« Moi, si c’était l’anarchie comme vous écrivez dans le journal, je vous mettrais une balle dans la tête ! »
C’est avec ces charmantes paroles qu’un flic de la BST (Brigade Spécialisée de Terrain) meublait le temps en attendant que je me déshabille pour me fouiller, et je pouvais sentir chez cet être un dégoût quasiment équivalent au mien. La garde-à-vue avait commencé comme un contrôle d’identité, cela fait des années que Lucioles est diffusé au même endroit et pour l’instant la tactique des flics consiste à embarquer régulièrement ceux d’entre nous qui n’ont pas leurs papiers, ce qui était mon cas et comme j’ai refusé de donner mes empreintes, ça a fini en garde-à-vue (c’était déjà arrivé à d’autres copains, voir Lucioles n°19). Je ressortais dès le lendemain, mais les lèvres pincées en songeant à ceux qui étaient restés dans la petite cellule et qui allaient peut-être encore passer des heures voire des années dans ces tombeaux pour les vivants que sont les comicos et les prisons.