Consommez écolochic ! (bande de cons)

Deux mini-éoliennes ont été installées dans le quartier, sur la toiture de la Maison de l’Air dans le parc de Belleville. De l’aveu même de ses promoteurs, l’éolien urbain est (et restera) une goutte d’eau dans la mer. Goutte d’eau qui offre à peu de frais une vitrine présentable, « renouvelable », en ces temps d’éco-citoyennisme triomphant dans un pays où la majeure partie de l’électricité produite (par les mêmes entreprises d’ailleurs) est d’origine nucléaire. Un replâtrage qui montre une fois encore qu’à chaque nouveau problème (qu’on veut bien reconnaître, ou qu’on ne peut plus cacher) correspond l’ouverture d’un juteux marché.

Peur de l’effet de serre et du réchauffement climatique aggravé par l’utilisation du charbon et du pétrole ? Heureusement que la France est experte dans l’art de l’atome, des voitures nucléairement rechargeables (Autolib) devraient bientôt être à votre disposition sur le modèle des velibs, pas de fumée, pas de feu !
Peur qu’uranium, plutonium et autre fissionnent en dehors des endroits prévus à cet effet, que les « fuites minimes », rebaptisées parfois en « anomalies » ou « écarts » (plusieurs centaines par an en France) se multiplient, d’un accident à la japonaise ? A l’heure ou ces lignes sont écrites on annonce la mise en place prochaine de circuits touristiques autour des restes de la centrale de Tchernobyl. Cet « éco-tourisme » de l’extrême est-il la dernière frontière pour quelques bourgeois nihilistes en mal de frissons ? Ou peut-être un simple avant goût des campagnes de demain…

Pas de problèmes, enfin pas trop : avec une éolienne et deux panneaux solaires sur le toit il ne vous restera plus qu’à raccorder un vélo d’appartement et une ou deux cages à hamster à votre compteur et vous devriez pouvoir continuer à passer l’aspirateur en regardant la télé pendant que téléphone portable et trottinette électrique se rechargent… Parce que la question de l’énergie est directement liée au monde de marchandises qu’on nous impose et que nous refusons trop rarement.

Avec le capitalisme vert, l’essentiel est sauvé, les usines peuvent continuer à produire des saloperies que la pub se chargera de faire acheter aux gens, l’estampillage « BIO » remplaçant dans leur prose un « made in France » passé de mode, plus dans le coup (quoique, trouvez un produit à la fois Bio et Made in France, et c’est l’orgasme citoyen assuré, des verts au FN).

Pour essayer d’entrevoir la liberté, commençons par dégager de notre horizon, mental et physique, toutes les pacotilles que les marchands y entassent, qu’elles soient made in n’importe où, bio ou pas…

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