Quand les flics se roulent dessus

Sept policiers jugés à Bobigny pour avoir accusé à tort un homme, ont été condamnés à des peines comprises entre six mois et un an de prison ferme. Cette peine sera «inscrite au casier judiciaire pour cinq d’entre eux, ce qui entraîne une radiation de la police» (AFP).

Le 9 septembre, à Aulnay-sous-Bois, un keuf avait été blessé à la jambe après avoir été percuté par une voiture lors d’une course-poursuite. Dans un procès-verbal, ses collègues et lui chargeaient le conducteur de la voiture qu’ils poursuivaient. Toutefois, ce dernier, lors de sa garde à vue pour «tentative d’homicide sur un fonctionnaire de police dans l’exercice de ses fonctions », niait catégoriquement les faits que ces derniers essayaient de lui mettre sur le dos pour blanchir des collègues. En effet, il apparaissait peu à peu qu’un autre véhicule était en cause, en fait une bagnole de flic conduite par des collègues du policier blessé. Le gardé à vue, lui, sortait de garde-à-vue avec une incapacité totale de travail (ITT) de cinq jours: en des termes moins juridiques, il s’est fait tabassé par les condés.

Rien de neuf sous le soleil! Quoi d’étonnant au fond à ce qu’un « dépositaires de la loi » soit le premier à la contourner à son avantage? D’abord cela nous montre bien à quel point la Loi est une farce, cela nous montre aussi à quel point il est absurde de penser qu’en créant un corps de métier spécialisé dans la violence armée, l’enfermement et la torture, cela attirerait de gentil humanistes prêts à payer de leur personne pour sauver la veuve et l’orphelin!

Non, lorsque la société programme un individu à tuer et à enfermer, il ne faut pas s’étonner lorsque cette violence se retourne contre tout ce qui peut gêner cet individu, à la maison (sur ses enfants et conjoints), dans la rue (sur tout ce qui est indésirable pour le pouvoir qu’ils représentent) ou dans des procès-verbaux ou la Loi est toujours manipulée dans leur sens. Il en va de leur survie.

Nous détestons la police, et pourtant cette nouvelle n’est pas une réjouissance, parce que rien dans la prison n’est réjouissant. A tel point que nous ne la souhaitons pas même à nos pires ennemis. Cependant, voici une raison de plus de ravager ce monde qui a besoin de la police et de la prison.


Postscriptum du 10 décembre: Comme prévu, le parquet, censé suivre les recommandations du ministère de la justice et pérenniser les versions des flics, a fait appel. Hortefeux estime «disproportionnée» la peine infligée aux policiers tout en soulignant avoir «pris acte» de la décision du parquet de faire appel. Peu avant, le préfet de la Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, s’est déclaré «très étonné» par cette condamnation. Aujourd’hui, environ 200 policiers se sont rassemblés devant le tribunal de Bobigny pour protester, sirènes hurlantes, contre la décision du tribunal.

Qu’ils se « mort suspecte » les uns les autres !

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