Ingouvernables… Contre le cirque électoral

Nous vivons bien en démocratie, pas de doutes là-dessus. Les personnes qui subissent de plein fouet l’exploitation du travail, les premiers à en pâtir lors des « restrictions budgétaires » sont aussi les premiers à se ruer dans les bureaux de vote comme des esclaves jouant des coudes pour retourner aux champs de coton. Tout le monde a son mot à dire, chacun se bat pour sa place de parking, les fous sont en taule et il y a toujours quelqu’un pour s’occuper des corvées. Tout va si bien, se dit le cloporte, à qui la démocratie va si bien!
Ici et là, cependant, éclate la rage, de façon individuelle ou collective, de façon plus ou moins ciblée.

Les élections sont passées, Flamby a gagné contre Guignol, hourra, youpi. On a ressorti le drapeau tricolore dont la seule véritable couleur est le rouge sang, on a dansé et fait la fête quelques heures en s’auto-persuadant que tout ira mieux, on a surmonté toutes les divisions, exploiteurs contre exploités et oppresseurs contre révoltés, au profit de l’unité nationale. Combien de temps faut-il à une illusion pour s’estomper? À l’oasis dans le désert pour apparaître sous sa véritable forme, la horde déchaînée de sadiques apprêtés, d’assoiffés de pouvoir en costard ou en uniforme, un océan de larmes de tristesses, d’effrois d’ennui. Combien de temps faudra-t-il à chacun pour voir ce monde tel qu’il est? Pour cesser de tourner la tête devant l’avilissement de la misère, pour identifier les ennemis clairement et mettre leur pouvoir de mort en pièce?

Ici et là, comme nous le disions, il y a eu quelques sursauts de vie, quelques coups rendus avec les moyens du bord contre ces élections de merde qui nous endorment et ces saletés de politiciens qui voudraient nous faire croire que la liberté consiste à choisir son maître tous les cinq ans et à crever un petit peu tous les jours.
Aux quatre coins de la France, des anonymes ont fait le choix de ne pas participer à la mascarade, mieux encore, d’autres ont fait le constat que la liberté ne serait pas recouverte par une suite d’abstentions et de refus passifs, mais que prendre l’offensive, chacun à son échelle, c’est déjà y contribuer grandement et commencer à caresser ses désirs avec fierté, c’est être ingouvernables.
Petit panorama non exhaustif :

Dés février, des cocktails molotov sont lancés dans le local UMP de Marmande, mais le feu ne prend pas assez. A Tours, c’est une quinzaine de parpaings qui obstruent l’entrée du local PS alors qu’à Charenton-le-Pont, c’est de la merde et de la pisse qui recouvrent la permanence socialiste.

En mars aussi, à Chalon, les vitres de l’UMP sont défoncées par des jets de pavés. Même traitement pour les vitrines du local Front de Gauche d’Issy-les-Moulineaux, et pas mieux pour le local UMP de Vannes.

En avril, la permanence du PS de Charenton-le-Pont déjà recouverte de merde en février, est à nouveau ciblée, cette fois c’est la banderole signalétique qui a été arrachée et le mur sur lequel elle était fixée qui a été dégradé. Les auteurs ont également pénétré dans le local où du mobilier a été joyeusement mis à terre. À Saint-Caradec, les affiches des dix candidats sans exception sont maculées de peinture sur les panneaux électoraux alors qu’à Lannion, la vitrine de l’UMP vole en éclat. À Roanne, un extincteur est projeté à l’intérieur du local du PS ne laissant aucune chance à sa vitrine tout juste réparée après avoir subi des coups de feu, deux personnes sont malheureusement arrêtées et condamnées à 4 mois de prison avec sursis et 70 heures de travaux d’intérêt général et devront également payer 1 384 euros. À Gap, des tags et des crachats sont offerts à la permanence UMP. À Besançon, les flics arrêtent trois personnes accusées d’avoir agressé des militants UMP le soir du premier tour des élections et d’avoir joliment cramé le drapeau français qu’ils arboraient fièrement. Les trois « de la mouvance anarchiste » d’après les flics, comparaîtront pour outrage au drapeau et risquent une amende de 1500 euros.

Le premier mai, des tags d’insultes sont apposés sur la façade du local UMP de Saint-Étienne. À GAP, le local UMP perd ses vitres dans un grave accident de pierres. Les pierres de mai succèdent aux tags et crachats d’avril, le surlendemain de l’inauguration du local, et aux jets d’œufs quelques heures après l’annonce des résultats du 1er tour de la présidentielle. « C’est toujours le côté de la vitre où est affiché le portrait de Nicolas Sarkozy qui est visé », faisait remarquer Alexandre Mougin, responsables des jeunes UMP, qui n’a pourtant toujours pas compris le message.
À Dijon, la même nuit, ont été simultanément attaquées les permanences PS et UMP, l’une voit toutes ses vitrines brisées, l’autre se voit recouverte de peinture et de tags. Le soir du débat entre les deux candidats, simultanément à Paris dans le XXe, deux locaux du PS sont défoncés et un local UMP dans le XIIe. Sur l’une des trois permanences ont peut lire les tags: « Gauche, droite même arnaque », « détruisons le pouvoir » et « À bas l’État ! » [Voir le communiqué ci-contre].
Près de Grenoble, un incendie s’est déclaré dans un local technique du relais téléphonique TDF de la Tour-Sans-Venin, sur la commune de Seyssinet-Pariset. Ce sabotage a causé d’importantes perturbations sur le réseau Bouygues dans le bassin grenoblois, sur le réseau SFR dans une partie du nord-Isère, ainsi que sur certaines zones de réception du réseau de télévision hertzien de la région grenobloise, interrompant la retransmission du deuxième tour des élections pendant deux heures (en 2000, un sabotage de ce même relais avait perturbé les retransmissions télévisées le soir de la finale de football de l’Euro opposant la France à l’Italie). Le même jour de deuxième tour à Marseille, deux murs en parpaing ont été dressés devant les entrées d’une école primaire abritant deux bureaux de vote, un tag est laissé sur place : « Je mure utile, ce tombeau sera votre tombeau » alors que dans sept autres bureaux de vote de Marseille, des serrures ont été goudronnées et des portes siliconées pour saboter la procession démocratique. Même jour, du remue ménage à la permanence PS d’Aix-en-Provence où le système de fermeture a été « saccagé », « rendant l’accès à la permanence impossible », puis le soir de la victoire de Hollande à la présidentielle, la vitrine détruite par un projectile. Un jour plus tard, c’est la vitrine de la permanence du PCF-Front de Gauche d’Issy-les-Moulineaux qui est à nouveau brisée par des jets de pierre, quatre pavés provenant d’un chantier situé à proximité ont été retrouvés à l’intérieur du local. Le local du PS du Ve arrondissement de Paris est aussi défoncé pour fêter sa victoire. La permanence UMP de Chalon est à nouveau défoncée, parce que ça fait pas de mal, et un tag « À mort Sarko » avec un A de Anarchie est laissé sur place pour lui souhaiter un bon départ alors que le local PCF de Saint-Girons est lui aussi attaqué, ses vitres ne résistant pas au choc.
Parce qu’on les oublie trop souvent, à Aix-en-Provence, le local des Verts est pris pour cible, les affiches ont été arrachées, les logos et les panneaux aussi, la vitre a été cassée. Puis cerise sur le gâteau, et parce que jamais deux sans trois, La permanence PCF-Front de gauche d’Issy-les-Moulineaux est défoncée pour la troisième fois, mais quand comprendront-ils enfin?

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