La vie se complique encore un peu plus chaque jour. L’impression d’une spirale qui ne s’arrête pas. De misère en misère. Puis, à chaque tentative de se reprendre un peu en main, c’est l’huissier, le flic, le juge ou l’agent de la CAF qui vient te remettre les idées en place, dans le droit sens de la marche. Faut s’y faire, leur « crise » est aussi réelle qu’un mirage que l’on fait miroiter pour nous chier dans les bottes encore plus et remettre l’argent là où il est vraiment à sa place : dans les coffres cadenassés des banques, dans les poches velues des hommes et femmes aux dents blanches et aux mains rouges. Mais cessons donc de nous inquiéter, les politiciens ont enfin trouvé une solution durable à tous nos problèmes. Nous qui voulions récupérer notre liberté par nos propres moyens, nous nous fourrions le doigt dans l’œil, c’est la sécurité qu’il nous faut, pour commencer, un nouveau commissariat.
Comme les politiciens et leurs amis ne réfléchissent qu’à notre bonheur, ils ont pensé à tout pour les habitants du Nord-Est de Paris, un nouveau commissariat flambant neuf au 32, rue de l’Évangile, dans le XVIIIe arrondissement. Il est censé remplacer celui de la rue Raymond Queneau de Porte de la Chapelle, qui avait été fermé en décembre 2006. Pourquoi pas ? Ce ne sera que le milliardième du coin, une goutte d’acide en plus dans la mer bleue qu’est devenu notre quotidien. Réjouissez-vous, Guéant l’a déjà inauguré début septembre devant quelques contre-manifestants, des militants du Parti Communiste Français (PCF) qui ont enfilé leurs chaussons tout terrain et remis leurs parties de belote à plus tard, le temps d’une action coup-de-poing qui aurait fait rougir leurs barbues idoles.
Mais alors, c’est toute la foule parisienne qui s’amasse et s’émeut : mais quelles sont donc les revendications de nos petits pères du peuple national ? Sur quel sentier lumineux nous guident-il par leurs bras poilus et usés par tant de parties de pétanque à la fête de l’huma ? L’heure de l’égalité a-t-elle enfin sonné ? Allons-nous enfin pouvoir nous émanciper à travers la grandeur industrielle française ? Voyons-voir ! « Manifestation pour exiger la réouverture du commissariat de proximité de la Porte de la Chapelle ». Gloups, on s’y casserait presque une dent sur le bol de soupe au poireau. « Malgré les demandes répétées des habitants du quartier et des élus communistes, il n’a jamais rouvert », souligne Ian Brossat (élu du XVIIIe arrondissement et Président du Groupe Communiste et élus du Parti de Gauche) qui constate que « pendant ce temps-là, l’insécurité explose dans le quartier et l’ancien commissariat croule sous les ordures ».
Le peuple est enfin rassuré, les vieux ennemis partagent un peu de leur vin, les animaux domestiques se mettent à parler, les poubelles se transforment en arbres et les paralysés se lèvent de leurs chaises roulantes. Les communistes ont trouvé la solution. Cette solution, eh ben oui, c’est la police !
« Les habitants ne savent plus où déposer plainte en cas de soucis. Chaque soir, sur ce secteur du XVIIIe, il y a des problèmes avec notamment du trafic de drogue et des occupations de halls d’immeubles, mais personne pour les régler », s’indigne Ian Brossat. « Renforcer la sécurité dans les transports, c’est très bien, mais ce nouveau commissariat avec son effectif de 200 policiers ne réglera pas les problèmes quotidiens sur la voie publique près de la Porte de la Chapelle ». Une leçon pour tous.
Cela nous rappelle les sorties hautes en couleur dont nous avons déjà parlé dans d’autres numéros du bulletin des autres élus de gauche et extrême-gauche du quartier et leur course à l’échalote avec le parti de droite au pouvoir pour créer de nouvelles brigades, placer de nouvelles caméras, durcir les peines, chasser Rroms et rafler sans-papiers, aboutissant au laboratoire répressif grandeur nature qu’est devenu Belleville.
Nous ne voulons ni de la gauche du pouvoir ni de sa droite. Un bon coup de pied dans le cul des fanfarons qui prétendent qu’il est bon pour nous de laisser nos vies entre les mains des politiciens et de fermer gentiment nos gueules comme de doux esclaves sans chaînes. Et transformons les bulletins de vote en gifles vengeresses.