Il y a visiblement des gens qui trouvent que le quadrillage policier de la ville ne suffit pas à faire régner l’Ordre qu’ils aiment tant, à force de se faire marteler le cerveau de valeurs citoyennes par l’État, de l’école au Pôle emploi, de la télé au commissariat. On leur dit déjà de voter, d’obéir, de la fermer selon le moment, mais ça ne leur suffit pas, ces zélés en viennent même à imiter les « gardiens de l’ordre » eux-mêmes. Sous le prétexte de défendre l’« accessibilité », l’association Mobile en Ville a organisé le 28 septembre une « journée de mobilisation citoyenne » appelée Opération Pervenches, où ont été distribués des centaines de faux-PV « pédagogiques » sur les voitures garées aux emplacements illégaux. Mais que veulent-ils, au fond, rendre « accessible » : le travail ? la consommation ? la « culture » dispensée par le pouvoir comme distraction, pour faire supporter l’humiliation quotidienne du turbin, des factures et des contrôles par les divers uniformes ? Sans même se poser cette question, ces « volontaires et bénévoles » n’hésitent pas, plus que docilement, avec entrain et dévouement, à filer la main aux flics et autres éducateurs pour apprendre la discipline et l’obéissance au reste de la population. La Mairie de Paris, bien sûr, en fait l’éloge : elle doit se frotter les mains de voir un tel zèle : des flics bénévoles partout, c’est bien le rêve pour la démocratie ! Ainsi, cette association évidemment « reconnue d’utilité publique » milite pour perfectionner l’aménagement de cette ville à l’ambiance carcérale, où tout est pensé pour assurer la bonne marche de l’exploitation. Nous préférons démolir ses infrastructures adaptées uniquement à l’oppression, pas à la vie libre, et faire la guerre à tous ceux qui veulent nous contrôler et nous domestiquer : flics, urbanistes, médiateurs, et leurs serviteurs dévoués les citoyens.
Un uniforme dans la tête
Ce contenu a été publié dans General, avec comme mot(s)-clé(s) Numéro 12. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.