Le Velib’… une juteuse opération économique teinte en vert écolo. Trop de pollution ? Trop de circulation ? Le géant de la publicité JCDecaux, en collaboration avec la Mairie de Paris, nous sert le vélo-liberté ! « Liberté » qui signifie argent pour son richissime patron (le onzième homme le plus nanti de France). « Liberté », pour les bobos écologistes, d’aller consommer leurs « produits culturels » tout en faisant une bonne action anti-CO2. Liberté d’être fiché dans ses déplacements. Liberté, encore, toujours, d’être un rouage de la machine domination-production-consommation.
Un jouet à bobos, bien sûr. Pour emprunter les vélos « en libre service » il faut payer et quand tu mets ta carte bleue dans la borne, en plus du ticket… ils te bloquent 150€ comme dépôt de garantie. Autant dire que si t’as pas de carte bleue ou de thune dessus (parce que pauvre, interdit bancaire et/ou sans papiers), laisse tomber… ou vole le vélo ! Et amuse-toi avec !
Mais pas besoin d’inciter ici à voler ou à dégrader les Velib’. Les patrons eux-mêmes se plaignent du fait que les pauvres n’apprécient guère leurs attentions écolos. En effet, le Nord-Est parisien (notamment les 18e, 19e, et 20e ardt., Pantin, Aubervilliers et Bagnolet) voit de nombreuses et constantes dégradations de vélos et de stations.
Le réseau Velib’, mis en service en 2007, compte un parc de 24 000 vélos. En 2012, 9000 avaient déjà été dégradés ou volés (un journal a même publié la photo d’un Velib’ arrivé à Bamako !). Au total, entre 2007 et début 2014, ce sont 15 millions d’euros de dégâts. Et la Mairie de Paris en bave aussi : selon le contrat du service, elle participe aux frais. D’où l’attention accrue des flics : les deux dernières années les interpellations (pour vol, recel ou vandalisme) se sont multipliées, aussi avec l’emploi des caméras de surveillance de la Préfecture.
Pour prévenir le vandalisme, qu’ils disent être dû surtout aux jeunes, JCDecaux et les bureaucrates de la Mairie ont aussi fait pas mal de pub’ (eh, c’est leur spécialité aux deux !) dans des écoles. Tiens, ça ne marche pas ! Alors on passe au bagne. JCDecaux, la Mairie, la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et les Procureurs de la République de Paris et de Bobigny ont signé en 2013 deux conventions pour mettre sur pied un système de réparation pénale. Les mineurs qui se font chopper avec un Velib’ chouré, s’ils veulent éviter le tribunal (et s’ils n’ont pas de casier) doivent travailler pour JCDecaux. Pendant deux jours, ils sont sous la surveillance d’un responsable d’atelier, tuteur volontaire (collabo !) ayant reçu une formation pour cela et sous le contrôle de la PJJ. Ces travaux forcés ont lieu dans les atelier de réparation de rue des Reculettes (13e) ou rue du Sergent-Bauchat (12e). 38 jeunes gens ont déjà subi cette punition pendant les vacances scolaires de 2013. Encore de la pub’ pour JCDecaux et son plan « Responsabilité Sociétale et Environnementale ». Un peu de fard social-démocratique et beaucoup de travail en moins pour les tribunaux…
Mais on espère bien que les jeunes bagnards ne seront pas trop prêts à revenir sur la bonne voie !