Certes, le 14 juillet est un peu rendez-vous rituel de défi lancé aux flics. Les bleus se préparent, les journalistes ont déjà des articles tout prêts, il suffit juste d’ajouter le nombre exact de voitures brûlées et d’interpellations et le tour est joué, à la prochaine. Mais cette année il y a eu quelques jolies nouveautés. Tout d’abord, même si les flics se sont appliqués pour contenir ces joyeuses festivités (avec 603 GAV, ce qui représente 68% de plus que l’année dernière), celles-si se sont déroulées plus joliment. Sur toute la France on dénombre 721 voitures brûlées, ce qui est bien plus que l’année précédente, mais surtout on y a vu une nouvelle détermination à viser directement les flics, notamment en région parisienne. Ce sont des commissariats qui sont pris pour cible, comme à Garges-lès-Gonesse, ou encore à Montigny-lès-Cormeilles (où le poste de police a été visé par deux jets de cocktails Molotov), à Noisiel ou encore à Fosses où plusieurs Molotov ont été jetés sur le bâtiment de la Gendarmerie. À Trappes et Conflans-Sainte-Honorine aussi des fusées d’artifices ont atteint les commissariats.
Aux Ulis, une quarantaine de personnes s’en prennent d’abord à des patrouilles de flics, puis se dirigent vers le commissariat, qui est visé avec mortiers et jets de pierres. Les flics parviennent à chasser les assaillants, mais ceux-ci reviennent à la charge encore deux fois dans la nuit. Cela n’est pas nouveau, apparemment c’est la troisième fois en 15 jours que le commissariat des Ulis se fait caillasser, et le lendemain ce sont les gendarmes mobiles arrivés en renforts qui ont été pris pour cible… Tandis qu’à Neuilly-Plaisance, un véhicule de la police municipale a été incendié directement dans leurs locaux.
Les flics en intervention se sont fait canarder un peu partout, comme à Argenteuil, où de dures échauffourées ont duré deux nuits. Parfois c’est un guet-apens : un incendie de poubelle ou de voiture pour attirer les pompiers et les flics en zone connue, puis ce sont des pierres, pétards et mortiers qui tombent.
Et il y a aussi des bâtiments publics qui mangent. Ce fut le cas d’une médiathèque et de l’école de la deuxième chance à La Courneuve, de la Maison pour tous à Stains et d’un collège à Dammarie-les-Lys, tous détruits par les flammes, tout comme un centre commercial à Sarcelles.
Dans la banlieue de Lyon les échauffourées ont commencé le week-end juste avant le 14 juillet, avec une série de jets de projectiles, dont une grenade à plâtre sur le commissariat de Vaulx-en-Velin et l’incendie d’un supermarché à Venissieux.
À Dunkerque une école et la Maison des services sont incendiées, tout comme les bureaux de la police municipale de Meylan (38). À Angers, quelqu’un profite du fait que les flics descendent de leur voiture pour chercher les auteurs d’une intrusion à la CAF pour bouter le feu à leur voiture ! Deux voitures de flics se sont aussi pris des Molotovs dans le 3ème arrondissement de Marseille.
Comme nous le disions, tout cela risque un peu d’être réduit à du folklore, une ou deux fois par an (avec le 31 décembre). Mais serait-il possible que ça ne s’arrête pas, que ces flambées rituelles se transforment en un feu nourri qui dure ? Que toutes les nuits soient le 14 juillet ? Les raisons ne manquent certainement pas, ce qu’il faudrait serait plus d’oxygène, pour aller de la rage vers la révolte, puis vers la révolution… Alors feu à volonté !