutionnaires parce qu’ils sont révolutionnaires, est une attaque contre tous les révolutionnaires.

Quant à nous, nous ne sommes pas de ceux qui se rendent.
Ni dieu ni maître, ni race ni prophète.

On ne fait pas la contre-révolution en cassant des vitrines.

Les discordistes.

https://ladiscordia.noblogs.org/
ladiscordia(at)riseup.net

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Lucioles n°24 – février 2016

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Lucioles n°23 – août 2015

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Lucioles n°22 – avril 2015

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Lucioles n°21 – février 2015

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Lucioles n°20 – décembre 2014

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Lucioles n°19 – octobre 2014

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Lucioles n°18 – août 2014

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Lucioles n°17 – mai 2014

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Lucioles n°16 – mars 2014

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Lucioles n°15 – février 2014

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Lucioles n°14 – décembre 2013

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Lucioles n°13 – novembre 2013

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Lucioles n°12 – octobre 2013

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Lucioles n°11 – septembre 2013

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Lucioles n°10 – juin 2013

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Lucioles n°9 – mai 2013

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Lucioles n°8 – avril 2013

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[Après un hiatus d’une petite dizaine de mois, nous sommes heureux d’annoncer la sortie d’un nouveau numéro de Lucioles, sous une autre forme.  Dorénavant le bulletin sortira plus régulièrement, et son format sera plus réappropriable qu’auparavant.]

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Lucioles n°7 – juillet/août 2012

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Lucioles n°6 – février/mars 2012

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Lucioles n°5 – novembre/décembre 2011

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Lucioles n°4 (numéro spécial) – août/septembre 2011

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Lucioles n°3 – juin/juillet 2011

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Lucioles n°2 – janvier/février 2011

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Lucioles n°1 – novembre/décembre 2010

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nous vivons pour marcher sur la tête des rois !

tumblr_n3tb6vXqoc1qbrntno1_500“O gentilshommes, la vie est courte…
Si nous vivons, nous vivons pour
marcher sur la tête des rois..”

Des corps, qui jonchent les terrasses de plusieurs cafés, recouverts de bâches, de draps … L’horreur de la boucherie qui a eu lieu dans cette salle de spectacle. Cela semble surréaliste.

Impossible de se faire à cet état de fait. Qu’il y ait des fanatiques, des fous de dieu, qui au nom de leur religion mettent, sans discrimination, une balle dans la peau de tous les gens vivants qui ont le malheur de croiser leur chemin. Des kamikazes sur-entraînés à qui des chefs religieux autoproclamés ont promis qu’ils iront au paradis en emportant avec eux le plus de gens possibles dans leur folie meurtrière. Et le seul but de tout ça c’est d’imposer la terreur. Faire sentir l’odeur du sang à ceux et celles qui vivent dans une société pacifiée, bien loin des batailles que mène l’armée d’une nation qu’ils n’ont pas choisi. Punir une population parce qu’un État a décidé de mener une guerre, rendre responsables des personnes qui n’ont pas eu leur mot à dire dans ces décisions. Se venger d’un État, de la façon la plus lâche et facile, en n’atteignant pas les concernés, mais en cassant des œufs juste pour faire une démonstration de force, en faisant une omelette sanguinolente.

On se sent concernés. Concernés par ce genre de massacres indiscriminés, qui ne voient dans chaque individu que des vies à prendre, des corps dans lesquels mettre des balles, juste pour s’être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, pour avoir eu la malchance de croiser le canon de l’un de ces fous de dieu, qui sont nos ennemis au même titre que l’État, et quelle que soit l’idéologie de ces fanatiques. Ces fous de dieu qui aujourd’hui accomplissent au nom de leur fanatisme religieux des massacres en Syrie, en Irak, en Tunisie, au Niger, en Égypte, au Liban, et à Paris … Mais on sait que, sous d’autres idéologies, d’autres ont perpétré et perpètrent encore ailleurs dans le monde des actes qui ne visent qu’à dégommer de façon aléatoire au nom d’idées ennemies de la liberté. Et nous parlons ici de la liberté entière, totale et indivisible. Celle de blasphémer contre toute autorité et détruire tous les pouvoirs, qu’ils résident dans les livres sacrés ou aux frontispices des États. Et pas celle que l’État agite comme un hochet, alors qu’il nous gouverne, lui aussi, par la terreur.

On ne sait plus où donner de la tête. D’un côté il y a cette horreur, toutes ces vies brisées par quelques minutes de rafale, et on se dit que ça n’est pas terminé, et que pour cette fois on a eu de la « chance ».

Et de l’autre, il y a la réponse de l’État. L’état d’urgence, prolongé de 3 mois. Le pouvoir de l’État sur nos vies et nos activités qui est décuplé. Les convocations, les assignations à résidence, les perquisitions à domicile de jour comme de nuit, l’interdiction de manifester, l’évocation de la déchéance de nationalité, et la menace qui plane sur tous ceux qui ont une fiche S, attribuée autant aux fanatiques religieux qu’aux révolutionnaires et tant d’autres, comme pour les mettre dans le même panier. Et puis il y a le déploiement de militaires et de flics dans les rues, toujours plus, qui éprouvent le besoin de nous faire une démonstration du pouvoir supplémentaire que l’État leur a donné. Et cette fameuse « Unité nationale » évoquée pendant quelques jours après les attentats. L’ennemie des révolutionnaires, de ceux qui veulent se débarrasser de l’État, et non pas le voir se fortifier opportunément dans un tel contexte. Celle qui fait que des foules viennent se recueillir sur ces lieux de mort en entonnant la Marseillaise, drapés de drapeaux français, et criant des « vive la France, vive la République ». Ces foules qui parlent de liberté, comme si avant cette tragédie nous étions libres. Ce qui d’une certaine manière revient à accepter l’état d’urgence, de se dire que ce sont ces fous de dieu qui nous ont pris notre liberté, et dédouaner ainsi totalement l’État, lui trouver des excuses. La même unité nationale qui fait accepter l’emprise de l’État sur nos vies, c’est aussi celle qui fait se rassembler les responsables religieux, alors que ce sont eux, quels qu’ils soient, qui nourrissent le fanatisme, quand bien même ils se disent modérés.

Ce qu’ils veulent, des deux côtés, c’est que nous vivions dans la peur, et que nous arrêtions d’être vivants, que l’on change nos habitudes, que l’on se résigne à rester sagement chez nous, à ne pas élever de critiques. Mais nous n’accepterons pas cette terreur qu’ils nous imposent. Ce silence de mort qu’ils veulent faire régner. Et nous n’accepterons jamais les alternatives que nous offrent les États, qui sont eux-mêmes capables de toute la terreur qu’on leur connaît, souvent sous pavillon « anti-terroriste ».

Ainsi, au sel de nos larmes, nous joignons le piment de notre rage de vivre, et de notre désir de révolte.

Ils ne pourront pas faire de nous des résignés.

Soyons vivants et révoltés, contre tous les pouvoirs !

Ni religions, ni nationalisme !

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Brèves – février 2016

• État d’urgence, quelques chiffres – Depuis l’établissement de l’État d’urgence, les flics s’en donnent à cœur joie. En moins de trois mois (mais la cadence a drastiquement diminué avec le temps) il y a eu environ 3300 perquisitions, 341 garde-à-vue, 571 procédures judiciaires et 407 assignations à résidence (dont 303 toujours en vigueur). Elles visent surtout des individus définis comme « musulmans », mais aussi comme « délinquants » et « criminels » : braqueurs, dealers, révolutionnaires, etc. Et voilà que le gouvernement vient de le prolonger jusqu’au 26 mai. Mais ils n’arrêteront pas notre rage !

• Contre l’État d’urgence, contre le PS – Vers la mi-février, 5 locaux du Parti Socialiste au pouvoir ont eu leurs vitrines défoncées à Paris et en Seine Saint Denis : dans le IIIème (40, rue Charlot), le XVème (36, rue Mathurin Régnier), le Vème (328, rue St Jacques), aux Lilas (rue du 14 Juillet) et au Pré Saint Gervais (33 rue Gabriel Péri). Un communiqué paru sur internet affirme qu’il s’agit de s’opposer à l’état d’urgence et à l’État tout court, plutôt que de fricoter avec des bigots, de demander justice… à la justice ou manifester conte l’état d’urgence avec les partis politiques qui… l’ont voté ! Parmi d’autres pratiques politiciennes de l’extrême gauche du pouvoir.

• Même avant l’état d’urgence… – Les services de renseignement de l’État n’ont jamais attendu l’établissement de l’état d’urgence, ou de nouvelles lois pour faire ce qu’ils veulent et espionner celles et ceux qui ne lui conviennent pas. Dans ce cas, avec la collaboration bienveillante de la direction d’une école « Montessori » pour habitants aisés d’un quartier pas aisé. Fin septembre, les compagnons de la Bibliothèque anarchiste La Discordia, dans le XIXème, découvrent qu’une caméra, positionnée derrière une des fenêtres de l’école, pointe sur la devanture de la bibliothèque. Il suffit d’une discussion avec une responsable, pour que celle-ci admette qu’elle a été placée par les barbouzes. Depuis, l’œil indiscret de l’État a été récupéré de force et détruit par les compagnons, il dort désormais, non loin de là, au fond du Canal de l’Ourcq. La directrice, elle, a été virée, tandis que des flics ont tentés de pénétrer de force dans la bibliothèque une semaine plus tard, mais sans aucun succès.

• Comment accommoder le maton – Deux matonnes de la prison de Meaux se sont faites délibérément rouler dessus par une voiture lorsqu’elles allaient accomplir leur sale tache quotidienne vers la mi-janvier. L’une des deux a fini à l’hosto dans un état grave.
A Évreux, dans l’Eure, un maton a été menacé par un groupe de personnes cagoulées qui l’ont encerclé pendant qu’il était à un feu rouge, en allant à son taf. Quelques jours plus tard, trois voitures de matons, garées sur le parking de la taule, ont été dégradées.
Des détenus aussi ne se plient pas à leur situation et agressent leurs bourreaux. Ça a été le cas à la prison de Nantes le 2 février, quand un détenu avec un bras plâtré a essayé de frapper deux matons. Le 27 janvier dans la taule de Nantes, un prisonnier à durement tabassé un gardien, tout comme c’est arrivé à Brest le 24, quand deux détenus ont appelé les matons dans leur cellule pour leur sauter dessus.
Pour finir en beauté sur la carcérale, le dimanche 13 décembre, le feu a été bouté à huit fourgons cellulaires que les matons utilisent pour trimbaler les détenus vers les tribunaux. Cela dans le parking même de la Maison d’Arrêt du Val-d’Oise, à Osny ! Une belle maniéré d’enrayer la justice.

• Tiens, filme ça ! – Des journaliste d’une télé belge, venus filmer le spectacle pourris de la COP21, ont trouvé leur camion de retransmission par satellite détruit par le feu, pas très loin du Stade de France, à Saint Denis, le matin du 12 décembre. Les médias ? Toujours des ennemis des révoltés !

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« Réinventer Paris » mon cul !

tumblr_n6futkwTya1spd3xio2_r4_500L’appel à des «projets urbains innovants destinés à dessiner le Paris de demain» vient de se clore. Ce sont un total de 22 projets architecturaux futuristes qui ont été sélectionnés. Les mots qui reviennent au fil des descriptions sont « écologie urbaine », « coworking », « culture »… Bien entendu, ce sont des projets dont le commun des mortels, qui ne fréquente pas les salles de danse, qui ne fait pas du coworking (reste encore à savoir ce que c’est), qui ne va pas dans des hôtels ou qui n’a simplement pas les moyens de louer un grand appartement avec un jardin sur son balcon, même si ça semble fort sympathique, ne pourra pas profiter.

Il y a un projet que nous retiendrons tout particulièrement, c’est celui de la « Serre habitée » au 57-59 rue Piat, en plein cœur de Belleville. Ce bâtiment « innovant » (structure en bois et serre sur le toit) sera habité par 24 étudiants en architecture chargés de fignoler eux-mêmes l’édifice dont ils auront accompagné la gestation. Bref, ce ne sont pas des pauvres qui seront logés au 57-59 rue Piat, mais de ceux qui collaborent à « réinventer » Paris, ou pour le dire avec nos mots, à embourgeoiser les quartiers qui ne le sont pas encore totalement, car non, on ne « réinvente » pas avec des pauvres, mais avec des architectes, des artistes, en somme, des riches dont le statut social permet une imagination débordante lorsqu’il s’agit de se construire son petit nid douillet.

Belleville, comme la plupart des autres quartiers pauvres de Paris, est sous le coup d’un phénomène d’embourgeoisement. Les sociologues appelleront cela « gentrification », eux qui sont exactement la gentry, ils connaissent bien leur sujet, vous pouvez leur faire confiance. Tout le monde ici peut observer ce phénomène au quotidien. Au fur et à mesure que s’installent de nouvelles populations plus solvables, votantes, dociles et aisées, au fur et à mesure que s’ouvrent de nouvelles galeries d’art immondes et égotistes, au fur et à mesure des rénovations de façades, etc. C’est toujours les mêmes qui devront dégager, ceux là-mêmes qui font déjà face à la misère, aux tribunaux, aux flics, aux matons, aux patrons, ceux-là même qu’on enverra se faire trouer à la première guerre venue contre une médaille de papier pendant que les autres promèneront leurs poussettes sur les quais de Seine sur le chemin du bureau de vote. Parce qu’ils aiment ça la mixité sociale, ça leur donne le sentiment d’être bons, de se mêler aux pauvres, d’effacer les différences, d’être tolérants, multiculturels et mignons tout plein. Mais ici, on est beaucoup à avoir compris que leur « mixité sociale » n’est qu’un euphémisme de la guerre aux pauvres menée à coups de flics et de fric dans les quartiers de la capitale. Il suffit de regarder ce qu’il se passe à la Goutte d’Or pour comprendre à quelle sauce nous nous faisons manger. Nous l’avons compris le jour où nous avons vu augmenter nos loyers, ce même jour où s’ouvraient leurs galeries et leurs boutiques de bobos, où leurs bars type Folies ou Les Triplettes se sont remplis des têtes à claque de hipsters qui tous les samedis soirs rentrent de Belleville dans leurs quartiers bourges, « parce que l’ambiance est sympa, mais l’insécurité c’est trop l’angoisse, tu vois ? ».

Mais qu’on ne se leurre pas. Ce constat amer ne se situe nullement dans la lignée des quelques pleureuses qui, il y a quelques mois, collaient sur tous les murs leur pétition « À qui vend-on Belleville ? » Que voulaient-ils sauver au juste avec leur pétition et réunions publiques ? La métallerie Gresillon, spécialiste des grilles et clôtures, qui s’illustre par son travail pour les expulseurs de la SNCF, le musée de la Marine, l’Assemblée Nationale, la mairie des Balkany (ces merdes humaines), ou bien ces mêmes hôtels qui aujourd’hui voudraient la remplacer, ironie du sort.

Les deux plus grands constructeurs de prisons et de tribunaux, Bouygues et Vinci, sont en train de reconstruire et de réaménager la rue Ramponneau pour le compte de la Semaest, une officine des recordmans de l’expulsion de la mairie de Paris, cela ne leur met-il pas la puce à l’oreille ? N’y a-t-il que le sort de la « dernière métallerie de Paris » et de quelques ateliers d’artistes qui les intéresse ?

Concernant la petite problématique que posent ceux qui militent pour « sauver Belleville », une idée très simple nous vient : qu’ils cessent de provoquer ce dont ils se plaignent. Avec leurs petites ritournelles poujadistes (Poujade n’était il pas comme eux, un grand défenseur des petits commerçants et artisans?), avec leurs petits rêves sans ambitions de « démocratie locale » et autres naïveries qui ne sont que des alternatives à cette merde sociale. Nous, de notre part, on ne veut pas perdre de vue le tableau plus large, celui de la guerre pour la liberté qui se mène aux quatre coins du monde depuis la nuit des temps, par le seul moyen que ne peuvent contrôler les puissants : la révolte sans chef et l’insurrection.

Nous sommes las de leurs illusions, de leurs négociations, de leurs « petites victoires du quotidien », de leur citoyennisme benêt, de leur humanisme charitable et paternaliste, de leur Kulture de caserne, de leur mixité sociale et des autres histoires qu’ils se racontent pour pleurer moins fort la nuit.

A votre question affichée dans le quartier : « À qui vend-on Belleville ? », nous avons répondu, comme beaucoup d’autres, par : « A vous ! ». Vous préférez votre quartier entre vos mains d’artistes-electeurs-democrates-citoyens-de-gauche qu’entre les mains de quelques industriels lointains ? Mais nous ne voulons ni d’eux ni de vous, ni d’aucun autre paternalisme social.

Les choses sont pourtant tellement simples. Un vieil adage disait « un peu de bon sens, un peu d’essence ! ». La seule façon d’accommoder l’aménageur urbain est à coup de pied dans le cul. Et le jour où nous comprendrons cela sera le premier jour du reste de nos vies.

Dégageons les architectes, les constructeurs et les gestionnaires municipaux de notre servitude, plutôt que se compromettre à négocier avec nos expulseurs, nos enfermeurs et nos assassins. Nous aussi nous avons la capacité de réinventer le monde comme nous le voulons, en commençant d’abord par détruire celui-ci.

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L’Etat en guerre contre les fraudeurs

Décourager la moindre petite forme d’entraide entre exploités. Augmenter toujours plus l’atomisation des individus dans cette société. Réprimer encore plus les pauvres.

Voilà que le Parlement, avec l’excuse de la loi sur la sécurité dans les transports en commun, cherche à punir avec des peines de prison ceux qui signalent la présence des contrôleurs à travers les réseaux sociaux… On voit très bien quel sens ils donnent au mot «  sécurité  »  : la lutte contre la fraude, un manque de 366 millions d’euros de gain par an pour la RATP, la SNCF et consorts, dans la seule Île-de-France.

Ce qu’ils font là, comme toujours, c’est la guerre aux pauvres. Franche et assumée.

Mais avertir les gens de la présence des contrôleurs peut se faire de mille manières plus ou moins discrètes, il suffit de le dire dans les couloirs, d’écrire un petit mot au marqueur sur une des mille pubs à la con, avec l’heure et le lieu où on les a vu… En attendant de saisir l’occasion pour faire payer à leur tour ceux qui nous trimballent d’une cage à l’autre comme du bétail.

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胡婉兒

2012年8月2 日星期四,胡婉兒走在 Belleville 的行人道上。是她八個月前幾經辛苦抵達法國以後,近乎每天都會經過的同一個地方。就像幾百個其他華籍女子一樣,她放下了她原來的生活、她的女兒、家庭、朋 友,才能到這兒來。歐洲和歐洲的承諾:體面工資與良好工作環境的承諾;由少數不被中國共產黨政府所屏閉的西方傳媒所構築出的,自由的承諾。但就如更多胡婉 兒,「搭路人」對她謊稱會有工作、足夠寄回老家的一點錢和証件。這就是胡氏何以最終站在行人道上,等待著以極為惡劣的待遇來出售她的身體,與八位其他女子 共住一個房間,亦與她們同樣的被剝奪了尊嚴。

也許胡婉兒曾經見過而且讓她印象過 於深刻的那些:開著旅行車(SUVs)的華僑,華麗地在她的婚禮上出現,那些有居留証的人、那些只關心他/她們自己,而毫不介意在任何情況下踐踏到其他不 及他/她們幸運的人。也許胡婉兒想過,她可以依靠信任華人社群中的同胞團結。可是她卻只得到了輕蔑,羞辱和排斥。而這一切都只不過是日常。曾聞有言:「各 家自掃門前雪」、「人不為己」。她也曾嘗試每兩周都給她女兒打電話保持與家人的連繫。她還告訴過她女兒,她在製衣廠工作,並在下班後替人家帶小孩。她說: 「這都很勞苦,很累人,不過一切安好。」。

有人跟胡婉兒指示,她要去做性工作,否則後果堪虞;胡婉兒為了償付「搭路人」,她別無選擇。這些被剝削、被肢解或被警察騷擾,顯然都是無數無証者所會面對的情況。

2012年8月2日星期四,胡婉兒走在 Belleville 的行人道上。這是她八個月前幾經辛苦抵達法國以後近乎每天都會經過的同一個地方。她在Belleville廣場滾燙的碎石路上等待客人。她等待著用她的尊 嚴去換取從客戶的口袋裡直接交付到皮條客手上的幾張鈔票。客人似乎是不滿意價錢。他想要討價還價。在這世界,不論你在賣地毯還是身軀都毫無差別。一切都待 價而沽。胡婉兒只得退讓順從。她把客人帶到那個她租來做這生意的狹小房間中。被勒死了的她,連同她的錢包以那個被暴力透徹壓倒了的軀體,在當天夜晚才被發 現。胡婉兒死了。

她被冷漠殺死了。她被苦難殺死了。她被奸詐殺死了。她被信任殺死了。她被人為所建立的國界殺死了。她被男人世界的暴力殺死了。

殺客她的那個男人剛被司法制度判處囚牢20年,彷彿他就是唯一將她害死,唯一需要對她的死亡負責的人一樣。就像這些僅止是個別偶發的事件,與所有的 社會環境都毫無關連,所以對這個男人的制約就可以是這問題的解藥。就像嚴懲殺人者這種公義,與只因沒冇適當証件,就被制度性關押、排拒的數以百計的人是毫 無關係。就我們所知,在2013年12月在巴黎13區一大輪警察的「打擊操縱妓女集團」行動中作出大規模驅捕,大量華裔性工作者因而被關押在羈留所中。這 就像是國家通過司法與警察所建立的恐懼,與無數無証性工作者們、無數西班牙邊境移民、無數意大利邊境木筏或希臘綿長鐵絲網中,所有這些邊境移民的死亡,一 概毫不相干。就像穿上了制服的豬祭出了「保護婦孺」的說法,造就恐懼,迫使胡婉兒因需長年躲藏、迴避開所有富人、警察的目光、過著秘密的生活,得像喪屍或 鬼魂甚至是一般,卻對她死亡一事上毫無責任。胡婉兒想,她只能兩害取其輕,在死於惶恐與當上性工作者之間做出選擇。然而最終,她難逃兩者。

今天,我等願以熱淚與胡婉兒及更多如她情況相若的女子共挽。悲傷或不足以翻倒冷壁。惟憤慨與反抗可能。

致胡婉兒,及所有如她一般死於非命的更多無名者,所有如她一般受著制度所迫害,而制度的手沒有沾血,所有如她一樣在資本主義下捱餓,而沒有人覺得對誰有責任。

一天,我等終將起義,我等,這群被世界所遺棄者,而我們會回來為所有向劣跡斑斑的制度、警察、老闆、與國族主義的群體報復。致那一天。

強權去死吧!

 

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Contre les États et leurs frontières : révolution !

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L’hécatombe continue dans la Méditerranée. Des centaines de personnes meurent en essayant de la traverser, pour fuir la misère, les persécutions, souvent la mort (il y aurait eu 22000 morts depuis 2000, dont plus d’un millier juste cet été). Ici ils trouvent la misère, la persécution, parfois la mort, comme ceux qui, amassés par milliers à Calais, se font tabasser par les flics et parfois meurent en essayant de passer la frontière (11 depuis juin). À Paris, point de passage pour ceux qui tentent d’aller en Angleterre ou en Europe du Nord, point de chute pour nombre d’entre eux qui ne savent juste pas où aller, tous les rouages de l’État font leur sale travail, leur travail normal, pour chasser les immigrés sans-papiers, pour exploiter de façon efficace et rentable tous les pauvres (avec ou sans papiers), pour nous garder tous à nos places, laborieux et obéissants.

Ainsi, la Mairie de Paris a ordonné, à la fin de ce printemps, l’expulsion d’un campement de fortune du côté de La Chapelle où s’entassaient des centaines de sans-papiers. Bien sûr, la mairie de gauche a joué ses cartes démocratiques. La première a été celle de la charité : quelques chambres d’hôtel pendant quelques jours (puis retour à la case rue évidemment), pour se justifier devant une opinion publique citoyenne qui n’attend que ce type de justifications. Emmaüs et France Terre d’Asile ont bien joué leur jeu (rentable), en prenant en charge une partie de ces personnes. Mais la gestion de la misère est leur secteur d’affaire, et cela n’a rien à voir avec la lutte pour la fin de la misère. Puis, pour ceux qui sont restés à la rue et ont cherché une solution collective à travers différentes occupations de bâtiments, il y a eu toute la clique des partis de gauche : PC, Verts (qui au passage siègent à la mairie, celle qui les a chassés) et NPA. Ils sont venus se faire de la pub bon marché et faire leur éternel travail de gauche, c’est-à-dire dorer la pilule, faire des promesses, calmer la rage, propager la résignation.

Cependant, la carte la plus tordue que l’État (dans ses différentes composantes) a joué dans cette affaire a été celle de la division et de la récupération. Il s’agit de la carte de l’asile politique. Apparemment, nombreux parmi ceux et celles qui survivaient dans le bidonville de La Chapelle, pourraient avoir le droit à l’asile, arrivant de pays en guerre. De toute évidence, ce « droit » n’est pas garanti du tout et ressemble plus à un loto, payé par le calme de ceux qui le demandent. Mais ce miroir aux alouettes sert surtout à séparer les gentils réfugiés ayant droit à l’asile des méchants sans-papiers qu’il faut juste enfermer dans des Centres de Rétention puis bâillonner et charger dans un avion.
Il est tout à fait compréhensible que des personnes soumises au chantage de la survie quotidienne, face à la menace d’être réexpédiées vers l’horreur qu’ils ont quittée, s’accrochent à l’espérance de l’asile. Mais il faut garder la lucidité de comprendre que cela, même si ça peut être une solution partielle pour des cas précis, ne fait que renforcer la politique anti-immigration de l’État. Et malheureusement ça marche. Déjà le fait que les personnes que soutiennent les sans-papiers les appellent « réfugiés » et demandent leurs « droits » est le signe que tout se joue sur la reconnaissance de ces fameux « droits » de la part de l’État. Des droits qui seront payés par des devoirs et aussi par l’exclusion de tous ceux et celles, l’immense majorité, qui n’ont pas ces mêmes « droits ». Le pouvoir donne des miettes pour calmer quelques esprits et les distraire pendant qu’il enferme et expulse à tout va.

En voyant ce qui s’est passé entre La Chapelle, le Jardin d’Éole, la rue Pajol et maintenant le lycée de la rue Jean-Quarré (occupé par les sans-papiers et leurs soutiens), en voyant les rafles dans les rues tous les jours, la question se pose : qu’est ce qu’on peut faire, qu’est ce que je peux faire, moi, pour empêcher la chasse à l’homme ? De nombreuses « personnes normales » se sont senties interpellées par ce qui se passait, ont apporté du soutien pratique avec nourriture, vêtements, équipement, d’autres en aidant à l’occupation des lieux ou à leur gestion, etc. Cela est humainement louable, mais ce n’est pas la solution au problème de la chasse aux sans-papiers ni au problème de l’État (dont le premier problème fait partie).

L’État tue, à ses frontières comme en son sein, par la main de ses policiers, dans ses taules… Cette société fondée sur l’autorité et l’argent tue sur les lieux de travail, dans les maisons et aussi de façon silencieuse et inaperçue par la misère, l’abandon, l’atomisation. La seule vraie solution est d’affronter la racine de la question, de s’en prendre à l’État et à toute autorité, ici et maintenant, en refusant les fausses solutions qui ne font que renforcer sa prise sur nos vies.

Il y a quelques années, ici même, à Paris, l’opposition à l’enfermement et à l’expulsion des personnes qui n’ont pas les bons papiers avait pris la forme du sabotage des entreprises qui rendent possible l’existence de cette machine à expulser les indésirables. Constructeurs de CRA, banques qui balancent les sans-papiers, boîtes d’intérim qui les exploitent (qui nous exploitent tous), SNCF et AIR France qui organisent les déportations, les assos’ qui cogèrent les camps, tous ont été attaqués, ont perdu une partie de l’argent pour lequel ils participent au marché de l’expulsion. Cet exemple reste valide et actuel et ouvre un champ fertile à l’attaque de tous les aspects de ce monde morbide. Pourquoi ne pas tenter de l’explorer à nouveau ?

Même dans cette résignation généralisée, quand quémander des droits peut paraître une lutte, de petits exemples réchauffent le cœur. Début juin, rue Pajol, les sans-papiers et leurs soutiens organisent un rassemblement ; les flics sont présents en grand nombre et les encerclent. Des jeunes du coin, mus par une saine haine anti-police, commencent à sortir des barres de fer et à s’en prendre aux bleus. Oui, la révolte est toujours possible !

Comme le dit un des tags antiétatiques qui, dans le quartier de la Place des Fêtes, ont accueilli l’ouverture du squat de la rue Jean-Quarré : « Contre les États et leurs frontières, révolution   ! ».
[voir photo, prise dans les rues du 19e arrondissement]

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Brèves – Août 2015

• Bas les pattes ! Le 23 juin à Corbeil-Essonnes, un jeune de 16 ans est arrêté, soupçonné de vol de vélo. Lorsque la voiture de police est sur le point de démarrer pour l’emmener, des proches et amis déboulent, le frère frappe le flic assis à l’arrière et délivre son frère arrêté. Pour couvrir leur fuite, des projectiles sont lancés sur les flics, dont un pavé qui atterrit dans le dos d’un agent. Dommage, malgré deux flics aux urgences, des renforts arrivent et permettent finalement de rattraper les deux frères ainsi qu’un troisième solidaire.

• Les collabos à pied – Le 27 mai une camionnette de JCDecaux est incendiée, près du métro Télégraphe, parce cette entreprise s’enrichit avec l’embourgeoisement des villes et l’exploitation des taulards. Le 14 juin, un utilitaire Eiffage part en fumée à Paris XXe, et le 30 juin c’est au tour de Vinci de perdre une voiture, et la raison en est que ces deux entreprises construisent des prisons. La même nuit du 30 juin, La Poste perd également un utilitaire à Paris : on sait qu’elle balance des sans-papiers aux flics et finance la construction des nouveaux bureaux du Ministère de l’Intérieur. Et rebelote le 16 juillet pour Vinci, qui perd encore une voiture !
En plus, le matin du 22 juin, quelques bourges, bobos qui utilisent Autolib’, ex gendarmes ou employés de GDF-Suez, ERDF, ou du Conseil Général de Seine-Saint-Denis se retrouvent à pied, leurs voitures ayant eu leurs pneus crevés…

• À bas toutes les cages et leurs gardiens – Le 9 juin à la maison d’arrêt d’Osny (95), un lieutenant du quartier disciplinaire rappelant le règlement à un détenu se fait en réponse frapper au visage, à la main et aux genoux. Quelques minutes plus tard, un détenu met le feu à sa cellule dans la même prison, réitérant ce qu’il avait déjà fait la semaine précédente. Dans un autre bâtiment, un prisonnier a roué de coups un surveillant. Bien sûr, en réponse à ces expressions de rage face à l’humiliation et à la punition institutionnalisée, ce système ne sait proposer que des punitions supplémentaires. Comme si cela réglait le problème…

• Cinq évasions du centre de rétention – La nuit du 30 juin au 1er juillet, cinq sans-papiers détenus au Centre de rétention de Palaiseau (91) se sont évadés d’une cellule du premier étage : ils ont scié et enlevé un barreau, ont noué leurs draps en guise de corde pour descendre puis ont coupé les grillages. Quatre ont été retrouvés par les flics, ont tenté en vain de résister à leur arrestation et blessé deux policiers, mais le dernier court toujours. Pas de permis pour vivre libre !

• Chaque âge saccage sa cage – Des écoles saccagées, il y en a souvent. Faut croire que l’institution scolaire est rarement considérée comme épanouissante. Le premier août à la maternelle des Mézereaux à Melun, c’est toute une troupe d’une vingtaine d’enfants qui s’y est donnée à cœur joie dans le hall, les couloirs, les sanitaires et la salle de motricité, reversant les meubles, étalant partout colle et peinture, brisant les vitres et déchirant les cahiers. Âgés de 5 à 13 ans, ils seront auditionnés avec leurs parents au commissariat (!). Les réparations sont estimées entre 10 000 et 30 000 euros.

• Paf le contrôleur – L’après-midi du 21 juillet, trois contrôleurs posant leur habituelle question dans le RER A se sont vu répondre par des coups par un homme décidé à ne pas leur présenter de carte ou de billet, patte blanche d’une bonne participation au racket économique des transports qui finalement ne nous emmènent souvent que nous faire exploiter ou consommer. Il a pu s’enfuir à l’arrêt suivant. Bonne réponse !

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Les marcheuses arrêtées, les flics courent toujours

image marcheusesCela faisait déjà plusieurs années que les prostituées de Belleville (d’origine chinoise pour beaucoup) subissaient le harcèlement dégueulasse et incessant des flics du quartier que connaissent tous les immigrés et les pauvres qui y vivent. Comme si le mépris social et les risques permanents qu’impliquent leurs moyens de subsistance ne suffisaient pas, dans leur entreprise méticuleuse visant à aseptiser le boulevard pour le rendre présentable aux riches venus s’en délecter et le rendre insupportable aux pauvres qui y vivent ou y travaillent encore, les flics sont donc passés à un cran supérieur de répression. Depuis le mois de mai dernier, ils n’ont eu de cesse d’effectuer des contrôles d’identité auprès de celles qu’ils identifiaient comme des prostituées, allant jusqu’à les suivre chez elles pour confisquer ou déchirer leurs papiers. Ils les ont prises en photo avec leurs portables, leur ont interdit de marcher dans le quartier par la menace et l’intimidation et au moins sept d’entre elles ont fini en centre de rétention. Il n’y a plus eu de nouvelles de ces dernières depuis.

Comme tant d’autres que les vagues du capitalisme ont brisés contre les frontières, elles étaient venues en France avec l’idée de gagner de l’argent pour faire vivre leurs familles restées au pays. Mais arrivées ici, il est bien rare qu’elles trouvent un emploi suffisant, la somme d’argent réclamée par les passeurs pour le trajet étant énorme à rembourser et leur condition clandestine ne leur laissant que peu de choix, elles se retrouvent obligées de faire le trottoir et de vivre entassées et nombreuses dans de minuscules appartements pour économiser leurs maigres ressources.

Pour tenter de répondre à cette chasse policière, des prostituées ont organisé un rassemblement à Belleville le 24 juin et un balayage symbolique du quartier avec les soutiens qu’elles ont pu trouver. On pouvait donc y voir pêle-mêle des représentants du syndicat de la magistrature (donc venant de l’intérieur du système répressif lui-même!) et du planning familial, mais aussi de groupes militants comme le Collectif féministe « 8 mars pour TouTEs » ou le FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés) et bien évidemment le Strass (Syndicat des travailleurs/ses du sexe), toute une nébuleuse militante qui a pu profiter du racolage médiatique en montrant son bon cœur, sans trop en demander non plus.

Si l’intention du rassemblement était plutôt d’interpeller les politiques par le biais des médias pour faire cesser les intimidations policières, comment ne pas voir dans cette symbolique du balayage le spectre de ce que les gestionnaires veulent eux-mêmes faire subir au quartier pour le rendre plus rentable en attirant une population plus riche, dont fait partie le fait de « nettoyer » Belleville de ses pauvres, ses clandestins, y compris les prostituées ? De plus, la répression policière n’est que la partie visible d’un iceberg, et s’y attaquer exclusivement laisse intacts les fondements de la domination capitaliste qui créent les conditions de sans-papiers, prostituée ou toute autre situation d’oppression créée par l’argent, le travail, les États et leurs frontières. Pour le dire simplement, nous pensons que la seule manière de faire disparaître l’exploitation et la misère est d’adopter une posture offensive contre ceux qui la produisent, y compris les syndicats et organisations qui tendent à aménager cette exploitation  pour rendre plus acceptable le monde de merde dans lequel nous vivons.

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14 juillet tous les jours !

Certes, le 14 juillet est un peu rendez-vous rituel de défi lancé aux flics. Les bleus se préparent, les journalistes ont déjà des articles tout prêts, il suffit juste d’ajouter le nombre exact de voitures brûlées et d’interpellations et le tour est joué, à la prochaine. Mais cette année il y a eu quelques jolies nouveautés. Tout d’abord, même si les flics se sont appliqués pour contenir ces joyeuses festivités (avec 603 GAV, ce qui représente 68% de plus que l’année dernière), celles-si se sont déroulées plus joliment. Sur toute la France on dénombre 721 voitures brûlées, ce qui est bien plus que l’année précédente, mais surtout on y a vu une nouvelle détermination à viser directement les flics, notamment en région parisienne. Ce sont des commissariats qui sont pris pour cible, comme à Garges-lès-Gonesse, ou encore à Montigny-lès-Cormeilles (où le poste de police a été visé par deux jets de cocktails Molotov), à Noisiel ou encore à Fosses où plusieurs Molotov ont été jetés sur le bâtiment de la Gendarmerie. À Trappes et Conflans-Sainte-Honorine aussi des fusées d’artifices ont atteint les commissariats.

Aux Ulis, une quarantaine de personnes s’en prennent d’abord à des patrouilles de flics, puis se dirigent vers le commissariat, qui est visé avec mortiers et jets de pierres. Les flics parviennent à chasser les assaillants, mais ceux-ci reviennent à la charge encore deux fois dans la nuit. Cela n’est pas nouveau, apparemment c’est la troisième fois en 15 jours que le commissariat des Ulis se fait caillasser, et le lendemain ce sont les gendarmes mobiles arrivés en renforts qui ont été pris pour cible… Tandis qu’à Neuilly-Plaisance, un véhicule de la police municipale a été incendié directement dans leurs locaux.
Les flics en intervention se sont fait canarder un peu partout, comme à Argenteuil, où de dures échauffourées ont duré deux nuits. Parfois c’est un guet-apens : un incendie de poubelle ou de voiture pour attirer les pompiers et les flics en zone connue, puis ce sont des pierres, pétards et mortiers qui tombent.
Et il y a aussi des bâtiments publics qui mangent. Ce fut le cas d’une médiathèque et de l’école de la deuxième chance à La Courneuve, de la Maison pour tous à Stains et d’un collège à Dammarie-les-Lys, tous détruits par les flammes, tout comme un centre commercial à Sarcelles.

Dans la banlieue de Lyon les échauffourées ont commencé le week-end juste avant le 14 juillet, avec une série de jets de projectiles, dont une grenade à plâtre sur le commissariat de Vaulx-en-Velin et l’incendie d’un supermarché à Venissieux.
À Dunkerque une école et la Maison des services sont incendiées, tout comme les bureaux de la police municipale de Meylan (38). À Angers, quelqu’un profite du fait que les flics descendent de leur voiture pour chercher les auteurs d’une intrusion à la CAF pour bouter le feu à leur voiture ! Deux voitures de flics se sont aussi pris des Molotovs dans le 3ème arrondissement de Marseille.

Comme nous le disions, tout cela risque un peu d’être réduit à du folklore, une ou deux fois par an (avec le 31 décembre). Mais serait-il possible que ça ne s’arrête pas, que ces flambées rituelles se transforment en un feu nourri qui dure ? Que toutes les nuits soient le 14 juillet ? Les raisons ne manquent certainement pas, ce qu’il faudrait serait plus d’oxygène, pour aller de la rage vers la révolte, puis vers la révolution… Alors feu à volonté !

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Eiffage bâtit les prisons du XXIe siècle

Avec 69.000 salariés et un chiffre d’affaire de 14 milliards d’euros, le groupe Eiffage est un géant du BTP (le troisième en France, derrière Vinci et Bouygues) et comme tous les gros patrons du béton, ils trouvent en l’État un client privilégié. Bureaux (comme l’ensemble « Garance », dans le XXème, pour le Ministère de l’Intérieur), écoles, hôpitaux, ponts, autoroutes (dont Eiffage est aussi gérant), vidéosurveillance, fibre optique (8 contrats avec des communautés locales, pour 5200 km de fibre optique pour communications haut débit), lignes ferroviaires (ils participent au projet de ligne TGV Lyon-Turin)… et ils se sont bien entendu jetés sur les juteux marché du Grand Paris : pour commencer ils ont obtenu les travaux du prolongement de la ligne 14 du métro, de Saint-Lazare à la Porte de Clichy.

Eiffage construit aussi pas mal de taules, dont ensuite ils assurent l’exploitation et la maintenance dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé (touchant de gras loyers du Ministère de la Justice). Selon leur publicité il ne s’agit de rien de moins que « la prison du XXIe siècle […] ces prisons de nouvelle génération concilient sécurité maximale et qualité des conditions d’hébergement ».
Ils ont construit les taules de Maubeuge (finie en 1990), puis le lot comprenant celles de Roanne, Lyon-Corbas, Béziers et Nancy-Maxéville vers la fin des années 2000. Eiffage Construction Provence a construit entre 2005 et 2008 le quartier de semi-liberté et le centre pour peines aménagées de la Maison d’Arrêt d’Aix-Luynes. À Rodez, une MA de 100 places a été livrée en 2013, tandis qu’à Perpignan leurs pots-de-vin pour obtenir le marché pour la rénovation des miradors étaient trop visibles et Eiffage a dû payer une grosse amende. Les travaux de réhabilitation de Fleury-Mérogis sont en cours, tout comme le chantier de la prison de Marche-en-Famenne, en Belgique.

On doit aussi remercier Eiffage Construction pour les gendarmeries de Châteauroux (36) et de Mézidon (14), ainsi que deux autres gendarmeries dans le Calvados. Ce sont également eux qui ont construit le siège national de la gendarmerie (DGGN) à Issy-les-Moulineaux. Mais pour ne pas faire de préférences, ils ont construit aussi le commissariat de Hyères et celui de Draguignan et restructuré le Palais de justice de Strasbourg.

Une des entreprises du groupe Eiffage est Clemessy, spécialisée en ingénierie industrielle. Elle compte un département Nucléaire, qui est partie prenante de la filière électronucléaire française depuis ses début, c’est-à-dire la construction de la centrale de Fessenheim, en 1970. Moyennant un demi milliard d’euros, Clemessy devra fournir à EDF les groupes électrogènes d’urgence pour l’ensemble des réacteurs français (une mesure de sécurité décidée suite à l’accident de Fukushima – comme quoi on fait rentrer même les désastres dans la machine capitaliste). L’entreprise sœur de Clemessy, Eiffage Construction Métallique, participe elle aussi à l’industrie nucléaire, par exemple avec les travaux de l’EPR de Flamaville, des fournitures pour les centrales de Gravelines, Chooz et Cattenom, ou en vendant le « savoir-faire français » en Finlande ou en Chine aux côtés d’Areva.

Cela va sans dire qu’à force de construire des cages (ou autres merdes) Eiffage devient la cible d’une certaine rage – et comme une boîte de BTP ça a des véhicules un peu partout, parfois il suffit d’ouvrir ses yeux et la rage s’enflamme…

***

Voici une petite liste des actes de rage qui ont visé Eiffage ces dernières années et dont on a pu avoir connaissance. Elle est peut-être incomplète, certaines choses nous ayant échappé, mais surtout nous espérons qu’elle se rallonge de plus en plus par le futur. Sauf indication contraire, ces différentes attaques ont toutes été clairement revendiquées comme visant l’implication d’Eiffage dans la construction de prisons.

• Début décembre 2012, Roanne (42) : une camionnette Eiffage est partie en fumée. Quelques jours après, des litres d’huile pour moteur ont été déversées en travers de la seule route qui mène au centre de détention.
• Octobre 2012, Paris et Montreuil : un camion Eiffage a ses pneus crevés, une voiture les pneus crevés et une vitre cassée (d’autres actions similaires sont menées ces jours-là, en solidarité avec la ZAD de Notre-Dames-des-Landes et contre ce monde).
• 15 avril 2013, Pontcharra-sur-Turdine (69) : quatre engins de chantier Eiffage sont incendiés, 500.000 euros de dégâts ; action non revendiquée.
• 12 mai 2013, Rennes : incendie d’un engin Eiffage. Action revendiquée contre la ligne LGV Paris-Rennes.
• 3 octobre 2013, Pantin (93) : incendie d’une camionnette Eiffage (et d’une voiture Vinci).
• 6 octobre 2013, Paris : incendie d’une camionnette Eiffage.
• 26 octobre 2013, Paris : un utilitaire d’Eiffage Energie brûle.
• 26 octobre 2013, Besançon : les vitres d’un bureau d’Eiffage Immobilier se font éclater à coups de pierres, tout comme un panneau JCDecaux ; le même soir, un engin du chantier du tram a son réservoir saboté. Actions revendiquées contre la gentrification.
• 4 mars 2014, Exincourt (25) : un incendie ravage un bâtiment de 800 m² appartenant à Eiffage et détruit des engins de chantier ; action non revendiquée.
• 14 septembre 2014, Paris : incendie d’une voiture Eiffage.
• 1er mars 2015, Montreuil (93) : incendie d’une camionnette Eiffage.
• 25 mai 2015, Besançon : destruction du réservoir d’une pelleteuse Eiffage, qui construit des logements de luxe et un centre commercial en centre-ville.
• 14 juin 2015, Paris : un utilitaire Eiffage part en fumée.

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Ils sont vigiles soyons pirates !

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Lorsque la sale clique des gouvernants veut étendre les capacités de contrôle et de répression de l’État sans trop se gêner, il lui suffit d’appuyer sur des événements récents qui justifient à ses yeux la mise en place de mesures « exceptionnelles » appelées en peu de temps à devenir permanentes. C’était déjà le cas lorsque le plan Vigipirate avait été activé en 95 suite à l’explosion d’une voiture piégée contre une école juive de Villeurbanne, puis renforcé d’année en année après chaque nouvel attentat. Ça l’est encore aujourd’hui, après les tueries de paris des 7 et 9 janvier, avec les mesures d’« alerte attentat » qui ont été reconduites en Île-de-France pour une période indéfinie.

L’opération Sentinelle, qui s’ajoute au plan Vigipirate et déploie depuis le 9 janvier plus de 10 000 soldats pour renforcer les 122 000 gendarmes, policiers et militaires confondus chargés de « sécuriser » des points sensibles, a aussi été maintenue pour une durée d’au moins plusieurs mois. En Île-de-France, près de 6200 treillis sont encore présents sur 310 lieux, notamment des mosquées, synagogues, écoles religieuses ou centres communautaires. Si l’opération consiste surtout en des gardes statiques, elle comprend aussi des patrouilles, à pied, notamment dans les grands sites touristiques (tour Eiffel, Sacré-cœur…) ou véhiculées, dans l’un des 300 combis à cocarde blanche loués pour l’opération et que l’on peut voir circuler dans Paris.

Si ces gardes du pouvoir sont un réservoir sans fond de délateurs et d’indics postés jour et nuit dans la rue, ils ont surtout pour fonction de rendre physiquement présente cette « guerre contre le terrorisme » menée par les États, qui confondent dans ce terme tout ce qui représente une menace à la paix sociale en général. Mais dans un pays où il n’y avait plus eu de présence militaire dans les rues depuis la fin de la guerre d’Algérie, montrer ainsi ses muscles est précisément une manière d’inciter à un plus haut degré de conflit. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que dès le 13 février le commandement de l’armée comptait déjà 371 « incidents » et « 14 agressions graves, que ce soit au couteau, par laser, voire coup de crosse » qui se trouvent être le prétexte officiel du maintien de cette opération. Ces confrontations sont utilisées pour faire passer ces badernes décérébrées pour des héros protecteurs de « civils ». Pourtant, des personnes déterminées à commettre un carnage ont toujours l’embarras du choix, et les centaines de magasins, d’écoles ou de lieux de culte déjà abondamment surveillés par les yeux des sentinelles et des caméras panoramiques ne les empêcheront pas de le faire. Le vrai enjeu pour le pouvoir est de réussir à instaurer un climat de paix suffisant pour que leurs braves citoyens continuent de bosser sans trop contester, à aller aux urnes quand on le leur demande et à se divertir des frivolités du capitalisme.

Dans cette guerre de l’Etat contre tous ses ennemis, le pouvoir élargit aussi ses moyens de renseignement. Un projet de loi qui sera probablement adopté d’ici peu (vote des députés le 5 mai puis passage express au sénat) va permettre aux services de renseignement d’utiliser légalement toute une série d’outils auparavant réservés aux enquêtes judiciaires. Les écoutes et autres formes d’espionnage sont déjà courantes, mais les flics vont pourvoir s’en donner à cœur joie avec cette loi leur permettant un usage préventif et massif de ces techniques. Le premier ministre aura pour rôle de délivrer toutes les autorisations administratives réclamées par les services de renseignement, en prenant simplement l’avis de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), l’autorité administrative créée par la loi. Les motifs autorisant l’usage de ces outils pour la surveillance sont, en plus du « terrorisme », la sécurité nationale, protection d’intérêts économiques, industriels et scientifiques, criminalité et délinquance organisée, intérêts français à l’étranger, protection des sites nucléaires et « prévention des atteintes à la forme républicaine des institutions, des violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale, de la reconstitution ou d’actions tendant au maintien de groupements dissous ». En gros tout ce qui fait usage de violence ou menace la paix sociale se trouvera sous le coup de cette loi.

En plus des vieilles méthodes de planque, d’infiltration et de pose de micros, caméras, mouchards informatiques et autres, les barbouzes pourront recueillir des informations où ils le désirent à l’aide de balises de géolocalisation et de IMSI catchers, ces appareils qui permettent d’intercepter directement les correspondances émises ou reçues de tous les téléphones environnants. En passant par les opérateurs, les flics pourront effectuer des « interceptions de sécurité » portant sur les contenus des mails et des conversations téléphoniques. Ils vont désormais aussi espionner quasiment tous les réseaux sociaux et poser des boîtes noires chez les fournisseurs d’accès qui leurs transmettront les données permettant d’établir des récurrences « patterns » afin de repérer des suspects. Sont également prévus l’observation de tout ce qui est tapé sur les claviers des ordinateurs, l’augmentation de la durée de conservation des écoutes judiciaires et administratives, l’espionnage des proches des suspects et l’anonymat des flics dans les procès verbaux et dossiers judiciaires. Et pour rendre tout cela possible, l’État va recruter quelques 1400 personnes sur trois ans entre les différents services de renseignement (DGSI, policiers, gendarmes, préfecture de Paris).

Dans toutes ces mesures, il n’y a au fond rien de nouveau : l’État légifère régulièrement pour adapter ses techniques de surveillance et de répression à l’évolution de ce qui le menace, et utilise des boucs émissaires pour insuffler peur et résignation et justifier son durcissement. Et si de nouvelles lois sont votées contre un certain ennemi (aujourd’hui les islamistes), les politicards ont bien en tête qu’elles pourront toujours servir contre tous les subversifs dès qu’ils le voudront car dans les yeux du pouvoir se confondent ceux qui veulent prendre sa place et ceux qui veulent le détruire pour ce qu’il représente en lui-même. Si nous voulons en finir avec le pouvoir, ne nous laissons pas berner par le prétexte d’un ennemi intérieur matraqué dans les médias pour nous faire accepter la domination des soi-disant protecteurs.

La lutte contre toute forme d’autorité sera toujours possible, quoi que fassent les puissants pour s’en protéger, car si des failles de leur système se ferment quand ils le perfectionnent, d’autres s’ouvrent sans cesse, et nous pourrons toujours déceler des points faibles.

Pas de trêve pour les ennemis de la liberté !

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Brèves – Avril 2015

• Quand les flics ont le dos tourné… Le 27 janvier à Lognes (77), des flics garent leur voiture banalisée, s’éloignent un moment pour une intervention, mais quand ils reviennent deux pneus sont crevés. Malheureusement le farceur, qui dit ne pas avoir visé au hasard, a été identifié par une caméra de surveillance située non loin de là. Mieux se cacher la prochaine fois, mais joli coup ! Dans le même genre, le 28 février à Carrieres-sous-Poissy (78), une voiture de la police municipale a été retrouvée avec deux impacts sur le pare-brise après 45 minutes de visite dans un appartement insalubre. Tout comme à Vanves (92) le soir du 22 avril, où deux voitures de police, garées et sans surveillance juste le temps d’une petite intervention, ont eu leurs vitres et rétroviseurs cassés. Les flics nient la possibilité d’un guet-apens, prétendant que la dispute pour laquelle on les a appelés avait bien eu lieu. Mais quelqu’un a été prompt et a su saisir l’occasion !

• Du feu chez les bleus – La nuit 8 mars à Brétigny (91), deux personnes masquées se sont introduites dans les locaux de la police municipale et ont incendié deux de leurs voitures sérigraphiées sur le parking. La chaleur a également fissuré 14 vitres du bâtiment. Bien joué !

• Eiffage en fumée – La nuit du 1er mars, une camionnette d’Eiffage Construction a été incendie à Montreuil (93) parce qu’Eiffage est une entreprise qui construit des prisons. Guerre aux collabos de l’enfermement !

• 22 caméras à la meuleuse ! Cinq personnes sont passées au tribunal de Melun le 11 mars, pour avoir détruit (à la meuleuse) ou volé 22 caméras dans les parkings souterrains des immeubles de l’OPH 77 (Office Public de l’Habitat de Seine-et-Marne, un vautour de la rénovation urbaine) à Savigny-le-Temple le 28 octobre 2014. Cela a coûté plus de 26 000 € au bailleur qui venait de les poser. Mais les caméras étaient déjà en fonction et ont servi à identifier cinq personnes sur les dix repérées sur les images. Au final, trois des accusés ont été relaxés au bénéfice du doute, mais l’un s’est pris deux mois de prison avec sursis et l’autre un mois ferme.

• Riposte solidaire contre une arrestation – Le dimanche 1er mars en fin de journée à Champigny (94), des policiers contrôlent l’identité d’un jeune homme. Mais une fois la vérification effectuée, celui-ci se met à les insulter, s’enfuit dans une boulangerie proche, puis y assène un bon coup de poing dans la tête d’un des flics le poursuivant. Ces derniers le maîtrisent, quand son frère arrive et frappe lui aussi un des flics au visage, en échange d’un jet de gaz lacrymogène. Rapidement, un groupe de 30-40 personnes se retrouve sur les lieux, des pétards éclatent et les flics se prennent des projectiles. Ils répliquent par des grenades assourdissantes et la BAC arrive en renfort, mais ils ne parviendront finalement à arrêter que le premier individu, les autres ayant tous réussi à leur échapper. Un bel effort de solidarité ! L’un des flics repart avec 30 jours d’ITT, un autre avec seulement une journée.

• Sabotages de la rénovation urbaine – Le 11 avril à La Verriere (78) ainsi que le 19 avril à Créteil, des baraques de chantiers de rénovation ont été volontairement incendiées. De plus, à Créteil, des vitres d’engins de chantier ont été brisées et on a retrouvé un tag « nike la police » sur les lieux, ainsi que des traces de brûlure sur une des machines. Résultat pour Créteil : les travaux, dirigés par le bailleur social Valophis (un autre vautour de la construction et de la gestion de HLM), ont été retardés d’un mois. À croire que, malgré sa bonne figure, la rénovation urbaine ne fait pas l’unanimité, et son lien avec le flicage est parfois démasqué !

• Courant coupé – Un poste ERDF a brûlé entre Châtillon et Clamart (92) le matin du 4 mars dernier : à 4h50, de la fumée a été détectée dans les sous-sols, le courant a tout de suite été coupé, et l’incendie a été éteint par les pompiers vers 6h15. Mais cela a privé d’électricité quelques 76 000 foyers dans une dizaine de villes pendant quelques heures de la matinée.

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Les Quartiers Nouveau Concept

Les « Quartiers Nouveau Concept » sont des sections rattachées à un établissement pénitentiaire mais physiquement séparées du reste des bâtiments, où sont placés des détenus en fin de peine (quand il leur reste moins d’un an à purger) ou courte peine (de moins d’un an). Ces sections peuvent contenir trois régimes de détention : des places en semi-liberté, d’autres spécialisées pour les aménagements de peine et d’autres encore pour les courtes peines. Dans des cellules individuelles avec douche et cuisinette, la survie y est plus facile : il s’agit du revers de la médaille des bouges des Maisons Centrales.

Les QNC servent en effet de soupape pour garantir le calme à l’intérieur des prison, suivant la politique qui récompenser les efforts de « réinsertion » des détenus (si tu veux sortir plus vite, mets-toi à quatre pattes, montre que tu veux t’insérer et que t’es devenu un bon citoyen…). La vieille méthode du bâton et de la carotte (que sont les aménagements de peine, justement). Avec 90 places prévues par QNC, leur taille réduite permettra un encadrement des détenus plus resserré, les matons pouvant plus facilement surveiller le bon comportement des futurs bons citoyens et, on l’imagine bien, signaler et exclure ceux qui n’auraient éventuellement pas bien été sélectionnés et devront retourner aux clapiers des sections normales.

18 sites sont construits ou en construction à Valence, Longuenesse, Varennes-le-Grand, Lorient Ploemeur, Brest, Laon et Toulon, et le Ministère est déjà en train de projeter deux autres vagues, avec 11 nouveaux QNC : à Fleury, Dijon, Bonneville, Béziers, Perpignan, Maubeuge, Bourg-en-Bresse et Chambéry ; puis à Nanterre, Grasse, Gagny, Mulhouse et Strasbourg dans un troisième temps.

Canale 3 architecture :
Toujours au service de l’oppression

Au 76 allée Darius Milhaud, dans le XIXème, se trouve le cabinet d’architectes Canale 3. Depuis 30 ans, les architectes Pierre Boudon, Jacques Michel et Yves Monnot s’appliquent à dessiner des logements, des écoles et aussi d’autres merdes, telles le Palais de Justice de Bressuire (79), les bâtiments du Secrétariat Général pour l’Administration de la Police du Chesney (78) et ceux de la Direction Générale de l’Armement à Vert-le-Petit [cf. Lucioles n°21]. Toujours au service de la République, ils ont décroché le contrat pour la conception de trois QNC, celui de Longuennesse (62) qui a été livré en février 2014, et ceux de Brest et Lorient-Ploemeur qui devraient être prêts en 2017. Quatre autres suivront (à Laon, Toulon, Valence et Varenne-le-Grand). Canale 3 sont donc des architectes qui s’enrichissent avec les taules, oui, mais ils ont aussi des points de vue progressistes ! Maître Pierre Boudon nous explique que pour le QNC de Longuennesse, il a « privilégié une approche humaniste, ayant pour priorité de réaliser un bâtiment qui puisse participer à une forme de dignité humaine ».

Wesh, la taule et la dignité humaine… dans ta gueule, sale collabo !

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Un peu de résistance à l’encasernement scolaire

Alors que son fils, élève de sixième, a raté de nombreux cours, l’Éducation Nationale contacte une mère pour réclamer la présence de celui-ci dans ses rangs. Celle-ci en réponse refuse tout contact avec l’Éducation nationale, ne se présente pas à l’atelier de parentalité vers lequel elle est orientée, ne donne pas suite aux injonctions des services éducatifs mandatés par un juge pour enfants, et enfin, ne vient pas à son procès.
Elle sera alors convoquée plusieurs fois devant des policiers pour s’expliquer.

Le 5 février, le tribunal correctionnel de Valenciennes, voyant que cette mère n’en a cure de leurs convocations et menaces, la condamne pour « soustraction sans motif légitime à ses obligations légales au point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation du mineur », une infraction pour laquelle un juge peut prononcer jusqu’à deux ans de prison ferme et 30 000 euros d’amende. C’est-à-dire que la justice considère que le refus d’une mère d’obliger son enfant à se faire domestiquer et laver le cerveau par l’école compromet son bien-être. Et comme si c’était le choix de la mère, comme si un enfant de 12 ans n’était pas capable de se dresser tout seul contre l’oppression scolaire, celle que vivent tous ces gamins qui refusent de marcher au pas dans les rangs, qui n’ont pas envie de participer à un système basé sur la compétition et la récompense, qui n’ont pas envie de se soumettre à un maître ou un prof, et qui n’ont pas envie d’apprendre des choses inutiles qui ne font que servir l’État, en formant des bons petits soldats aptes à devenir de bons citoyens obéissants, de bons travailleurs, de bons consommateurs.

Ce coup-ci la mère récalcitrante a écopé de quatre mois avec sursis, simplement parce que son fils a raté des journées d’école, et qu’elle n’a pas voulu participer à son oppression. Et ça n’est pas une première. En 2010, une mère avait été condamnée à deux mois avec sursis pour l’absentéisme répété de ses deux filles au collège.

Mais les « bons » parents n’ont pas à s’inquiéter, l’absentéisme, même s’il est attaqué d’une manière radicale par l’Éducation Nationale, est cependant assez limité et les élèves réfractaires à l’encasernement scolaire représentent en moyenne autour de 1% sur l’ensemble des établissements.

Alors, de la suppressions des allocs (qui n’a duré que quelques années) à la cagnotte (une carotte pécuniaire pour récompenser l’assiduité d’une classe), en passant par les menaces de prison ferme ou de sursis pour les parents, rien ne pourra jamais faire aimer l’école à tous ces petits rebelles, et heureusement qu’il y a des parents qui refusent de se prêter au jeu de l’État et ne collaborent pas à la normalisation et l’endoctrinement de leurs enfants réfractaires.

Parce qu’il n’y a pas d’âge pour se rebeller, et parce que l’école est la première étape dans l’acceptation de ce monde, que vive l’école buissonnière !

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BST, toujours aux aguets

« Moi, si c’était l’anarchie comme vous écrivez dans le journal, je vous mettrais une balle dans la tête ! »

C’est avec ces charmantes paroles qu’un flic de la BST (Brigade Spécialisée de Terrain) meublait le temps en attendant que je me déshabille pour me fouiller, et je pouvais sentir chez cet être un dégoût quasiment équivalent au mien. La garde-à-vue avait commencé comme un contrôle d’identité, cela fait des années que Lucioles est diffusé au même endroit et pour l’instant la tactique des flics consiste à embarquer régulièrement ceux d’entre nous qui n’ont pas leurs papiers, ce qui était mon cas et comme j’ai refusé de donner mes empreintes, ça a fini en garde-à-vue (c’était déjà arrivé à d’autres copains, voir Lucioles n°19). Je ressortais dès le lendemain, mais les lèvres pincées en songeant à ceux qui étaient restés dans la petite cellule et qui allaient peut-être encore passer des heures voire des années dans ces tombeaux pour les vivants que sont les comicos et les prisons.

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Ouverture d’une nouvelle bibliothèque anarchiste dans le quartier de Belleville

image Discordia N&B

La discorde est une forme profonde de désaccord, un dissentiment violent qui oppose des personnes entre elles et les dresse les unes contre les autres. Ce que nous souhaitons encourager, c’est qu’elle les oppose plutôt à ce vieux-monde et à ses défenseurs, comme cela se manifeste déjà, ça et là, par de nombreux actes de révolte et d’insoumission. Il n’est pas question pour nous de jeter de l’eau sur les braises de ces révoltes, mais au contraire de jeter, comme la déesse Discordia, la pomme de discorde au milieu de cette société où les rapports marchands et répressifs semblent avoir pris le dessus sur l’entraide, la solidarité et la recherche d’une vie que l’on aimerait vivre. Aussi contre cette résignation diffuse et la recherche du consensus à tout prix –même au prix de l’apathie.

Hors de tous dogmes, et avec une perspective anarchiste, La Discordia est une bibliothèque qui entend nourrir un projet révolutionnaire par certains de ses aspects fondamentaux : la lecture, le débat, la théorie, l’écriture, le papier, la discussion. Un lieu où se retrouver pour partager des informations sur l’actualité du mouvement révolutionnaire et anti-autoritaire à travers le monde, pour confronter des idées, en découvrir, en creuser ; un lieu où la discussion n’est pas forcement synonyme de consensus, et n’est pas réservée à des spécialistes. C’est aussi un lieu physique pour sortir du tout virtuel, avec des débats de vive voix, en face à face et dans le partage. C’est des livres, journaux, tracts, brochures, affiches et autres documents, des archives d’aujourd’hui et d’hier pour contribuer à la transmission de l’histoire des luttes individuelles comme collectives. Tout ce qui pourra favoriser le développement des idées, en rupture avec l’État, la politique et le Capitalisme. Si Discordia a causé par son geste provocateur la Guerre de Troie, nous souhaitons par le nôtre modestement contribuer à la guerre contre toute autorité, en ajoutant du carburant pour sa pensée.

La Discordia est une bibliothèque autonome (et déficitaire), qui dépend aussi de votre soutien et de votre participation. Installée dans le Nord-Est de Paris, il s’agit de rendre plus visible et accessible une présence anarchiste encore discrète mais continue dans ces quartiers depuis plusieurs années.

N’hésitez pas à consulter le programme et le catalogue, et surtout à y passer pour emprunter des livres, travailler au calme sur des archives, y découvrir de nouveaux textes et brochures, fouiller la distro, déposer des publications, discuter, proposer quelque chose ou simplement passer quelques heures en dehors de la résignation généralisée.

Des livres, pas des flics !

 

Programme du mois de mai 2015 :

Dimanche 10 mai 2015 – 18h : Inauguration
Venez découvrir la Discordia, en savoir plus sur le projet et discuter. Vous pouvez amener, si vous le souhaitez, à boire et à manger.

Mercredi 20 mai 2015 – 19h : Discussion
Des Cinq de Haymarket à Sacco et Vanzetti : tous innocents, tous martyrs ?

Dimanche 31 mai 2015 – 19h : Discussion
Mixité sociale, rénovation urbaine et guerre aux pauvres… Trouver des pistes pour combattre la gentrification.

Ouverture tous les lundis de 16h à 20h en plus des évènements.

Plus d’infos : ladiscordia.noblogs.org
Contact : ladiscordia@riseup.net

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