Brèves – décembre 2013

•Wesh professeur !•
Mercredi 13 novembre devant le lycée Le Corbusier d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), des lycéens en grève (cf. Lucioles n°13) ont incendié des poubelles et il y a eu des jets de cocktails Molotov. Une voiture a également été incendiée sur le parking des profs. La veille, de similaires joyeusetés ont eu lieu devant un autre établissement du département, au lycée Paul-Eluard, à Saint-Denis, en marge d’une manifestation pour l’arrêt des expulsions de sans-papiers. A Nanterre, une dizaine de jours plus tard, c’est carrément le proviseur du lycée Joliot-Curie qui s’est pris des mandales dans la gueule ! Quelques heures plus tard, des bouteilles d’acide sont balancées sur les keufs et une supérette du centre-ville est pillée, des poubelles sont enflammées et une voiture toute proche a échappé de peu au même sort. Quelle fantastique et rebelle vivacité !

•Brûlent les frontières et les taules… •
Un utilitaire de la Croix-Rouge, l’un des principaux gestionnaires de prisons pour étrangers, part en fumée rue des Montiboeufs dans le XXe, la nuit du 6 novembre 2013. Lundi 9 décembre, c’est le tour d’une camionnette de Vinci (constructeur de taules et de centres de rétention) qui crame rue Haxo dans le XXe. Et la nuit du 12 au 13, un magasin Bouygues (également constructeur de prisons) a eu sa vitrine défoncée et sa porte éventrée rue Lepic (XVIIIe). Faut croire qu’enfermer n’est pas de tout repos.

•Evasions Awards 2012•
Un rapport des collabos intervenant dans les centres de rétention en France révèle qu’en 2012, il y a eu au moins 58 évasions dont une quinzaine en région parisienne. Début décembre, deux retenus du CRA du Mesnil-Amelot ont essayé de s’enfuir. Pas de bol, ils ont été rattrapés après avoir escaladé le grillage. L’un des deux, blessé, a fini à l’hosto, pour l’autre retour au centre de rétention. On croise les doigts pour le prochain essai !

•Et PAF le DAB ! •
Mardi 12 novembre vers 7h45 près de La Défense (Hauts-de-Seine), un distributeur automatique de billets (DAB) de la Poste du quartier du Faubourg de l’Arche a été détruit à l’explosif. Les habitants de l’avenue Puvis de Chavannes ont été surpris par une forte détonation et des riverains ont vu repartir deux hommes cagoulés sur un scooter ou une moto. Mais qui peut bien être assez fou pour en vouloir aux banques ?! …se demande la police.

•Briser les briseurs de grèves•
Un bus du réseau TICE (Transports Intercommunaux Centre Essonne) a été incendié jeudi 14 novembre au soir et son chauffeur a été agressé. Mais remettons bien les choses en place : ce chauffeur syndicaliste de droite avait décidé de travailler tandis que la majorité de ses collègues étaient en grève. Alors pas de pitié pour les jaunes !

•All Cops Are Bastards ! •
Le 17 novembre dernier, des policiers municipaux de Corbeil (Essonne), en patrouille dans le quartier des Tarterêts, ont essuyé cinq tirs de carabine à plombs. Les tireurs étaient vraisemblablement embusqués dans les étages des immeubles voisins. L’un des schmidts a été trop légèrement touché à l’aine par l’un des projectiles. En revanche, la voiture a été criblée de billes de plomb. Quelques jours plus tard, à la Courneuve (Seine-Saint-Denis), un policier qui intervenait dans un immeuble non loin du centre ville a été blessé au visage par des tirs de grenaille. Ce flic de la PJ, en poste sur un autre département, était en opération pour retrouver un suspect. Alors qu’il tambourinait aux portes, l’une s’est ouverte et un homme lui a tiré dans sa sale gueule avec un pistolet à grenaille, le blessant à l’œil. Il ne s’agit pas de l’homme qui était recherché. Agé de 68 ans, il a été interpellé. La pref’ nous raconte : « L’hypothèse d’un tir provoqué par la panique n’est pas exclue » [rires].

•All Matons Are Bastards ! •
Un gardien de la prison de Liancourt (Oise) a été agressé mercredi dans l’enceinte de l’établissement. Entraîné dans la cellule d’un détenu, après la promenade, il a été roué de coups par trois prisonniers. Bilan, 21 jours d’arrêt de travail et 15 jours d’ITT. Le matin même, un autre détenu, après un refus de parloir, avait craché sur un autre surveillant, tout en s’emparant d’une poêle pour en découdre.

•Soutane cherche tatane ! •
Belleville, 5 décembre : quelques ados s’amusent dans la cour de l’église Saint-Jean-Baptiste. Des poubelles sont renversées, ce qui ne plaît pas à deux prêtres. Au lieu de tendre l’autre joue, ces curetons appellent les flics. Les deux corbeaux commencent aussi à photographier les ados, qui réagissent. Deux gars (dont un de 13 ans) finissent en garde à vue. Les prêtres ont porté plainte et disent avoir été molestés par les jeunes (tiens, d’habitude c’est le contraire !).

•Ibrahim, enfin dehors ! •
Ibrahim (Cf. Lucioles n°8) avait été condamné pour sa participation supposée à l’évasion du 16 décembre 2012 au CRA de Palaiseau (4 personnes dans la nature). En appel, il avait écopé d’un an de taule, arrivant donc en fin de peine le 4 décembre. Mais de la prison de Fleury Mérogis, il a été emmené directement… au CRA du Mesnil-Amelot ! Voilà le cercle vicieux auquel le pouvoir destine ceux et celles qui n’ont pas ses papiers. Heureusement, enfin, le 9 décembre, il a été relâché sur un vice de procédure (mais il a toujours une Interdiction de Territoire jusqu’à fin 2015). Bonne chance !

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Anarchistes vs. Police : nous ne voulons pas de leur guerre privée

En ce lundi 25 novembre 2013, alors que nous diffusions comme plusieurs fois par mois le bulletin anarchiste Lucioles aux alentours de la station de métro Belleville, deux chiens de garde de la B.S.T ont commencé à nous renifler, comme souvent depuis quelques mois. Cette fois-ci, après s’être entretenu au talkie pendant quelques minutes à propos de ces anarchistes, l’un d’eux a une idée géniale, Tony notre plus grand fan (petite taille, brun et petit bouc noir), accourt vers un sac contenant des bulletins et essaye immédiatement de s’en emparer. Mais, les compagnons ne laissent pas faire et résistent à ce vol à la tire en maintenant le sac. S’ensuit une épreuve de force jusqu’à ce que les flics réussissent à l’arracher. Leur prétexte ésotérique : le plan vigipirate. Il s’agirait d’un sac abandonné, un colis suspect (alors qu’il se trouvait à nos pieds), et donc, les bleus utilisent ce prétexte pour faire un contrôle d’identité et tenter (sans succès) d’interrompre la diffusion.

Les compagnons refusent de donner leur identité. En l’espace de vingt minutes, c’est une vingtaine de flics qui nous encerclent et le ton monte. Un attroupement se forme rapidement autour de nous, les gens sont solidaires, mais les flics sortent les gazeuses, ce qui ne dissuade pas les solidaires de venir récupérer des bulletins dans nos mains. La diffusion continue d’ailleurs, à d’autres sorties du métro, pendant que trois compagnons sont isolés par les flics pour procéder à un contrôle. Pendant le contrôle, les flics sont très provocants, avec des remarques racistes, des remarques incompréhensibles sur les parties génitales et les sports de combat (sauf dans leurs esprits de petits machos) et quelques bousculades. Une vieille dame exprime son soutien aux anarchistes du quartier, et aux cris de « vive l’anarchie », le contrôle continue une vingtaine de minutes.

Mais ce contrôle ne sort pas de nulle part :

  • Les correspondants de nuit, ces agents de proximité de la guerre aux pauvres, dont le boulot répressif est depuis longtemps souligné en divers endroits (Cf. ce tract), se sont d’abord essayés au harcèlement pour empêcher diverses activités anarchistes (tables, collages, diffusions…) dans le quartier, tentant eux aussi à l’occasion le contact physique et la guerre privée contre le bulletin Lucioles et les anarchistes de Belleville. Cela est passé entre autres par une plainte contre le tract mentionné plus haut, pour « diffamation publique envers des fonctionnaires » (Cf. Rien à déclarer et Toujours rien à déclarer).
  • Au début de l’été dernier, trois compagnon/nes se font embarquer au commissariat du 19e suite à un collage pour un contrôle d’identité, des auditions et des prises d’empreintes et d’ADN auxquelles les compagnons se sont refusé/es, afin de ne pas participer à leur propre fichage et de ne pas faciliter le travail des flics. Le nom de Lucioles revient régulièrement pendant les auditions.
  • Dans la nuit du 11 au 12 novembre, deux compagnon/nes se font serrer dans le quartier après avoir posé des tags, comme par exemple sur une église (« Bouffe ta morale et ta soutane ») et sur une école (« Nique la carrière, vive la buissonnière »). Un peu moins de 24 heures de garde-à-vue où les compagnon/nes se refusent à toute déclaration, ainsi qu’aux relevés signalétiques. L’un des deux est convoqué au tribunal pour mi-janvier.
  • Dans l’après-midi du 17 novembre, un collage part en embrouilles avec un vieux porc raciste, gardien d’immeuble de l’A.R.E.P.A. (au niveau du 11, Rue de Belleville). Cette vieille canaille, notoirement détestée dans le quartier pour emmerder les SDF du coin, qui tente à chaque fois d’empêcher les collages à cet endroit, bute cette fois sur une réponse physique, il est alors aidé par une poucave qui saisit un des compagnons pour le livrer aux flics. La cavalerie débarque en nombre, appelée par le porc, en sortant la grosse artillerie du maintien de l’ordre (CRS, BST et compagnie, équipés de gazeuses, flash-balls, matraques). Un compagnon fera alors 24 heures de garde-à-vue, et tout le matériel est saisi. Comme à chaque fois, le compagnon ne collaborera pas, refusant les déclarations et la signalétique.

Autant de petits épisodes, additionnés aux remarques et aux sales regards du quotidien pour les compagnons du quartier, qui montrent bien la volonté du pouvoir local de nous mettre des bâtons dans les roues. On le voyait déjà lorsque trois compagnon/nes de Lucioles étaient incarcérés par l’antiterrorisme avec le concours de la police du 20e (présente sur des perquisitions) en janvier 2011 et où les flics s’intéressaient déjà à Lucioles (Cf. Trois compagnons arrêtés à Belleville et incarcérés). Nous remarquons que les flics sont généralement sur les dents, et que dès que possible face à nous comme avec n’importe quel insoumis, ils cherchent à faire nombre, probablement effrayés par les possibilités de débordements dans un des derniers quartiers non-pacifiés de la capitale. Nous comprenons bien que ce n’est pas de nous que l’ordre a si peur, mais de la poudrière sociale qu’est le Nord-Est parisien.

Ce communiqué n’a pas pour but de provoquer l’indignation citoyenne ni de se plaindre, mais de sortir de la logique que l’ennemi cherche à faire prévaloir : une guerre privée entre eux et nous. Car nous nous foutons bien d’eux, et c’est aux habitants du quartier avec qui nous partageons ce journal depuis plusieurs années que nous souhaitons dialoguer, en espérant partager bien plus que la belle mais banale haine du flic. Ceux et celles qui se mangent la même répression que nous, et qui se reconnaissent potentiellement en nous comme nous nous reconnaissons en eux et en elles.

À un moment, l’un des flics nous encerclant sort une gazeuse, un des compagnons gueule alors aux badauds présents sur place que les flics commencent à sortir leurs armes, le flic répond en disant au compagnon que lui aussi était en possession d’armes en montrant les bulletins qu’il avait dans ses mains. Effectivement, si leurs gazeuses ne peuvent que nous brûler les yeux, nous espérons bien que nos idées puissent quant à elles mettre devant les yeux de chacun les nombreuses possibilités d’attaquer ce monde à brûler, car c’est la guerre sociale que nous voulons.

Tout continue, vive l’anarchie.

Quelques contributeur/ices de Lucioles.

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Fronde ?

Ces derniers temps, dans certaines régions ça bouge, ou plutôt ça bloque. Une certaine colère diffuse prend la forme d’une fronde anti-gouvernement, notamment à travers l’opposition à des nouvelles taxes. Au premier coup d’œil quelque peu superficiel, certaines pratiques peuvent sembler sympas. Ainsi, durant la première quinzaine de novembre, la protestation contre l’écotaxe a causé à l’État une dizaine de millions d’euros de frais, avec une centaine de radars routiers, quatre portiques écotaxe et une vingtaine de bornes détruits. L’ennemi est attaqué, on en sourit. Mais gare à ce que nos sourires ne tournent pas à l’amertume. L’ennemi de mon ennemi n’est pas forcément mon ami. Aussi le petit entrepreneur s’oppose parfois à l’État. Mais pour lui il s’agit de l’État qui lui prend de l’argent sous forme de taxes et d’impôts. Pour l’entrepreneur, le flic et le juge seront toujours des amis : ils sont là pour le défendre, lui et sa thune, des barbares. C’est nous les barbares, ceux pour lesquels les flics sont là. Ceux que le pouvoir et les patrons cherchent à soumettre à leur chantage, à exploiter, acheter et vendre, enfermer, tabasser, tuer.

Le mouvement des « bonnets rouges » bretons et ses imitateurs, les transporteurs, les agriculteurs, les boutiquiers, ce sont pour la plupart de petits entrepreneurs qui craignent de voir leurs affaires étouffées ou encore des salariés plus royalistes que (leur) roi. Du fait qu’en ce moment on trouve les salopards de gôche au pouvoir, la droite fait son beurre avec cette « contestation ». Contestation de quoi ? D’un monde qui est une prison, de l’exploitation, de la misère, de l’autorité ? Bien sûr que non. Gauche ou droite, extrême ou pas, ils sont pour le maintien de ce monde ; ils se disputent sur des détails afin de s ‘arracher des fauteuils. Cette fronde anti-gouvernement défend le droit de produire, de travailler (et d’en faire travailler d’autres), de faire du fric. En Bretagne il y a en rab une nauséabonde ritournelle nationaliste.

Un radar routier est facile à attaquer et coûteux pour l’État, il est donc une bonne cible. Mais les destructions de radars et structures liées à l’ecotaxe, en ce moment et en tant que cibles uniques, en disent beaucoup sur les perspectives clairement réactionnaires de leurs auteurs anonymes. Il s’agit en effet d’une opposition non à l’État, mais à un certain État (ou plus précisément à l’actuel gouvernement de l’État), non à l’exploitation, à l’autorité, à tout ce monde, mais à une certaine gestion de ce monde. Non au contrôle et à la répression étatiques de nos vies, mais à ce qui empêche quelques uns de s’enrichir encore plus ou d’appuyer sur l’accélérateur de leurs grosses voitures sans craindre des amendes….

On nous dit que les taxes vont avoir des effets négatifs sur l’emploi. D’accord ; on a justement pas envie de travailler. Et les préoccupations des patrons, grands, moyens ou petits, ne sont pas les nôtres ; pas plus que celles des gouvernants, de droite ou de gauche. Car leur intérêt sera toujours de nous garder sous leur joug. Notre intérêt à nous, les exploités, c’est de briser nos chaînes. Pas avec des lois, pas en choisissant une mafia politique plutôt qu’une autre, mais bien en renversant pour de vrai toute autorité.

Est-ce que ces petits feux réacs seraient peut-être le signe d’une colère plus profonde, potentiellement explosive et libératrice ? Peut-être, mais pour l’instant ils restent une fronde bien biaisée, porteuse d’oppression. Notre pari n’est pas sur le boutiquier qui défend son affaire, mais sur tout/e sauvage/onne qui n’a rien à perdre et n’en peut plus d’un monde d’affaires. Qui rêve de la liberté. Et qui entend passer personnellement à l’action.

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La vie est courte, soyons sauvages !

« Les temps sont durs », « toujours les mêmes qui trinquent », « Mais qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? »
Et bla et bla et blablabla. Toujours la même chansonnette qui déborde des comptoirs et des turbins. Tout le monde a son mot à dire sur le désastre routinier qui nous frappe tous, chacun a sa petite idée pour une meilleure gestion du pays, mais personne ne met véritablement la main à la pâte. Et puis ça va voter, se résigner et voter encore. Que le bâton se nomme PS, UMP, FN ou Front de Gauche, qu’est-ce que ça change en vrai ? La carotte sera toujours la même… Alors on attend, on se dit que les mauvais jours finiront, qu’un miracle est en gestation quelque part aux tréfonds de l’univers, qu’un homme politique providentiel viendra nous sauver de ce merdier, le messie, l’apocalypse, que l’argent nous offrira cette liberté à laquelle nous n’avons jamais goûté, que des alternatives nous permettront de vivre en-dehors de ce monde, qu’il y aura un ailleurs où guérir d’ici, un paradis futur pour oublier l’enfer du quotidien, de ces oppressions routinières qui se nomment travail, contrôle, enfermement et frontières.

Mais trop de mots, trop de gesticulations inutiles, la vie est trop courte pour tout cela, il faut maintenant faire exploser les barbelés qui entourent nos imaginaires, il faut passer à l’attaque.

Ceux qui sont responsables de cette société carcérale sont de même constitution, ils sont faits de chair et de sang, ont des noms et des adresses, leurs structures sont au coin de la rue. Qu’ils construisent les prisons prévues pour nous mater, qu’ils y travaillent, qu’ils participent à notre misère en nous rackettant des loyers, en nous faisant trimer, en nous prenant pour des cons, en essayant de nous domestiquer. Tous voient bien qu’il nous suffirait pour changer le cours des choses de faire le constat que la vie est bien trop courte pour y passer son temps à courber l’échine. N’y-a–t-il que les dominés pour ne pas s’en rendre compte ?

Alors oui, la vie est courte, trop courte pour cet ennui abyssal, pour cette vie de misère sous le soleil noir de la domination, les pieds embourbés dans le sol froid du capitalisme. Qu’au moins elle soit intense et d’une sauvage vivacité. Qu’au moins nous nous libérions de la résignation et de la peur que nous impose ce monde.

Prendre sa vie en main, c’est attaquer tous les pouvoirs !

Pour un monde sans État ni argent
Pour l’insurrection
Pour l’anarchie

[Affiche trouvée sur les murs de Paris, novembre 2013.]

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Lucioles n°13 – novembre 2013

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Pour lire le bulletin texte par texte  : Numéro 13

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Vive l’insécurité !

Tu l’aimes toi cette vie sous vidéosurveillance, où des cerbères armés peuvent te courir après jusqu’à ce que tu crèves comme le 14 octobre dernier à la porte de Montreuil (dans le 20e) ? Où des contrôleurs te reniflent l’identité quand t’en as marre de payer pour te faire transporter comme du bétail de la ferme à l’abattoir ou quand tu n’as pas les bons bouts de papiers ? Où on te juge et t’enferme à chaque fois que tu te fais prendre à ne plus respecter leurs lois ? Où tu galères chaque jour à payer ton loyer de cage à poule avec l’argent que les patrons veulent bien te refiler en échange de ta docilité ? Où des vigiles te scrutent pour s’assurer que tu ne prennes pas ce dont tu as besoin ? T’en as vraiment envie, toi, de cette vie réglée, ajustée au millimètre par les dominants, surveillée, légalisée, psychiatrisée, démocratique, régularisée, sécure et surtout, chiante à mourir ?!

Alors c’est sûr qu’entre deux rafles, expulsions locatives, visites des huissiers, passages devant les juges des palais, de la CAF, du planning familial ou de la communauté, crédits à rembourser et découverts à payer, ce n’est pas un sentiment de sécurité ou de sérénité que l’on ressent, et il y a plusieurs façons de réagir à cette sensation d’étouffement : fermer sa gueule, aller voter et se dire que jusqu’ici tout va mal mais que ça pourrait être pire, mais aussi se révolter, s’insoumettre, se venger, ne pas se laisser marcher dessus et garder la tête haute face aux riches et à leurs harkis, face aux institutions, face à l’État, face au pouvoir et aux normes sociales qu’il impose. Cela fait quelques années maintenant que nous éditons ce journal dans le seul but d’appuyer et de diffuser le choix de la révolte et de dégueuler sur la soumission. Et si au fond ce que nous voulons vraiment est la rupture et la destruction totale de ce monde, la révolution, il y a déjà de quoi se réjouir des nombreux épisodes de révolte qui parsèment le scénario fissuré de la domination capitaliste et étatique.

Mais l’insécurité dont nous parlons là n’est clairement pas celle qu’utilisent depuis toujours médias et politiciens pour faire de l’audimat ou gagner des élections sur le dos de l’imbécillité diffuse, non, puisqu’ils en sont responsables. Mieux vaut donc pour eux inventer une insécurité plus vendeuse pour faire oublier la nôtre ou la rendre plus tolérable. Il s’agit alors d’inventer des figures d’épouvantail et de dépouiller les humains visés de leur individualité. Le Rrom voleur de poule, le clandestin qui vole le travail des français, les islamistes tapis dans l’ombre qui fomentent de nous faire péter le caisson à tout instant, l’anarcho-autonome saboteur d’ultra-gauche, les bandes de jeunes à capuche qui se lèvent le matin pour dépouiller les honnêtes citoyens (si seulement c’était vrai…), les salauds de grévistes qui prennent la population en otage, les petits braqueurs qui méritent bien leur balle de bijoutier niçois, les profiteurs du système de « protection » sociale et ainsi de suite. Autant de figures imaginaires montées en épingle au 20h pour que le bon français domestiqué se chie dessus, consomme et vote dans la plus totale indifférence du sort des autres, et dans l’incapacité d’identifier l’ennemi là où il se trouve vraiment, c’est-à-dire pas sur la porte d’à coté du même palier, mais au parlement, à la tête des entreprises, dans les commissariats, les centres communautaires et les palais de justice.

L’insécurité des riches et des dominants fait notre bonheur, et vice versa. Alors, dans cette guerre sociale, il faut choisir son camp.

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Brèves – novembre 2013

•Les combustions affûtées•
On apprend sur internet que dans la nuit du 6 au 7 octobre, Avenue du Docteur Gley (Paris XXe), dégoûtée de sa vie de collabo de l’enfermement, une camionnette d’Eiffage s’est immolée par le feu. Ses derniers mots : « Feu aux prisons ! Feu à ceux qui les construisent ! ». Une vingtaine de jours plus tard, on apprend également qu’un utilitaire d’Eiffage Energie a choisi le même destin, celui qui lui va le mieux.

•Les combustions acharnées•
On apprend également avec délectation dans la presse de l’ennemi que depuis l’installation des Autolib’ de Bolloré et de la mairie il y a deux ans, c’est quelques 25 véhicules qui ont été incendiés volontairement sur la voie publique. Faut croire que les projets d’embourgeoisement du Grand Pourris ne passent pas chez tout le monde.

•Les combustions manquées•
Autre bonne nouvelle, mercredi 30 novembre, vers 21 h 30, deux engins incendiaires ont été lancés contre les grilles du parking du commissariat d’Aubervilliers (93). Les bouteilles contenaient bien de l’essence et les mèches étaient en flammes, mais les cocktails Molotov n’ont pas explosé. Alertés par le bruit, les flics sont immédiatement sortis du bâtiment. Ils ont aperçu un homme cagoulé et ganté qui prenait la fuite, avec succès. Bonne nouvelle, parce que c’est l’intention et la détermination qui comptent, au moins autant que le résultat.

•Les combustions spontanées ? •
Un feu s’est déclaré ce lundi 21 octobre au matin dans l’enceinte du fort militaire d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). L’incendie a pris vers 7 heures du matin dans un local technique du fort avant de se propager rapidement. Quelques 300m² ont ainsi été ravagés par les flammes, pratiquement la moitié d’un bâtiment qui devrait être inutilisable pour les semaines à venir. Une enquête est censée déterminer les causes de l’incendie, mais on se dit et on espère, naïvement, qu’avec l’armée rien n’est vraiment le fruit du hasard.

•Les ailes du désir•
L’idée de retourner en prison lui était probablement insupportable. Elle lui a donné des ailes pour le moins. Un prévenu de 26 ans, en libération conditionnelle, s’est fait la belle en plein tribunal, mercredi 30 octobre à Versailles (Yvelines). L’homme originaire des Mureaux avait été interpellé avec son cousin lors d’un banal contrôle routier mardi vers 4 heures à Orgeval. Il était présenté en comparution immédiate devant la 7e chambre correctionnelle pour « port d’arme prohibé », en l’occurrence un couteau. A la fin de son procès vers 18 heures, son avocat quitte le tribunal, laissant son client dans le box des prévenus, sous la surveillance d’au moins deux policiers. Le délibéré tombe peu après : un mois de prison ferme avec mandat de dépôt. A ce moment-là, le prévenu enjambe le box, prend son courage à deux mains et bouscule quelques personnes sur son passage avant de prendre la fuite. Il avait déjà purgé une peine de 4 ans ferme pour un braquage. Son cousin, qui comparaissait pour défaut de permis, a été placé en garde à vue, pour « complicité d’évasion », soupçonné de s’être interposé devant les policiers qui tentaient de rattraper le fugitif. Bonne route à l’un, bravo et bon courage à l’autre.

•Un cœur d’athlète•
Un détenu de la maison d’arrêt d’Osny a réussi à se faire la belle, début octobre. Il avait été transféré à l’hôpital de Pontoise, où il a subi une intervention chirurgicale au cœur. Le lendemain de l’opération, voilà que le cœur marche toujours bien : le gars a sauté d’une fenêtre du deuxième étage et s’est enfui. Flics en nombre, hélicos et chiens pisteurs n’ont pas suffi à le rattraper.

•Quand on choisit un travail d’assassin…•
Elle s’est pendue chez elle, le 12 octobre, sans laisser un mot. Chez elle c’est un logement de fonction de la matonnerie de Fresnes, et apparemment son travail de bourreau a quelque chose à voir avec son suicide. Lui, il s’est mis une balle dans la tête. Il était flic de la Police aux Frontières à l’aéroport de Roissy. Là aussi, une « souffrance au travail », selon sa femme. Comme quoi même à des flics et des matons il peut arriver de faire quelque chose de bien, parfois…

•Jeunesse incendiaire ! •
Il aurait essayé à deux reprises de foutre le feu au collège dont il avait été exclu (collège Alain Fournier, dans le XIe). Ce jeune esprit incendiaire a été mis en garde à vue (à 13 ans) parce que surpris en train d’incendier la devanture d’un garage (on lui avait peut-être refusé un apprentissage ?). On attend de savoir s’il finira en EPM (prison pour mineurs), pour lui envoyer quelques mots d’encouragement… et un briquet !

•But ! •
Dans la nuit du lundi au mardi 26 octobre, un incendie a été joliment orchestré dans l’enceinte du stade Duvauchelle de Créteil. Le match de coupe de la ligue prévu quelques jours plus tard se fera donc dans un stade en partie cramé. L’incendie a ravagé quinze fauteuils des bancs de touche, détruits par les flammes. La police a trouvé des traces d’hydrocarbure sur d’autres sièges (environ une vingtaine) ce qui confirme la piste vandale. Des vandales que nous remercions d’avoir voulu notre bien à tous en tentant de nous épargner une énième kermesse sportive de pognon et de pub.

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Une journée bien chargée

Encore une grosse rafle à Barbès. Ce Jeudi 17 octobre, vers 13 heures, des groupes de deux à trois civils du commissariat de la Goutte-d’Or, patrouillent dans le quartier et arrêtent au faciès plusieurs dizaines de personnes. Elles sont emmenées dans un camion de flic stationné sous le métro qui une fois plein, se dirige vers le commissariat de la rue de Clignancourt. À au moins trois reprises le camion et les civils reviennent faire leur même sale boulot. Au commissariat quelques personnes sont relâchées et la plupart emmenées au centre de rétention de Vincennes. Des personnes solidaires ont tenté à leur petit nombre d’empêcher des arrestations en prévenant les gens sur place que les flics sont en train de contrôler. Ça dure au moins jusqu’à 20 heures. Heureusement, une bonne nouvelle vient briser la routine des rafles : une vitre de la porte arrière du camion des flics cède sous les coups portés par les arrêtés et quatre personnes parviennent à s’échapper.

Le même jour, des lycéen-ne-s sont descendu-e-s dans la rue et ont bloqué une vingtaine de lycées à Paris. Ils/elles sont des milliers, contre les expulsions, notamment celles d’un lycéen, Khatchik, expulsé le 12 octobre et d’une collégienne, Léonarda, expulsée le 9 octobre. Une manifestation est organisée place de la nation et ça part dans tous les sens, en plein de petits cortèges qui remontent vers Bastille, République et les grands boulevards. Sur le chemin, ça gueule, du mobilier urbain est pété, une ligne de CRS est enfoncée, tandis que les syndicats lycéens et les (futurs) politiciens appellent à rester en ordre. La pression des flics, notamment des civils, se fait de plus en plus forte et la manif finit par se disperser sous les gazs lacrymos avec quelques arrestations. Mais dans d’autres endroits de Paris des petites manifestations continuent d’avoir lieu.

Le lendemain, vendredi 18, une nouvelle manifestation est appelée. Encore des lycées bloqués et des milliers de lycéen-ne-s dans les rues (les profs n’étaient qu’une poignée, bel effort de solidarité pour les autres !). Le cordon de tête tenu par les syndicats lycéens et étudiants et par le front de gauche se fait déborder et la tête de la manif pousse la ligne de CRS qui se fait caillasser jusqu’à l’arrivée.
On aurait aimé que les manifestant-e-s aillent à Barbès pour relier ces réalités. Mais pour ça, pour l’instant, manquent des liens et des solidarités qui restent à construire pour mettre à bas ce monde de flics et de barbelés.

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Passe sur la bac d’abord !

« La question n’est pas de savoir pourquoi il y a des gens qui jettent des pierres sur la police, mais plutôt pourquoi il y en a si peu. »

bac

À en croire certains torchons journalistiques, il semblerait que certains cols blancs à la tête du gouvernement aient nourri quelques craintes suite aux manifestations lycéennes qui ont eu lieu avant les vacances à Paris et dans d’autres villes de France. Conscients que couve une colère qui n’attend qu’une étincelle pour exploser (quelle attente toujours trop longue !), l’État et ses sbires ont circonscrit ces rassemblements dans le cadre de « manifestations lycéennes pour le retour de Leonarda et Katchik », prévenant ainsi toute radicalisation du mouvement, c’est-à-dire toute possibilité de passer du refus de l’expulsion de ces deux lycéens à des refus plus larges et sans concessions. Du refus de toutes les expulsions à la remise en cause de l’ordre existant qui nous étouffe, un monde qui repose sur l’exploitation et la domination et dont les expulsions ne sont qu’un des rouages. De la réticence à défiler sagement derrière une sono qui crache des slogans auxquels personne ne croit, à l’abandon de toutes velléités de revendications et de négociations avec tous les pouvoirs quels qu’ils soient (étatiques, patronaux, syndicaux…), de la pauvre comédie où chacun joue son rôle (les sans-papiers qui réclament des papiers, les chômeurs un emploi, les travailleurs des augmentations de salaire, les étudiants et les professeurs plus de « moyens » pour étudier, le peuple de gauche moins de racisme et de misère, les chats moins de chiens etc.) au déraillement du train train quotidien, en d’autres termes l’interruption du cours normal des choses et l’émergence de cette banalité : aucun pouvoir ne peut régner sans la servitude volontaire de ceux qui le subissent. De la bouche d’un ministre, cela donne : « L’objectif est de désamorcer très vite le mouvement car historiquement on sait que ces manifestations sont très vites incontrôlables. » Bien vu l’ennemi !

Déjà jeudi 17 et vendredi 18 octobre, plutôt que de moisir sur une chaise à compter les minutes avant la sonnerie, des lycéens ont préféré bloquer les cimetières de leur jeunesse, une vingtaine dans Paris, et certains se sont rendus aux manifestations prévues ces deux jours : en dépit des efforts des professeurs, des journalistes, des parents, des politiciens, et de tous ceux qui à l’école comme en dehors imposent aux « élèves » ce qu’ils devraient penser, ce qu’ils devraient faire et comment, beaucoup de ceux qui foulaient le pavé ne se sont pas satisfaits de paître dans le pré bien gardé de la stérile et impuissante contestation citoyenne, y préférant un savoureux mélange de colère non banalisée, de bon sens et de lucidité. Les tracts estampillés FIDL et UNL sont piétinés, le cordon de tête de la manif’ tenu par les syndicats lycéens et étudiants et par la vermine politicienne du Front de gauche se fait déborder et la tête de manif’ pousse la ligne de CRS qui déguste du caillou jusqu’à l’arrivée, certains quittent le sacro-saint trajet Bastille-Nation pour arpenter les petites rues, et s’équipent avec ce qu’il y a sous la main pour s’attaquer en petit groupes aux CRS, de-ci de-là on entend ce slogan « Non à toutes les expulsions » ou encore « la jeunesse n’a pas de frontières », des laquais du pouvoir plus communément appelés journalistes se font chahuter et piquer leur matos, et il s’en est fallu de peu pour qu’une partie de la horde ne pénètre dans la gare de Lyon.

Certes cela a de quoi nous réjouir, et pourtant nous en gardons un goût amer. Amer parce que la récréation est finie et que celle qui l’emporte sans avoir été ébranlée c’est la démocratie, c’est-à-dire la servitude ponctuée par des mouvements sociaux. La machine à expulser fonctionne sans interruption, et si bien souvent ses hommes de main œuvrent avec discrétion, il y a des jours où les rafles sont massives et ne se cachent pas. Rappelons nous de la journée du 6 juin à Barbès, ou plus récemment le jeudi 17 octobre à Barbès encore. L’horreur est quotidienne, mais parfois sous les feux des projecteurs elle se fait plus criante, et ses costumes humanistes trop vite enfilés et son parfum de compassion ne suffisent pas à dissimuler la puanteur morbide qui suinte de tous ses pores. Rappelons nous de ce premier ministre italien, ce gros bâtard en costard qui il y a de cela quelques semaines a naturalisé à titre posthume les 350 migrants morts au large de Lampedusa, alors même que les rescapés avaient déjà été expulsés. Ceci n’est pas une blague, c’est l’impudence d’un dirigeant dans un monde où la résignation et l’obéissance d’un grand nombre vont de pair avec les responsabilités concrètes de structures et d’individus avides de pouvoir et d’argent. Des structures qui sont à la portée de tous. La révolte face à ce monde peut s’exprimer partout et tout le temps, c’est entre autres ce qui fait sa force. Sans attendre et loin des parades protestataires qui, malgré certains aspects encourageant parfois, sont vouées à mourir dès que le pouvoir siffle la fin -et lâche des miettes ou sort la matraque- ou dès qu’il commence à pleuvoir, et qui n’ont jamais véritablement fait tomber un seul mur tant qu’ils se sont cantonnés à la non-violence et au respect de la légalité, aux négociations et revendications pour l’aménagement de l’ordre existant.

Si manifestation il y a, qu’elles riment avec chasse aux politiciens et chasse aux syndicats, parce qu’ils font leur beurre sur la contestation d’un système qu’ils ne cherchent qu’à réformer et donc à reproduire. Parce qu’ils sont là pour canaliser et récupérer les révoltes de ceux qui ne s’accommodent pas de le réformer mais veulent le détruire. Parce qu’ils seront toujours un frein à nos élans les plus généreux. Ni résignation ni paix face aux ennemis de la liberté.

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Les sorcières en liberté !

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À toutes et tous les insolents, exploitées, mal éduqués, révoltées, insurgés, rebelles, fous, inadaptées, incroyants, sauvageonnes, barbares, insoumises, indomptables, ingouvernables, antisociaux, sorcières, sans patries et assoiffés de liberté.

Prisons, centres de rétention, commissariats, écoles, centres psychiatriques, palais de justice, universités, barres d’immeubles, supermarchés, planning familial, temples, CAF, syndicats, partis, familles, mariages servent à nous parquer, nous domestiquer, nous éduquer, nous enfermer, nous corriger, nous normer, nous exterminer. Que le feu les emporte tous.

Les inquisiteurs et leur monde au bûcher !
Les sorcières en liberté !
Que la révolte s’empare de la liberté dans un fracas terrible,
Contre toute autorité.

Des anarchistes.

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Lucioles n°12 – octobre 2013

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Je n’appelle pas le 17 !

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On pourrait métaphoriquement imaginer la Justice comme une toile d’araignée qui aurait en son centre la taule. Les fils les plus épais et les plus près du centre sont les plus visibles et connus : juges, flics, matons. Ceux plus périphériques sont eux aussi facilement perceptibles si on s’y met un peu : vigiles, psys, assistants sociaux, médiateurs en tous genres, etc. Mais l’œuvre de toutes ces personnes ne saurait suffire à elle seule pour atteindre le but de la Justice, c’est-à-dire défendre le Pouvoir (politique, économique, moral, etc.) et mettre à la tâche en bon ordre la populace de travailleurs/consommateurs. Sortons de la métaphore : la collaboration des « gens » est indispensable au bon fonctionnement de la machine policière et judiciaire.

Beaucoup de procès ne pourraient avoir lieu sans témoins. Récemment, le gouvernement a même formalisé la figure du « collaborateur de justice », ou repenti. Il s’agit de quelqu’un qui balance les autres pour manger moins (ou pas du tout) de taule et recevoir de surcroît la protection et l’argent de l’État. Plus généralement, la police recourt systématiquement à des informations recueillies parmi les « citoyens » pour prévenir les délits ou en trouver les auteurs. Un bon exemple de cette deuxième démarche sont les « enquêtes de voisinage » : les chtars se pointent chez toi et te demandent de baver sur ton voisin ou sur quelque chose qui s’est passé.
Il y a des moments magiques pendant lesquels la normalité se fissure et on entrevoit la possibilité d’une vie différente. C’était le cas des émeutes de Londres en août 2011, quand des quartiers entiers ont été renversés de fond en comble et bien des structures qui nous pourrissent la vie se sont fait attaquer. Quand l’État a voulu se venger, après coup, les flics avaient des milliers d’images des pillages (caméras de surveillance publiques ou privées, vidéos et photos prises par des « bons citoyens », etc.). Il était pourtant impossible pour eux de retrouver les émeutiers uniquement grâce à leurs visages. Les schmits ont donc fait largement appel à la délation, avec des photos en grand format exposées dans les rues, publiées dans des journaux et sur des sites internet (cela à côté de méthodes plus « musclées », comme des descentes massives et perquisitions dans des cités).

Pour ce qui est de la « prévention », chacun en connaît aussi des masses d’exemples. Les flics et leurs imitations (vigiles, GPIS, correspondants de nuit, contrôleurs…) se baladent partout, posent des questions, fouinent, nous contrôlent et éventuellement nous embarquent. Mais la chose la plus grave est bien que parmi les « gens » il y a souvent une propension à la collaboration active avec les flics. Ça va du « bon citoyen » qui t’engueule si tu jettes un mouchoir sur le trottoir au type qui bave au vigile du supermarché s’il te voit chourer, du voisin qui appelle les flics quand il y a du bruit, à la balance tout court… Depuis le commerçant (légal ou « illégal », peu importe) qui est un peu trop aimable avec les flics parce qu’il a sa sale affaire à défendre, on va jusqu’aux associations de balances volontaires, telles que les « voisins vigilants ». Il s’agit bel et bien d’une forme de contrôle social informel, une solide béquille indispensable au contrôle institutionnalisé de la police et des organes juridiques. Pourtant, parfois il suffirait simplement de se taire ou de dire : « Je ne sais rien, je n’ai rien vu ». Il suffirait de savoir clairement identifier ses véritables ennemis : non pas les autres pauvres, mais ceux qui créent et gèrent la pauvreté, qui ont un pouvoir sur nos vies.
Que des riches (ou ceux qui se croient comme tels, pour se différencier de la misère généralisée) se placent du côté des keufs, rien de bizarre. D’ailleurs les chtars sont là justement pour garder les pauvres à leur place et leur rappeler le respect de l’autorité et de la propriété, au cas où ils ne l’auraient pas bien appris à l’école, en famille, au taf, etc. Mais pourquoi la femme de ménage s’identifierait-t-elle avec son riche employeur jusqu’à pointer du doigt celui qui vole dans le magasin ? Il faudrait questionner pourquoi certaines valeurs (et comportements) des exploiteurs sont devenus également ceux des exploités. En effet, cette servitude volontaire qui n’est pas perçue comme servitude, mais comme « apporter sa pierre au bien commun » ou plus banalement comme « on est tous dans le même bateau » est un des fondements les plus formidables de l’autorité.

Il y a des flics partout, parfois même dans nos têtes (on est tous plus ou moins les enfants de cette société) et on nous demande encore de devenir les balances de quelqu’un d’autre ? C’est assez ! Un changement radical des rapports interindividuels, la liberté, ne pourra se produire que par un bouleversement complet de ce monde : la révolution. Mais pourquoi ne pas essayer de régler entre nous nos conflits déjà maintenant, sans avoir recours à la machine de la Justice et sans forcément se bouffer les uns les autres ? Il s’agirait de gérer les différends de la façon la plus horizontale et directe possible, entre les intéressés. Le Pouvoir cherche à nous infantiliser (les enfants sont supposés ne pas raisonner, mais est-ce vrai?), on nous fait croire que nous ne sommes pas capables de régler nos problèmes de manière autonome. Pour essayer de nous libérer du contrôle de l’État et de la société, d’avoir nous-mêmes une prise sur nos vies, il est indispensable de garder la Justice (étatique, communautaire, morale) hors de nos rapports. Qu’ils soient des rapports directs, sans un pouvoir tiers et sans autorité entre les individus. Encore, refuser flics ou juges ne signifie pas forcément avoir recours à d’autres formes d’autorité, plus ou moins institutionnalisées, telles des formes communautaires ou mafieuses. Un juge est un juge, qu’il soit en toge ou en soutane. Et tous les sbires ne sont pas au service de l’État.

Le contrôle et la répression étatiques (juges, flics, médiateurs…) ou sociaux et communautaires (grands frères, leaders religieux, patrons, maîtres à penser…) sont des moyens de gérer les conflits qui surgissent entre individus ou groupes, conflits qui parcourent la société et peuvent avoir des effets terribles pour les intéressés. La violence « aveugle » et la plupart des conflits ne sont pas seulement produits par la société actuelle, mais il sont nécessaires à l’existence de l’État. Un État qui impose une situation d’exploitation et de misère (économique, intellectuelle, affective… de manière plus générale une misère existentielle). Cette situation est à la base de la plupart des conflits que l’État lui-même, après coup, prétend gérer. Avec la disparition de l’autorité et de l’exploitation, une large majorité des conflits disparaîtrait elle aussi. Pensons à tous les conflits liés, directement ou indirectement, à la propriété et à son manque, à la violence interne à la famille (violence de genre et sur les enfants) et plus généralement à toute la violence que ce monde nous fait avaler chaque jour, jusqu’à ce que ça déborde, souvent de manière casuelle, ne s’en prenant pas aux véritables responsables (comme devrait le faire une violence libératrice).
On n’est pas cons et on ne se cache pas derrière un doigt. Il y aura peut-être toujours de la violence, des conflits entre les personnes, même une fois abolies l’exploitation et l’autorité. Et dans ce monde-ci il n’est pas facile de résoudre certains problèmes sans avoir recours, par exemple, aux flics. L’exemple que chacun sort est celui de la victime ou du spectateur d’une agression. Quelques suggestions pourraient être d’éviter de reproduire des comportements autoritaires, les condamner et intervenir directement quand quelqu’un est en difficulté, pour l’aider à se défendre ou éventuellement se venger (mais pas question de se substituer aux intéressés pour « faire justice » à leur place). Il faudrait aussi abandonner les catégories de « criminel » et de « victime », tout en sachant qu’il n’y a que des individus tous différents et uniques et leurs rapports réciproques. On n’a bien sûr pas de solutions miraculeuses. Mais que ce soit clair que ce monde, avec son exploitation, sa misère, ses flics, n’est pas la solution à nos problèmes, il en est bien la cause.

Enfin, est-ce que nous, hommes et femmes de ce monde, pourrions vivre dans un monde libre sans nous bouffer les uns les autres ? La société qui nous entoure nous administre continuellement des « valeurs » telles que l’obéissance à l’autorité, le respect de la propriété, etc. Je pense qu’on peut devenir capables de vivre en individus libres et autonomes face à l’autorité, tout en luttant contre celle-ci. Lutter pour sa propre liberté individuelle, qui ne peut se passer de la liberté des autres, est la seule méthode pour l’arracher. Personne ne nous la donnera, surtout pas ceux qui détiennent le pouvoir, même si on les couvre de pétitions et de bulletins de vote. Et la violence, si elle vise les causes de la soumission, peut bien être libératrice : on n’aura pas la liberté sans elle. En même temps, et indissociablement, lutter pour être libres est le meilleur moyen pour apprendre à l’être déjà, au moins un peu, ici et maintenant. Ça ne va pas de soi et ce combat est fait aussi d’une remise en question de soi-même, d’allers-retours continus dans lesquels rien n’est jamais acquis une fois pour toutes. Ça demande de la détermination et en face on trouvera la répression, plus ou moins directe, de la société et de l’État. Mais, même dans le pire des cas, on aura gagné en dignité. Et dans le meilleur… Le jeu en vaut bien la chandelle !

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Brèves – octobre 2013

•Evasions !•
Deux belles évasions, à l’ancienne, depuis deux prisons pour étrangers en Île-de-France. Le 6 septembre quatre retenus du CRA de Palaiseau ont scié les barreaux d’une fenêtre. Trois d’entre eux sont parvenus à s’enfuir. Malheureusement le quatrième est mal tombé, s’est blessé et a été capturé. Le 1er octobre c’est depuis le Mesnil-Amelot qu’un gars se fait le belle, en escaladant les grilles à l’aide d’un drap. Bravo !

•Sabotons la machine à expulser !•
Dans la nuit du dimanche 22 septembre, deux véhicules de la Croix-Rouge (un Peugeot 208 et un Peugeot Partner) sont partis en fumée, rue des Montiboeufs dans le XXe. La Croix-Rouge, tout le monde le sait, collabore à l’enfermement et à l’expulsion des sans-papiers. Un communiqué nous explique qu’il s’agissait d’envoyer un petit signe de complicité aux évadés des CRA de Palaiseau et de Vincennes, ainsi qu’aux mutins du CRA du Mesnil-Amelot et à tous ceux et celles qui luttent en taule.

•…et à enfermer !•
Jeudi 3 octobre, au petit matin, le feu a été mis à une voiture de Vinci et à une camionnette d’Eiffage, rue du 8 mai 1945, à Pantin (93). Ces deux entreprises construisent des taules, alors bien fait !

•Miracle !•
La bonne nouvelle fleurit sur les murs de l’église de Belleville ! Cette fois-ci c’est « Dieu est mort, vive l’insurrection » et « La seule église qui illumine est celle qui brûle ». Nom de Dieu ! Au lieu de dire merci, les culs-benis, ébouriffés, ont porté plainte.

•V’là la Municipale…•
Et voilà le parpaing qui a traversé la vitre et envoyé une fliquette trop curieuse à l’hosto avec un traumatisme crânien. Ça c’est passé fin septembre à Villeneuve-le-Roi (94), quand les flics ont voulu fouiner à côté d’un chantier…

•Voler aux riches…•
Les ouvriers de PSA continuent leurs manifestations platoniques, jusqu’à la grève de la faim, pour continuer à être exploités. Mais il y a d’ autres personnes, plus pragmatiques, qui choisissent des

•Evasions !•
Deux belles évasions, à l’ancienne, depuis deux prisons pour étrangers en Île-de-France. Le 6 septembre quatre retenus du CRA de Palaiseau ont scié les barreaux d’une fenêtre. Trois d’entre eux sont parvenus à s’enfuir. Malheureusement le quatrième est mal tombé, s’est blessé et a été capturé. Le 1er octobre c’est depuis le Mesnil-Amelot qu’un gars se fait le belle, en escaladant les grilles à l’aide d’un drap. Bravo !

•Sabotons la machine à expulser !•
Dans la nuit du dimanche 22 septembre, deux véhicules de la Croix-Rouge (un Peugeot 208 et un Peugeot Partner) sont partis en fumée, rue des Montiboeufs dans le XXe. La Croix-Rouge, tout le monde le sait, collabore à l’enfermement et à l’expulsion des sans-papiers. Un communiqué nous explique qu’il s’agissait d’envoyer un petit signe de complicité aux évadés des CRA de Palaiseau et de Vincennes, ainsi qu’aux mutins du CRA du Mesnil-Amelot et à tous ceux et celles qui luttent en taule.

•…et à enfermer !•
Jeudi 3 octobre, au petit matin, le feu a été mis à une voiture de Vinci et à une camionnette d’Eiffage, rue du 8 mai 1945, à Pantin (93). Ces deux entreprises construisent des taules, alors bien fait !

•Miracle !•
La bonne nouvelle fleurit sur les murs de l’église de Belleville ! Cette fois-ci c’est « Dieu est mort, vive l’insurrection » et « La seule église qui illumine est celle qui brûle ». Nom de Dieu ! Au lieu de dire merci, les culs-benis, ébouriffés, ont porté plainte.

•V’là la Municipale…•
Et voilà le parpaing qui a traversé la vitre et envoyé une fliquette trop curieuse à l’hosto avec un traumatisme crânien. Ça c’est passé fin septembre à Villeneuve-le-Roi (94), quand les flics ont voulu fouiner à côté d’un chantier…

•Voler aux riches…•
Les ouvriers de PSA continuent leurs manifestations platoniques, jusqu’à la grève de la faim, pour continuer à être exploités. Mais il y a d’ autres personnes, plus pragmatiques, qui choisissent des occupations plus efficaces. Le 3 octobre, quelqu’un a cambriolé la maison de Philippe Varin, patron de PSA, à Vésinet (78). Le soir, dans cette demeure qui ne connaît pas la crise, manquaient bijoux et devises étrangères pour la somme de 500.000 euros…

•Guet-apens à Mantes-la-Jolie•
Une soirée en bonne compagnie. Une vingtaine de jeunes gens ont pensé à inviter aussi les keufs. Vers minuit du vendredi 31 août, ils ont caillassé deux bus, allumé une barricade sur une route du Val-Fourré (à Mantes-la-Jolie, 78) et ensuite ils ont attendu les keuf. À l’arrivé des bleus, voilà la fête : une pluie de pierres et un cocktail Molotov ! Dommage pour les quatre jeunes interpellés…

•La horde sauvage•
À 15, il s’en sont pris à une horlogerie de luxe, sur la super-nantie Place Vendôme. Ils sont entrés, ont fracassé les présentoirs à coup de masse et de hache et ils ont volé une vingtaine de montres pour riches, ce qui fait une valeur d’un million d’euros ! Pour finir, ils ont jeté des fumigènes et se sont sauvés (tous sauf deux, malheureusement rattrapés par les condés). Pour les riches de la Place Vendôme, voilà un petit avant-goût de ce qui attend leurs boutiques, leur monde, un jour. Mais ce jour-là on ne volera pas les montres. On détruira toutes les montres et, avec elles, le temps comptabilisé, le temps de l’exploitation…

 

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Personne n’aime les balances

antipoukavfinal

Tu préfères vendre un autre que de passer quelques jours au trou.
Tu préfères vendre un autre que de te regarder dans le miroir.
Tu fais à l’autre ce que tu ne
supporterais pas qu’il te fasse.
Tu ne résistes pas à l’appât
car tu n’es qu’une merde.
Tu ne vaux pas mieux que le flic
qui t’a fait cracher.
Tu ne vaux pas mieux que le juge qui profitera de ta lâcheté.
Avec ta langue fourchue
et tes yeux fuyants,
tu bâtis plus de prisons que Bouygues.

Certains sont solidaires,
prennent sur eux,
règlent leurs comptes
à la sortie du commissariat.
Toi tu préfères
la médiation de l’État.

Tu te fais avoir par les promesses
de protection, d’anonymat
et de récompense.
Alors qu’ils font tout
pour t’inciter à balancer,
avant de détruire ta vie,
car même les flics ne t’aiment pas.

Tu n’es qu’un traître qui préfère ronger les miettes du système,
que de manger à la table de ceux qui se serrent les coudes.

Tu n’es qu’une balance,
tu n’as pas de face,
Tu ne mérites rien d’autre
qu’une semelle dans ta face.

Au travail, à l’école, dans la rue, en taule, à la maison, à la CAF ou à Pole Emploi
Démasquons et pourchassons les poukaves

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Citoyen caniche, à la niche !

Un de nos fins limiers s’est rendu à un débat public de “l’association des amis de la Place des fêtes”, parce qu’il faut savoir se divertir un peu dans la vie. Et lorsque l’on est pas sensible à l’humour de videogag, il faut bien pouvoir se rabattre sur quelque chose… Alors dans ces cas-là, il y a toujours une petite poignée de citoyens concernés pour faire l’affaire. Ils sont tellement choux, tellement mignons, si naïfs que ça nous mettrait l’arme à l’œil, pardon, la lame à l’œil, euh mille excuses, la larme à l’œil. C’est qu’avec leurs grands yeux de caniches et leurs illusions de Pangloss, ils feraient passer n’importe quel révolté pour un serial-killer assoiffé de sang.

Les amis de la Place des fêtes, se présentent comme des « riverains, promeneurs, parents d’élèves, commerçants et usagers intéressés par l’avenir de la Place », qui souhaitent « aller au-delà d’une simple consultation et participer aux transformations de notre lieu de vie. Il est temps en effet de donner à cette place les investissements qu’elle mérite et aux habitants toute leur place ». Ils organisent pour cela des « promenades exploratoires » dans lesquelles ils nous font découvrir la « mixité sociale » dont ils sont si fiers, mais qui n’est en fait que la guerre aux pauvres. En témoignent les déplacements répétés de populations pauvres depuis les années 60 dans le quartier et celles en préparation. En témoignent aussi que vous n’entendrez jamais les pauvres la demander, cette fameuse « mixité sociale » des riches. Ils organisent aussi des débats publics où ne sont présents que des bourges bien éduqués, très polis et propres sur eux. Alors chacun y va de son petit rôle, celui de droite qui veut débusquer les planques de shit, celui de gauche qui veut installer des pépinières d’entreprises et des start-ups pour redynamiser le quartier, les bobos de service en demande de plus de culture subventionnée et ce bon vieux boutiquier concerné par la propreté de son pauvre trottoir… tous viennent se chatouiller l’ego ensemble, parce que l’impuissance c’est toujours plus drôle à plusieurs.
Mais ces gens-là ne font pas que rêver, non monsieur ! Ces gens-là veulent peser dans les décisions de leurs maîtres, les élus, qui ne daignent même pas pourtant leur jeter la baballe pour les occuper quelques jours. Ce qui ne les empêche pas bien sûr de remuer la queue avec obéissance, la bave aux lèvres essuyée avec un mouchoir en soie.

Notre fin limier, qui pensait trouver là quelques élus et autres porcs à se mettre sous la dent fut bien déçu de cet étalage de niaiserie et de poltronnerie sans enjeu réel. Mais consolé fut-il lorsque sur le chemin du retour il aperçut une agence d’intérim frappée de mille coups déterminés, des affiches aux messages clairs et sans illusions contre l’État et le fric, il se dit alors que des gens essayaient vraiment, eux, de transformer le quartier de la seule manière qui vaille : de façon autonome, et sans jamais compter sur l’autorité pour se détruire elle-même, du simple bon sens quoi.
Et pendant ce temps-là, les citoyens peuvent bien rentrer à la niche et laisser place aux artisans du chaos qui ont déjà dépassé, eux, la « simple consultation » depuis des lustres.

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Un uniforme dans la tête

Il y a visiblement des gens qui trouvent que le quadrillage policier de la ville ne suffit pas à faire régner l’Ordre qu’ils aiment tant, à force de se faire marteler le cerveau de valeurs citoyennes par l’État, de l’école au Pôle emploi, de la télé au commissariat. On leur dit déjà de voter, d’obéir, de la fermer selon le moment, mais ça ne leur suffit pas, ces zélés en viennent même à imiter les « gardiens de l’ordre » eux-mêmes. Sous le prétexte de défendre l’« accessibilité », l’association Mobile en Ville a organisé le 28 septembre une « journée de mobilisation citoyenne » appelée Opération Pervenches, où ont été distribués des centaines de faux-PV « pédagogiques » sur les voitures garées aux emplacements illégaux. Mais que veulent-ils, au fond, rendre « accessible » : le travail ? la consommation ? la « culture » dispensée par le pouvoir comme distraction, pour faire supporter l’humiliation quotidienne du turbin, des factures et des contrôles par les divers uniformes ? Sans même se poser cette question, ces « volontaires et bénévoles » n’hésitent pas, plus que docilement, avec entrain et dévouement, à filer la main aux flics et autres éducateurs pour apprendre la discipline et l’obéissance au reste de la population. La Mairie de Paris, bien sûr, en fait l’éloge : elle doit se frotter les mains de voir un tel zèle : des flics bénévoles partout, c’est bien le rêve pour la démocratie ! Ainsi, cette association évidemment « reconnue d’utilité publique » milite pour perfectionner l’aménagement de cette ville à l’ambiance carcérale, où tout est pensé pour assurer la bonne marche de l’exploitation. Nous préférons démolir ses infrastructures adaptées uniquement à l’oppression, pas à la vie libre, et faire la guerre à tous ceux qui veulent nous contrôler et nous domestiquer : flics, urbanistes, médiateurs, et leurs serviteurs dévoués les citoyens.

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GPIS : On met un uniforme aux bâtards pour pouvoir les reconnaître

Pendant les dernières années, on a assisté à un très fort essor de ces véritables milices privées que sont les entreprises de sécurité. On les appelle « Agents de prévention et de sécurité », plus simplement « vigiles », et ils sont les gros bras des patrons, commerçants et proprios, les petits frères de la police d’État. Il s’agit souvent, d’ailleurs, d’ex-keufs ou militaires; des flics ratés, en somme.

Les plus chanceux parmi ces chiens de garde décrochent un poste dans une boîte semi-publique, comme le GPIS (Groupement Parisien Inter-bailleurs de Surveillance), où les salaires sont 30% plus élevés que la moyenne. Le GPIS est un consortium créé en 2004 entre la mairie de Paris (qui met la moité des 12 millions d’euros de budget) et des bailleurs sociaux (Paris Habitat, RIVP, Logement Francilien, SAGECO, Immobilière 3F, Siemp et autres). Son travail est de surveiller les quelques 76.800 logements appartenant à ces bailleurs, et au passage leurs 200.000 habitants. Ce « patrimoine immobilier » est situé dans dix arrondissements de Paris (bien sûr pas ceux du Ier au IXème et le XVIème : les GPIS ce sont bien des gardes-chiourme pour les pauvres !). Le patron du GPIS, qui le gère comme un clan mafieux, est son directeur opérationnel, Didier Desous (email : didier.desous@gie-gpis.com, standard : 01.58.60.20.30), un ancien militaire. Il dirige sa petite armada de mercenaires depuis le centre opérationnel du 8, Bd. Berthier (XVII).

Il y a plus ou moins 200 agents et 40 véhicules qui, divisés en deux services, patrouillent tous les jours de 19h30 à 4h30 (et toujours en contact radio avec le centre, qui les suit avec le GPS embarqué). Ils surveillent les parkings, les halls, les caves et les cages d’escalier des immeubles ; ils dégagent les jeunes ou font chier les SDF à la recherche d’un abri. Ils se baladent dans des grands monospaces (souvent des Renault Scénic) bleu marine, sérigraphiés GPIS. Une première bagnole abrite 3 ou 4 Rambos en bleu, rangers, gilet « pare-balles », talkie et grosses lampes torches (celles pour frapper), avec boucliers et menottes dans le coffre. Souvent, une deuxième suit, avec deux autres vigiles, en uniforme blanc : ils ne descendent pas et sont là pour « contrôler » que tout se « passe bien » lors des interventions… En juillet 2008 le GPIS a aussi acheté chez Mitsubishi un système de vidéosurveillance composé de 260 caméras installées sur 14 cités et reliées au centre opérationnel. Là, des opérateurs surveillent en temps réel les images (qui sont aussi stockées pendant au moins 15 jours) et éventuellement envoient les patrouilles.

Tous les matins, le GPIS transmet aux flics le rapport de ses missions. Mais ils mettent aussi les mains à la pâte. En 2011, 39 personnes ont été interpellées directement par le GPIS et 38 autres en collaboration avec les keufs. Les agents du GPIS ne sont pas des flics, mais, comme tout citoyen, ont le droit d’« appréhender l’auteur [d’un crime ou délit flagrant] et le conduire devant [les chtars] » (Art. 73 C.P.P). Mais le boulot de flic ne se fait pas si facilement que ça. En effet, depuis juillet 2013, la Préfecture de police a commencé à délivrer aux nervis du GPIS des autorisations de port d’armes de 6ème catégorie : tonfas et gazeuses. Si ça se trouve, les pauvres petits sont restés choqués après que dix des leurs se sont fait dégager depuis un immeuble, avenue de Flandre, fin mai : trois agents du GPIS ont fini à l’hosto. Une petite rebelote de ce qui s’était déjà passé il y a deux ans, dans l’avoisinante cité des Orgues de Flandre. Les sbires étaient arrivés pour faire chier des gens qui faisaient un barbeuc. Le ton était monté et tout le quartier s’était rué sur eux, à coups de chaises et de barres de fer ! Mais la spécialité des agents du GPIS c’est bien sûr faire de la provoc’ et ensuite appeler les flics. Tout comme le 26 mai 2012 à Saint Blaise. Un ballon de foot cogne contre une voiture du GPIS, les nervis en descendent et commencent à poursuivre des ados. Des gens du quartier s’interposent, mais les renforts des GPIS et des flics arrivent, plusieurs personnes se font matraquer ou gazer. Au final, 4 jeunes se font embarquer et juger pour violences volontaires à l’encontre des vigiles.

Au total, depuis 2004 le GPIS et ses agents sont à l’origine de 557 procédures judiciaires (403 pour atteinte aux personnes : eux ; 154 atteintes aux biens). Des centaines de personnes ont eu à faire à la justice et tout ce qui s’ensuit à cause de ces salauds. Ils arrangent les témoignages pour passer toujours pour des victimes et décrocher quelques jours d’ITT et un peu d’argent de dommages et intérêts. De plus, le parquet de Paris a pris pour habitude de leur reconnaître le statut d’« agent concourant à une mission de service public », c’est-à-dire que leur parole, comme celle des flics, compte plus que celle de tout un chacun et ils gagnent systématiquement les procédures.

Mais cela, quand même, ne les protège pas des barres de fer !

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Lucioles n°11 – septembre 2013

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Des étincelles dans les taules

15bLa prison est une torture continue et l’été ne fait que l’empirer. Il faut en plus ajouter la surpopulation des taules françaises et les grèves de la matonnerie qui ont ponctué la fin du printemps. Début mai, il y avait quelques 68.000 détenus dans les prisons de l’Hexagone (ce chiffre, le plus important jamais atteint, en dit long sur la guerre que l’État et la Justice mènent contre les pauvres). Tout ça dans des taules faites pour enfermer 57.300 détenus, c’est-à-dire qu’en moyenne il y a 120 prisonniers entassés là où il y aurait à peine l’espace prévu pour 100. De plus, les « grèves » des matons (qui, n’ayant pas le droit de s’abstenir de leur sale travail, bloquent les entrées des taules pendant leur temps libre) réduisent ou font sauter parloirs, activités et promenades, retardent la cantine etc. En deux mots, ce sont les prisonniers qui payent (encore) quand les chiens râlent pour quelques miettes. Bien sûr, la solution ce n’est pas plus de places en taule, ni des conditions meilleures, ni plus de matons ou mieux payés. Les révoltes dans les prisons éclatent le plus souvent pour des améliorations partielles (transferts, meilleures conditions de détention, accès à des mesures alternatives etc.) ou face à des abus ponctuels. Mais on ne doit pas oublier que la prison elle-même est une abomination et que la seule solution est sa destruction. Et ces derniers temps, bien qu’à partir de revendications et objectifs partiels, quelques détenus ont commencé.

L’été débute avec la morne normalité des suicides. Le 14 juin un homme s’est pendu dans la prison de Nantes (il est le quatrième en trois mois, là-bas) ; un détenu des Baumettes (Marseille) connaît le même sort le 8 juillet. À Bois-d’Arcy (78), le 6 août, c’est un jeune de 29 ans qui se pend. Le 29 juillet c’est la « mort naturelle » pour un prisonnier de Béziers : il était tombé d’un escalier et n’a pas été soigné. Mais il y en a aussi qui dirigent leur haine contre les plus proches parmi les responsables de leur enfermement. Tout d’abord (à ce qu’on sait) un prisonnier prend une petite revanche sur une matonne de Saint-Quentin-Fallavier (38), retenue pendant une heure avec une lame de rasoir. Samedi 20 juillet, à Moulins-Yzeure (03) un homme prend en otage un maton grâce à un couteau de cuisine dûment aiguisé. Le gars, récemment transféré depuis Roanne car suspecté de préparer une évasion, veut voir sa femme et être transféré ailleurs. Rebelote le mercredi 14 août, à Ensisheim (68) : un détenu séquestre une matonne parce qu’on lui a refusé un traitement médical. C’est à l’EPM de Porcheville (78) que trois ados détenus dans ce bagne pour jeunes rendent la politesse aux matons et pour rien de moins que la liberté. Le 5 août, ils battent et ligotent un maton avant de l’enfermer inconscient dans un local à poubelles. Ils essayent ensuite de se faire la belle en passant par le toit, mais malheureusement ils se font rattraper. Deux prisonniers de la taule de Meaux (77) ont eu plus de chance. Le 24 juin, lors d’une activité sportive en dehors de la prison, ils ont réussi à déjouer la surveillance des matons du SPIP et s’enfuir. Deux jours plus tard c’est depuis le tribunal de la même ville qu’un détenu arrive à s’évader, en se mélangeant aux personnes venues assister au spectacle de la Justice. Il avait été extrait de prison pour être jugé pour vol et venait d’écoper de 5 ans de prison ferme…

En août la température monte encore. Jeudi 1er août, à Bourg-en-Bresse (01), une vingtaine de prisonniers se révoltent. Ils investissent une aile de la prison et détruisent tout, notamment les caméras de vidéosurveillance et des tuyaux d’eau, en inondant deux étages. Le mobile de cette mutinerie est le comportement particulièrement autoritaire d’une matonne et le fait que les Juges d’Application des Peines sont très stricts. Lundi 19, à Blois (41), un détenu est victime de l’énième « mort suspecte ». Une soixantaine d’autres prisonniers se mutinent et saccagent un secteur de la taule. Ils font aussi sortir d’autres prisonniers de cellule. Les super-matons de l’ERIS matent la révolte, mais la prison a subi des dégâts importants et doit être partiellement évacuée. Pour continuer, mardi 20, à Châteaudun (28), une vingtaine de détenus donnent l’assaut au local abritant le centre informatique de la prison et cherchent à l’incendier. Ensuite ils montent sur les toits et jettent des dalles sur les matons. Le lendemain, dans l’après-midi, une autre trentaine de prisonniers essaie de rejoindre le chemin de ronde depuis la cour de promenade. Les ERIS, qui sont là depuis la veille, y mettent trois heures pour « ramener le calme » (avec flashballs, gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement…). Une vingtaine de détenus est transférée et l’Administration Pénitentiaire, craignant que la révolte se propage à tous les 590 prisonniers, appelle des renforts depuis Paris, Rennes et Dijon. Le matin du jeudi 22, à Bois-d’Arcy (78), un détenu fait un malaise et le médecin n’arrive pas. Pour protester, une vingtaine d’autres prisonniers refuse de rentrer de la cour de promenade, jusqu’à l’arrivée des ERIS. Encore le 22, c’est le tour des retenus du Centre de Rétention Administrative du Mesnil-Amelot (77). L’un d’entre eux est brutalement frappé par les flics car il a sauté par dessus une grille pour récupérer un ballon de foot. Les autres commencent à taper sur une grille, qui cède. Les keufs réagissent avec matraques et gaz. Plus tard il y aura deux départs de feu, auxquels les flics répondront avec une garde à vue et en bloquant tout le monde dans la cour. Et l’été se termine (pour l’instant) bien : avec une belle évasion ! Dans la nuit de vendredi 30 août, onze prisonniers du CRA de Vincennes arrivent à scier un grillage et prennent la clef des champs.

Les mutineries d’août nous montrent que la détermination de quelques personnes peut amener à des résultats concrets, tels que mettre la prison de Blois dans un état d’« insécurité » (parole de maton). Face à ces rebellions, l’AP répond avec le mitard, la violence, des dénonciations et des transferts.

Et nous, ennemis des prisons, dehors ? Le courage et la détermination avec lesquels les mutins se révoltent appellent à notre solidarité concrète. Pourtant, notre haine contre les prisons et tout ce qui les fait exister ne saurait se limiter à faire écho aux révoltes à l’intérieur de ces murs. Chacun de nous a mille raisons de détester la taule et peut trouver ses propres temporalités et ses propres moyens pour attaquer la machine de l’emprisonnement. Si on n’a pas la force de s’attaquer directement à ces sales murs, songeons au fait que la prison n’est pas que ça. Les matons n’arrêtent pas d’être des bourreaux quand ils enlèvent leurs uniformes. C’est ce que se sont peut-être dit les anonymes qui ont vandalisé six bagnoles sur le parking du personnel du Centre pénitentiaire de Gasquinoy (Béziers, 34) le 25 mai 2013, ou encore ceux qui ont incendié quatre véhicules de matons juste à côté de la taule de Ploemeur (56) le 25 octobre 2012. C’est ce que se sont peut-être dit ceux qui à Paris, fin janvier et début février, ont brisé les vitrines de deux permanences de la CGT, syndicat qui, outre d’autres saloperies, fédère les matons. Et comment oublier toutes les entreprises qui s’engraissent en faisant marcher les taules, par exemple en amenant la bouffe, en fournissant la cantine, en nettoyant, en faisant la manutention, en exploitant le travail des détenus, etc. Et il y a aussi les entreprises qui bâtissent les prisons (et des fois en restent propriétaires, tout en les louant à l’État). S’en prendre à tout cela pourrait être beaucoup plus facile que viser directement les taules. N’empêche, une démarche de ce type saurait donner quelques problèmes à ceux qui enferment. C’est ce que se sont peut-être dit les anonymes qui le 15 avril 2013 s’en sont pris à Eiffage, un des principaux bâtisseurs (et parfois propriétaire) de taules. Un incendie sur des engins de chantier, à Pontcharra-sur-Turdine (69), a causé environ 500.000 euros de dégâts à ces vautours.
Il s’agit ici de quelques exemples concrets de comment tout un chacun peut lutter contre les prisons.

En solidarité avec les mutineries dedans, quand il y en a ; mais surtout, et tout le temps, pour un monde de liberté.

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Brèves – septembre 2013

•Mantes l’incendiaire•
Ça chauffe à Mantes-la-Jolie (78). Deux incendies ont éclaté dans la nuit du 2 au 3 juillet. Sur le chantier d’une future école, deux « mauvais élèves » ont mis le feu à des palettes entassées à côté d’un engin de chantier. Au milieu des flammes il y avait deux bonbonnes de gaz ouvertes… le boom a été évité parce que les pompiers sont arrivés en vitesse. En même temps quelqu’un a bouté le feu à deux voitures garées dans le parking souterrain du centre commercial du Val-Fourré. L’incendie a endommagé les installations électriques, empêchant à quelques 20 commerces (sur 80) d’ouvrir, mercredi matin. L’école en barbecue, pas de boulot et pas de courses : chaque âge saccage sa cage !

•Ni oubli ni pardon•
C’était l’appel d’une manif en souvenir de Clément Méric, tué le 6 juin par un facho. Dimanche 23 juin, des milliers de personnes ont défilé depuis Opéra, vers la Seine puis jusqu’à Stalingrad. A côté de ceux qui faisaient de la pub à leur parti ou syndicat, il y avait aussi pas mal d’enragé(e)s. Des personnes qui ne connaissaient pas forcement Clément, qui ne le considéraient pas forcement comme leur « compagnon ». Des personnes qui pensent que le fascisme n’est qu’un des visages morbides de ce monde d’ennemis de la liberté. Qu’il n’y a pas à choisir entre fascisme et démocratie, mais à les attaquer. Parce que les deux ne sont que la version brutale et celle peut-être moins brutale mais plus sournoise de la même domination. Des dizaines de banques ont eu leurs distributeurs de billets défoncés, les vitrines défoncées et taguées, les caméras obstruées. Tout le long du parcours, ces joujoux pour petits bourges que sont les Autolib’, des sucettes publicitaires JCDecaux, des abribus RATP, des cabines téléphoniques ou des agences immobilières ont essuyé les coups de celles et ceux qui ont la haine de ce monde. Pas de pardon. Et ça ce n’est qu’un tout petit début.

•Tel est notre antifascisme•
La nuit du 18 juin, deux distributeurs de billets se sont fait défoncer entre Belleville et République, et un citoyen trop curieux a perdu une dent. L’action se veut dédiée à la mémoire de Clément Méric. Dans le communiqué : « L’heure est à l’attaque de ce monde qui produit les déchets fascistes et leurs faux ennemis démocrates ».

•« Strike » manqué de peu•
La nuit du 30 au 31 août à Gennevilliers (92), une patrouille de flics manque de se faire écrabouiller par un bloc-moteur de scooter pesant 5 kilos, lancé du haut d’un immeuble. Le coup gagnant n’est manqué que pour un mètre. Toi aussi tente ta chance !

•À chacun son Velib’•
Le cauchemar de JCDecaux et des bobos : l’an dernier, comme chaque année, 9 000 Velibs’, sur un parc de 20 000, ont été volés ou dégradés, soit près d’un sur deux, explique la mairie de Paris sur son blog. Depuis son lancement, c’est près de trois fois le parc de vélos qui a été volé ou vandalisé. Dès 2009, soit deux ans après la mise en place du service, 18 000 vélos avaient été détériorés et 8 000 volés. A cette date, chacun des 20 000 Vélib’ parisiens avait déjà été remplacé au moins une fois, expliquait à l’époque JCDecaux à ses copains du Figaro. Le phénomène se concentre aujourd’hui essentiellement dans le Nord-Est parisien. Sur une zone couvrant les 18e, 19e, 20e arrondissements de Paris, Pantin, Aubervilliers et Bagnolet, une cinquantaine de stations sont concernées chaque jour, raison pour laquelle une vingtaine d’entre elles ont tout bonnement été fermées « jusqu’à nouvel ordre », créant un vide pour tous les bobos que rendaient libres des vélos mis à disposition par la mairie de saint-bobo. Courage à eux, et vive le vandalisme !

•Et une pour les fascistes !•
Une dizaine de jours après son inauguration, la permanence de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) des porcs du FN est visée par un bon vieux cocktail molotov le 15 juillet dernier, occasionnant quelques dégâts minimes, mais toujours sympathiques. Parce que ça fait toujours plaisir quand la bande à facho-populo s’en prend une !

•La TV c’est de la merde !•
Toujours à Boulogne-Billancourt, début juillet, un sexagénaire inspiré est arrêté après avoir jeté un seau rempli de merde dans la gueule de Claire Chazal. La scène s’est déroulée lorsque la journaflic quittait les locaux de TF1 au volant de sa voiture dont une vitre avait le malheur d’être ouverte. Claire connaît donc maintenant le goût de ce qu’elle nous sert tout les jours au JT. Match nul, balle au centre.

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Mort au pouvoir !

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La nuit du 23 au 24 juin, les vitres du local PS du XXe, rue Ernest Lefèvre, sont parties en éclats. Une jolie phrase (une promesse ?) est apparue sur ses murs gris : « Mort au pouvoir ! ». Ces mêmes vitrines avaient déjà été défoncées en mai 2012, peu avant l’élection de Hollande (« A bas l’État » et « Détruisons le pouvoir » comme tags cette fois-là). Jeudi 4 juillet c’est le tour du siège PS rue Léopold Bellan (IIe), mais ici les vitres sont solides et tiennent le coup. Dimanche 29 juillet, dans l’aprèm, un gars défonce les vitres du local du PS, rue Dausmenil (XIIe) mais, malheureusement, se fait chopper par les flics. Enfin (pour l’instant…), dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 août, ce sont quatre locaux qui sont ciblés. Rebelote pour celui de rue Lefèvre, tagué comme celui du passage Brady (« Expulseurs de sans papiers »). Les permanences PS du IIIe (40, rue Charlot) et du XVIIIe, quant à elles, sont également taguées et comme bonus ont leurs serrures bloquées avec du mastic.
Décidément le pouvoir, même socialo, n’est pas aimé. La moitié des locaux PS de la capitale a été dégradée pendant la dernière année, bien que depuis janvier les sièges socialistes soient l’objet d’une surveillance accrue. La bonne blague, fin août, l’État annonce un dispositif de surveillance encore plus renforcé, c’est-à-dire quelques pauvres petites patrouilles pour toutes les permanences de la mégalopole, pas de quoi empêcher la rage de s’exprimer…

« S’attaquer aux locaux des partis politiques républicains, c’est s’attaquer à la République et à la démocratie elles-mêmes » se plaignait fin juin F. Calandra, maire socialiste du XXe. Tout à fait.

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