Mutinerie sur le Paris-Lomé

Le 10 janvier, le ministre de l’intérieur annonçait, fier comme un coq tricolore, un record en matière d’expulsions de personnes dites «sans papiers», avec au palmarès des flics plus de 33 000 «reconduites à la frontière» pour l’année 2011. Ce monstre de Guéant se félicitait au passage des vertus de l’application de la dernière version de la loi en matière de politique migratoire, votée en juin dernier, qui augmente notamment la période d’enfermement en centre de rétention de 32 à 45 jours. Et il en profitait pour se fixer un nouvel objectif : atteindre les 35 000 expulsions en 2012…et donc augmenter encore la valse des rafles (à domicile, dans les transports, dans la rue et les administrations…), de jugements, de placements en CRA pour des durées de plus en plus longues, et de déportations par avion (avec le concours zélé d’Air France, Royal Air Maroc et compagnie).

Ce que ces chiffres n’évoquent pas, ce sont les multiples résistances qui viennent régulièrement enrayer la machine à expulser. Parmi les moyens d’action utilisables -et utilisés- se trouve le refus d’embarquer manifesté par des passagers lorsque les flics veulent utiliser l’avion comme une prison volante. C’est ce qui s’est passé le 6 janvier, à bord du Paris-Lomé qui devait décoller depuis Roissy. Les passagers voient les flics faire monter un homme, pieds et poings liés avec des cordes, ce que la police justifiera en disant que ce dernier s’était déjà rebellé. Devant la protestation de plusieurs d’entre eux, des renforts sont appelés (cinq cars remplis de flics de la police de l’air et des frontières-PAF), ce qui augmente encore la tension à bord. C’est ensuite le pugilat, échanges de coups entre les expulseurs et les quelques mutins, dont trois finiront arrêtés et jugés pour «entrave à la circulation d’un aéronef». L’avion est finalement parti avec du retard, et la personne expulsée. Mais ce type d’opposition concrète est loin d’être vaine, et les flics sont parfois contraints de renoncer. Qu’à cela ne tienne donc…

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