Tout le monde l’aura remarqué, depuis un peu plus d’un an, Belleville est occupé par la police sous toutes ses formes (de nouvelles brigades ont même été spécialement créées). L’État a fait du quartier un laboratoire expérimental en matière de maintien de l’ordre et de répression, prenant pour prétexte diverses revendications citoyennes (contre le marché sauvage, pour répondre au sentiment d’insécurité de la dite « communauté chinoise » etc.).
Ce numéro de Lucioles est donc un numéro spécial puisqu’il n’est composé que d’un seul texte, une contre-enquête sur le processus et les rouages de cette militarisation des quartiers Belleville/Couronnes/Ménilmontant. Nous avons voulu, plus d’un an après la manifestation réactionnaire pour la sécurité du 20 juin 2010 (qui fut ponctuée d’émeutes et de lynchages racistes), aller voir de plus prés les tenants et les aboutissants de ce véritable raz-de-marée policier ; avec l’idée en tête d’exposer au grand jour quelques-uns des principaux acteurs et responsables de cette offensive sécuritaire et pacificatrice, afin que les choses soient claires et que chacun puisse savoir à qui il a à faire pour mieux s’y opposer. Avec la volonté aussi, de tracer une frontière bien nette entre d’un côté les divers vautours (associations de commerçants, citoyens zélés et coalisés, lèches-cul politiciens) et leur armada d’uniformes en tout genre, et de l’autre des individus las de supporter ce monde où fric, travail et flics riment avec misère et exploitation, contrôle et enfermement ; avec la certitude ensuite que les tentatives de pacification sociale que nous observons et que nous subissons de plein fouet, même si elles se développent dans le contexte spécifique bellevillois, se retrouvent un peu partout ailleurs, avec plus ou moins d’intensité. Comme partout ailleurs leur meilleur des mondes démocratique est lui aussi critiqué en acte de manière brûlante comme viennent de nous le rappeler avec brio les émeutes en Angleterre.
Parce que nous avons le sentiment que ni leurs flics, ni leur guerre aux pauvres accompagnée du label « mixité sociale », ni leurs caméras de surveillance, ni les divers replis communautaires et autoritaires, ni les éventuelles milices citoyennes ne suffiront à étouffer la rage qui couve, prête à éclater à tout moment.
Pour une guerre sociale qui porte en son sein la liberté pour tous, contre leur rêve macabre de sécurité pour tous. Bonne lecture…
Quelques participants de Lucioles.